Discussions en santé : les Autochtones exclus malgré une demande formelle
Justin Trudeau et RoseAnne Archibald lors d'une rencontre antérieure (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
L’Assemblée des Premières Nations (APN) a formellement demandé au premier ministre Justin Trudeau de pouvoir être présente lors de sa rencontre avec les premiers ministres provinciaux pour discuter des systèmes de soins de santé au pays. Cette requête a été ignorée et a donné lieu à un engagement à les défendre en leur absence.
Un échange de lettres entre Justin Trudeau et la cheffe de l’APNCBC News, démontre qu’elle a bel et bien demandé à être présente durant la rencontre de mardi à Ottawa.
RoseAnne Archibald, obtenu parMme Archibald plaide notamment dans une lettre du 27 janvier qu’une présence autochtone est impérative
afin que les Premières Nations soient incluses en amont dans les réflexions sur les systèmes de soins de santé.
Les disparités observées par les patients autochtones ont toutes été et sont toujours exacerbées par des années de politiques inéquitables et de négligence gouvernementale
, explique-t-elle.
« En travaillant directement avec moi-même et avec les premiers ministres canadiens, votre gouvernement a l'occasion et l’obligation d'abattre ces obstacles. »
Justin Trudeau a répondu par une lettre datée du 3 février dans laquelle il contourne cette demande et s’engage plutôt à défendre l’inclusion des Autochtones dans les réflexions sur les systèmes de soins de santé ainsi qu'à faire pression sur ses homologues provinciaux à ce sujet.
La rencontre est une réunion de travail
prévue pour discuter des politiques existantes entourant les soins de santé dans les provinces et les territoires, ajoute M. Trudeau, et non une rencontre officielle entre les premiers ministres.
Frustration et déception
Nous n’avons pas besoin qu’on nous défende pendant que nous attendons à l’extérieur
, a affirmé Mme Archibald dans un communiqué publié lundi. Elle y accuse le premier ministre Justin Trudeau de s’engager de façon performative
dans la réconciliation.
Des leaders autochtones provinciaux sont également en colère devant cette situation.
L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador [APNQL] et la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador [CSSSPNQL] trouvent totalement inacceptable que les gouvernements fédéral, des provinces et des territoires n’aient pas jugé essentiel que les gouvernements des Premières Nations parlent en leur nom sur un dossier aussi prioritaire que celui de la santé
, peut-on lire dans un communiqué conjoint envoyé mardi.
Nous sommes les seuls gouvernements qui possèdent les compétences requises pour présenter les problèmes auxquels font face nos populations dans les domaines de la santé et du mieux-être, a déclaré Derek Montour, président du conseil d’administration de la CSSSPNQL
.« Comment est-il possible de parler de transferts en santé qui nous concernent en notre absence alors que nos peuples en sont affectés au premier chef? »
Cette réponse de Justin Trudeau est une insulte
, a quant à lui lancé Glen Hare, le chef régional de l’Ontario, qui représente plus de 130 Premières Nations dans cette province.
Le Ralliement national des Métis a lui aussi exprimé sa frustration et sa déception
devant cette exclusion des discussions.
Mardi après-midi, Justin Trudeau a annoncé ce que le gouvernement fédéral offre aux provinces et aux territoires dans le cadre des négociations pour augmenter les transferts en santé : 196,1 milliards sur une période de 10 ans, ce qui comprend 46,2 milliards en nouveaux financements. Cette offre est bien éloignée de ce que réclamaient les provinces et les territoires, dont plusieurs premiers ministres ont déjà exprimé leur déception.
Avec les informations de Brett Forester, CBC