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Des femmes autochtones victimes de « travailleurs blancs »

Des non-Autochtones vont dans les communautés dans le cadre de leur travail et agressent des femmes. Le constat, bien que peu documenté en matière de chiffres, a fait l’objet d’un rapport d'un comité de la Chambre des communes, qui publie 15 recommandations.

Une femme joue du tambour lors de la marche à la mémoire des femmes autochtones disparues et assassinées.

Le 4 octobre est la Journée nationale de commémoration pour les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Maggie MacPherson

Leah Gazan, députée du Nouveau Parti démocratique, n’est pas étonnée du constat du comité qui a mené ces travaux et auxquels elle a participé.

Ce n’est pas surprenant, on n’a rien appris et cette situation révèle un échec de la part du gouvernement à mettre en place de réelles mesures pour protéger les femmes autochtones et à imputer une certaine responsabilité aux entreprises qui exploitent les ressources dans les territoires autochtones, explique-t-elle en entrevue.

La députée néo-démocrate Leah Gazan se tient debout pendant la période des questions à la Chambre des communes à Ottawa, le lundi 5 décembre 2022.

La députée néo-démocrate Leah Gazan se tient debout pendant la période des questions à la Chambre des communes à Ottawa, le lundi 5 décembre 2022.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Michèle Audette, sénatrice innue et ancienne commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), indique que, depuis 2004, elle entend des histoires de racisme, de discrimination et d’agression sexuelle de la part de femmes qui travaillent dans l’industrie minière, notamment. Elles sont concierges ou encore cuisinières à la cafétéria.

Les projets d’exploitation des ressources peuvent exacerber le problème de la violence envers les femmes et filles autochtones commis[e] par des hommes non autochtones, rappelle ce rapport publié en décembre dernier par un comité de la Chambre des communes en faisant référence à l’ENFFADA.

Michèle Audette.

Michèle Audette a été commissaire de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, de 2016 à 2019. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / John Woods

Beaucoup de projets de développement dans les communautés sont menés par des entreprises dont les employés sont pour la grande majorité des non-Autochtones. Ces travailleurs vont et viennent dans des territoires reculés.

La culture dans ces endroits est misogyne et hypermasculine, et déshumanise les femmes autochtones. Les stéréotypes défavorables […], comme l’idée que les femmes autochtones sont prêtes à tout pour de l’argent ou qu’elles sont là pour être exploitées, ainsi que l’hypersexualisation des femmes et des filles autochtones, peuvent donner aux hommes l’impression que tout est permis, mentionne le rapport, témoignages à l’appui.

Un chantier de construction d'une centrale hydroélectrique.

Le projet de Keeyask est une centrale hydroélectrique de 695 mégawatts et est un partenariat englobant Manitoba Hydro et quatre Premières Nations du Manitoba, soit les nations cries de Tataskweyak et de Fox Lake, et les Premières Nations de War Lake et de York Factory. (Photo d'archives)

Photo :  Hydro- Manitoba

En effet, Martina Saunders, coordonnatrice de l’engagement communautaire pour la Première Nation crie de Fort York, au Manitoba, évoque de l’intimidation, du harcèlement et du racisme de la part de ces travailleurs.

Quinze recommandations

Pour remédier à cette situation, le comité a publié une série de recommandations, comme la formation de ces travailleurs, la modification de la Loi sur les Indiens et une meilleure représentation des femmes autochtones.

L’une des plus importantes, selon la députée Leah Gazan, est celle qui demande aux entreprises d'assumer leur part de responsabilité et de veiller à offrir une formation adéquate à leurs employés qui côtoient les femmes autochtones.

Martina Saunders, qui a aussi été vice-présidente du conseil d’administration du partenariat Keeyask Hydro Power, avec un mur coloré derrière elle.

Martina Saunders, qui a aussi été vice-présidente du conseil d’administration du partenariat Keeyask Hydro Power, a témoigné dans le cadre de la rédaction de ce rapport. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement a promis de mettre en place tous les appels à la justice; on attend donc que le gouvernement arrête de parler et qu’il agisse de manière concrète, dit-elle encore.

Quant à Michèle Audette, elle déplore que la tolérance zéro à l’encontre de certains comportements répréhensibles ne soit pas encore la norme dans ces entreprises.

Elle pense toutefois qu’aujourd’hui, leur image est en jeu et qu’elles ont tout intérêt à s’occuper sérieusement de ces problèmes.

Les minières, les entreprises forestières ne peuvent plus faire comme elles faisaient avant vis-à-vis des communautés autochtones, croit-elle.

Mais selon la sénatrice, une conscientisation des enjeux autochtones doit aussi se faire grâce à l’éducation, et ce, dès le plus jeune âge. On peut faire de la magie, conclut-elle.

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