L’APN demande le versement immédiat des 20 milliards $ aux enfants autochtones lésés
L'Assemblée des Premières Nations mène ce combat depuis 2007.
Photo : Radio-Canada / Delphine Jung
Les chefs de l'Assemblée des Premières Nations (APN) ont mis leurs différends de côté mercredi pour exiger que le Canada indemnise immédiatement les personnes discriminées par le système de protection de l'enfance.
Cette résolution, qui a été adoptée à l'unanimité, exhorte le Canada à verser les 20 milliards de dollars convenus aux enfants lésés, puis à indemniser immédiatement toutes les victimes concernées à la fois par les décisions du tribunal et par le recours collectif intenté en 2007 à ce sujet.
La décision que devait prendre l'APN
a soulevé les passions jeudi lors de l'assemblée extraordinaire des chefs, à Ottawa. Plusieurs participants y ont en effet livré des plaidoyers engagés.Deux résolutions étaient proposées, mais elles étaient contradictoires, selon les participants. Soit l'APN
soutenait l'accord final conclu avec Ottawa, soit elle acceptait la décision du Tribunal canadien des droits de la personne.Rappelons qu'après un long combat juridique, l’APN
était parvenue à un accord avec le gouvernement canadien qui prévoyait 20 milliards de dollars pour améliorer le système de protection de l’enfance dans les communautés et une autre somme de 20 milliards pour indemniser les enfants qui ont été retirés de leur foyer.En octobre dernier, le Tribunal canadien des droits de la personne a rejeté cette entente, ce qui a plongé des dizaines de milliers de familles dans l’incertitude.
Il a alors dit estimer que cet accord ne répondait pas aux critères requis puisqu’il excluait certains enfants et ne garantissait pas l'indemnisation de 40 000 $ par enfant et par personne.
Finalement, Murray Sinclair, sénateur à la retraite et ancien président de la Commission de vérité et réconciliation, a accepté d'aider à combiner les deux résolutions contradictoires.
Le débat a ainsi pu reprendre en fin de journée.
Carolyn Buffalo, une des principales plaignantes à l'origine de ce dossier, a exhorté les parties à laisser la politique de côté.
« Il ne s'agit pas de l'un d'entre nous. Il ne s'agit pas d'une personne en particulier. Il ne s'agit pas d'une organisation. Il s'agit des enfants et de leurs familles. »
Elle s'opposait à Cindy Blackstock, directrice générale de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, à l'origine de la plainte qui a mené à cette entente.
Il y a quelques mois, elle estimait déjà que cette entente finale ne répondait pas aux normes fixées par le tribunal, sur lesquelles l’entente était pourtant fondée.
Elle avait précisé que cet accord refus[ait] ou offr[ait] une compensation moindre à certaines victimes qui ont vécu la pire forme de discrimination et cré[ait] une grande incertitude pour d’autres victimes
.
Jeudi, elle a répété que certaines victimes se sont senties exclues
.
« La justice reportée est une justice reniée. »
Cindy Woodhouse, la cheffe régionale du Manitoba qui est responsable de ce dossier, a expliqué qu'il faut d’abord penser aux enfants. C’est un moment important dans notre chemin vers l’autodétermination
.
Nous avons déjà attendu trop longtemps. Nos enfants nous regardent
, a-t-elle insisté.