Place aux femmes à l’École des dirigeants des Premières Nations

Nadia Robertson est conseillère à Gespeg et Monik Kistabish est la cheffe de Pikogan.
Photo : Radio-Canada / Gabrielle Paul
À l’aube de son premier anniversaire, l’École des dirigeants des Premières Nations accueille sa première cohorte entièrement composée de femmes. Dans le cadre d’un programme d’une semaine tenu en novembre, ces femmes, venues de diverses communautés et occupant différentes fonctions, peuvent s’outiller pour être des leaders dans leurs milieux.
La directrice de l’École des dirigeants des Premières Nations, Manon Jeannotte, se réjouit de cette première formation offerte aux femmes autochtones.
Quand on a créé l’école, on a regardé tous les besoins qu’on avait et le leadership des femmes a été identifié dès le départ
, affirme-t-elle.
C’est un besoin ressenti par les femmes de pouvoir être formées et de se retrouver entre elles pour pouvoir réseauter, poursuit-elle. Il y a des femmes qui veulent accéder à des postes de direction, à des postes en politique et c’est de leur donner des outils pour y arriver.
Ce programme entièrement féminin diffère des autres programmes offerts aux élus et aux entrepreneurs autochtones, souligne Mme Jeannotte.
Les autres programmes se donnent sous forme de modules répartis sur quelques mois, alors que celui-ci est une retraite intensive d’une semaine.
Lors de cette semaine, les participantes peuvent apprendre à mieux se connaître et à prendre leur place, parce que pour accéder à un poste il faut être capable de se vendre et de raconter une histoire, explique la directrice.
Par ailleurs, le programme est ouvert à toute femme qui aspire à être leader.
Dans les autres programmes, il faut déjà occuper un poste en politique ou en affaires, mais ici, on est là pour outiller les femmes vers leur leadership
, dit Manon Jeannotte.
Le leadership féminin comme espace de guérison
Certaines femmes politiques participent tout de même à ce programme d’une semaine.
Pour Nadia Robertson, conseillère à la Nation Micmac de Gespeg, et Monik Kistabish, cheffe de la Première Nation des Abitibiwini de Pikogan, ce programme est avant tout un moyen pour se retrouver entre femmes leaders.
Être entourée de femmes, c'est un ressourcement, dit Mme Robertson. Il n’y a pas assez de regroupements comme ça pour les femmes élues.
Les deux élues se sont d’ailleurs rencontrées lors de la première cohorte mixte de l’École des dirigeants des Premières Nations.
Ça nous permet de venir chercher des outils et prendre le temps de se former, dit la cheffe Kistabish. Quand on est en conseil, tout va vite.
Selon les deux élues, en plus du réseautage, le programme permet aux femmes de prendre conscience de l’importance de leur place en tant que leaders.
Beaucoup de femmes sont nouvelles en politique. Voir de plus en plus de femmes cheffes, on se dit qu’on est rendus à un stade ou la guérison est importante, estime Nadia Robertson. La présence des femmes permet de nous soigner.
Les femmes ont fait de la politique différemment, avec plus de cœur, de guérison, renchérit Monik Kistabish. Mais il faut qu’il y ait autant d’hommes que de femmes.
Aussi participante au programme, Theresa Chemaganish, première femme cheffe de la communauté naskapie de Kawawachikamach, souhaite elle aussi que les femmes autochtones amènent davantage leur couleur en politique ou en gestion.
En tant que femmes, nous avons l’habitude de gérer plusieurs choses en même temps
, dit-elle en riant.
Comme le monde politique est surtout masculin, la cheffe Chemaganish se réjouit de pouvoir se retrouver avec d’autres femmes vivant la même réalité qu'elle.
C’est une force de pouvoir être ensemble
, croit-elle.
Préparer la relève
Étant ouvert à toutes, le programme pour les femmes leaders accueille aussi la relève.
Dans ce premier programme pour les femmes, la relève est incarnée par Cayley Simon, originaire de la communauté mohawk de Kanesatake.
Âgée de 19 ans, elle aspire à faire des études en travail social et à devenir un exemple pour les autres jeunes de sa communauté.
Je veux apprendre à être un leader authentique et efficace
, dit-elle.
Dans ma communauté, j’observe beaucoup de négativité et de toxicité dans le leadership et je ne veux pas répéter ça, raconte-t-elle. Les jeunes n’ont pas beaucoup de modèles positifs et c’est ce que je veux être.
Le programme de l’École des dirigeants des Premières Nations est pour elle une occasion d’apprentissage importante.
Avec toutes ces femmes autochtones, j’apprends tellement et je réalise beaucoup de choses, dit-elle. Je veux ramener ce que j’ai appris dans ma communauté.
Pour Nadia Robertson et Monik Kistabish, la présence de Cayley au programme est synonyme d’espoir.
Avoir eu la chance d’avoir un programme comme ça à son âge, je me demande quelle femme je serais aujourd’hui
, dit Mme Kistabish.
Je suis contente pour les jeunes qui peuvent profiter plus tôt de ce genre de choses et avoir accès à des formations comme ça
, ajoute-t-elle.
Cayley est très chère à mon cœur, affirme Mme Robertson. Voir cette jeune assise avec nous et participer activement, ça me donne de l’espoir.