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« Je marche pour qu’on nous reconnaisse le droit d’exister »

Une femme de dos tient une pancarte.

Les militants demandent à ce que des actions concrètes soient prises par les gouvernements.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Les robes rouges flottent mardi soir au square Cabot à Montréal. Comme tous les 4 octobre, elles habillent les arbres du parc pour honorer la mémoire des femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues.

Une petite foule d’une centaine de personnes est là, bougies en main, pour cette veillée organisée par le Foyer pour femmes autochtones. La militante mohawk Ellen Gabriel tient le micro.

Depuis de nombreuses années, elle est de tous les combats pour les droits de ses frères et ses sœurs. Elle clame sa colère et tente d’insuffler du courage à toutes celles et tous ceux qui cherchent l’une des leurs ou qui l’ont perdue. Au Canada, le nombre de femmes autochtones disparues ou assassinées s’élèverait à plus de 1000.

Des pancartes de femmes disparues ou assassinées.

Plus de 1000 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au Canada.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Chaque femme autochtone qui est ici ce soir s’est un jour sentie en danger, lance ensuite Sarah Carrière, une Inuk du Nunavut. Le cou drapé dans son écharpe rouge elle prononce un discours en anglais et en français.

Femmes autochtones disparues et assassinées

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Quatre personnes se serrent dans les bras en portant la photo d'une femme.

Les musiciens du groupe Travelling spirit ont pris ensuite le relais. Leur voix s’élève dans la ville alors que le soleil commence à décliner. Devant eux, une Inuk danse les yeux fermés. Elle ne voudra pas dire son nom, mais elle dit qu’elle est là pour ses sœurs.

Une femme parle au micro.

Ellen Gabriel a tenu un discours au square Cabot pour la journée du 4 octobre.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Près d’elle, le militant mohawk Kevin Deer a ôté sa coiffe traditionnelle. C’est lui qui a ouvert la cérémonie. En entrevue, il explique avoir voulu donner une portée spirituelle au rassemblement.

Toute chose a un esprit. Les arbres, les animaux et les humains. Avant, les gens respectaient cela. Ce n’est plus le cas, autrement, toutes ces femmes ne seraient pas mortes, dit-il.

Tous ceux qui prennent la parole ont un message à porter : exiger des gouvernements une vraie prise en considération de leurs demandes, à savoir mettre en place les recommandations faites à la suite de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA).

Ce qui est fait, ce n’est pas assez. Tout le monde doit comprendre les conséquences du colonialisme, mais les gens ne veulent pas connaître la vérité, assure Kevin Deer.

Des gens tiennent des pancartes.

Des allochtones étaient aussi au rendez-vous.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Nakuset, la directrice du Foyer pour femmes est aussi là avec l’un ses fils. Emmitouflée dans son poncho rouge, elle ferme le cortège qui quitte doucement le square Cabot pour se diriger vers le square Phillips, juste en face du magasin de La Baie d’Hudson.

Elle estime que les gouvernements financent certaines initiatives, mais à court terme. Il faut faire des choses plus concrètes pour mettre en action les recommandations. Il faut aussi que le gouvernement québécois reconnaisse le racisme systémique, dit-elle.

À l’avant, Sarah Carrière mène la cinquantaine de personnes qui sont encore là, micro en main. Elle crie : no justice, no peace [pas de justice, pas de paix], no pride in genocide [pas de fierté dans le génocide].

Vous ne vous débarrasserez pas de l’Autochtone qui est en moi, ajoute-t-elle en français, tandis que la foule reprend en cœur le slogan.

Une robe rouge accrochée à un arbre.

Des robes rouges ont été accrochées aux arbres du square Cabot à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Parmi elles, Nathanaël, une jeune innue de 27 ans. Elle raconte qu’elle vient ici chaque année pour demander au gouvernement d’abolir la Loi sur les Indiens et de reconnaître leur droit à l’autodétermination.

Le long de la rue Sainte-Catherine, certains badauds filment le cortège et s’ajoutent parfois aux militants.

Sarah Carrière ressent ce besoin de se retrouver pour surmonter tous les deuils qui touchent ses communautés. Cette journée n’est pas moins importante que celle du 30 septembre [Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, NDLR]. Si on ne se rassemble plus, on n’arrivera jamais à guérir, lance-t-elle.

À l’arrière de la voiture qui ouvre la marche, plusieurs personnes tiennent un bouquet de sauge allumé en main. D’autres brandissent des pancartes avec un slogan : Plus aucune sœur volée.

Je continuerai de marcher pour mes sœurs, pour les générations futures et pour qu’on nous reconnaisse le droit d’exister, tout simplement, termine Sarah Carrière.

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