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Identité autochtone : l’Université Queen’s devrait s’excuser, selon un rapport

À l'avant-plan, l'affiche de l'université et un arbre aux couleurs automnales.

L'édifice John Deutch, situé sur le campus de l'Université Queen's à Kingston

Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin

Radio-Canada

Un rapport sur la gestion des questions d’identité autochtone par l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario, invite l’institution à présenter des excuses et recommande que l'établissement universitaire vérifie et confirme l'identité des employés qui se désignent comme autochtones.

Le rapport de 32 pages du First Peoples Group, une firme-conseil autochtone, a été rendu public vendredi. Il avait été commandé l'an dernier après des plaintes anonymes au sujet de six employés qui se désignaient faussement comme des Autochtones.

Le rapport contient sept recommandations, y compris la création d’un département d’études autochtones au sein de l’Université. Il suggère également que seules les candidatures de personnes autochtones qualifiées qui ont une expérience de vie autochtone devraient être retenues afin de pourvoir les postes d’enseignement destinés aux Autochtones.

Il désavoue également la Première Nation d’Ardoch, une communauté controversée avec laquelle l’Université entretenait d'étroites relations, et explique que leur collaboration bizarre est la raison d’être du rapport.

Trois des personnes nommées dans les dénonciations anonymes sont membres de la Première Nation Ardoch, une communauté non inscrite de l’Est de l’Ontario.

L’Université Queen’s avait d’abord défendu ces personnes avant de se rétracter après qu’environ 100 chercheurs et leaders autochtones de partout en Amérique du Nord eurent demandé dans une lettre ouverte à ce que l’institution prenne ces allégations au sérieux.

« Ardoch n’est pas une Première Nation, malgré ses prétentions. »

— Une citation de  La firme-conseil autochtone First Peoples Group dans son rapport

Toujours selon ce rapport, cette communauté est tout simplement une organisation autochtone urbaine et ne peut pas s'attribuer d’identité autochtone.

Cet avis rejoint les propos de Wendy Jocko, chef de la nation algonquine de Pikwakanagan, selon qui la communauté Ardoch n’est pas une Première Nation puisqu'elle est composée d'individus qui ne remplissent aucun des critères établis pour appartenir à la nation algonquine.

La direction accepte les conclusions du rapport

Le directeur de l’Université, Patrick Deane, a confirmé vendredi dans une déclaration qu'il acceptait les recommandations du rapport, qu'il considère comme un point de départ.

Dans l’immédiat, notre réponse consistera à créer un conseil de surveillance autochtone afin que l’Université puisse être conseillée sur les questions de représentation et de citoyenneté, a-t-il indiqué.

Patrick Deane confirme que les membres du conseil seront originaires des terres sur lesquelles l’Université Queen’s a été établie et vont permettre à l’Université d’avoir une approche plus exhaustive en ce qui concerne l’identité autochtone.

Les Mohawks de la baie de Quinte, la Première Nation d’Alderville, les Algonquins de Pikwakanagan et la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg font partie du nombre.

Le suivi des recommandations commencera par la formation du conseil de surveillance, ce qui prendra un peu de temps, prévient Janice Hill, vice-présidente aux initiatives autochtones et à la réconciliation de l’Université.

Certaines recommandations sont très complexes alors que d’autres seront plus faciles à mettre en œuvre. Nous allons être en mesure de déterminer celles qui pourront être appliquées en premier lieu grâce au conseil, a confié Janice Hill à l'émission de radio Ontario Morning.

Dans une déclaration, le chancelier de l’Université Queen’s, Murray Sinclair, affirme que ce conseil représentera une étape additionnelle vers un processus de confirmation de l’identité autochtone qui ne sera pas fondé sur l’auto-identification, qu'il juge insuffisant pour créer une communauté sûre, respectueuse et inclusive à l’Université.

Le sénateur indépendant Murray Sinclair en gros plan.

Le sénateur retraité Murray Sinclair remet en doute l'auto-identification autochtone.

Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand

Ce sénateur retraité et ancien président de la Commission de vérité et de réconciliation a ajouté que les changements ne devraient pas se réduire à l’embauche et devraient aussi inclure l’enseignement des savoirs, des traditions et des cultures autochtones.

En entrevue lors de cette émission sur les ondes de CBC, Murray Sinclair a confié qu’il est juste d’être critiqué pour les lacunes en matière de procédures d’auto-identification, mais il a tenu à rappeler que presque tout au long de l’histoire du Canada, le fait de se proclamer comme un Autochtone était vu comme quelque chose de péjoratif.

« Il en résultait un traitement inégal et péjoratif. Ce n’est que depuis récemment que les gens se réclament activement et publiquement de l’identité autochtone. »

— Une citation de  Murray Sinclair, chancelier de l'Université Queen's

La seule chose à laquelle il faut faire attention, c'est que certaines personnes puissent tirer avantage de cette situation et profitent de la volonté des institutions et des organisations de se fier uniquement à ces déclarations., a-t-il tranché.

L'épineuse question de l'identification autochtone

Le rapport du First Peoples Group souligne que des Autochtones ont confié être profondément déçus, blessés et insultés en apprenant que des employés s'étaient approprié l'identité autochtone, ajoutant que plusieurs sont embarrassés d’être associés à l'Université Queen’s.

De concert avec les Premières Nations qui partagent le territoire sur lequel est érigée l’Université, il a été établi que la première recommandation soit que l’Université Queen’s s’excuse et organise des cérémonies de guérison.

Le rapport suggère également d’embaucher quatre enseignants autochtones, un de l’est, un du sud, un de l’ouest et un du nord.

Ses auteurs recommandent à l’Université de créer un système de vérification et de confirmation de l’identité. L'institution pourrait par exemple exiger une carte de citoyenneté ou de membre, en plus d’une lettre de recommandation professionnelle et d'attestations provenant de membres de la famille et d’un leader élu inuk, métis ou d’une Première Nation.

Des étudiants attendent de traverser l'avenue University sur le campus.

Le campus de l'Université Queen's à Kingston.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin

Les personnes qui ne peuvent pas remplir ces critères pourraient soumettre une histoire écrite et des photos faisant référence à des proches. Toujours selon le rapport, ces affirmations prendraient la forme d’uns déclaration assermentée dont découlerait une enquête. Si des éléments se révélaient faux, le contrat d’embauche deviendrait invalide.

« En tant qu’institution coloniale, Queen’s n’a pas l’autorité ni le droit de déterminer qui est autochtone. Cela doit être un processus amorcé par des Autochtones. »

— Une citation de  Janice Hill, vice-présidente aux initiatives autochtones et à la réconciliation de l’Université Queen's

Murray Sinclair a par ailleurs rappelé que le système des pensionnats pour Autochtones a brisé les liens qu’avaient de nombreux Autochtones avec leur culture, ce qui explique partiellement pourquoi il est si difficile pour certaines personnes d’établir concrètement leur appartenance à une certaine communauté.

Le rapport recommande que les employés qui ne se soumettent pas à ces nouveaux critères soient mutés ou, dans certains cas, congédiés.

Nous recevons de forts échos selon lesquels les personnes dont les déclarations d’identité ne sont pas prouvées ou ne peuvent pas être prouvées devraient être retirées de postes d’influence dans n’importe quel cours ou programme autochtone ou relié à ce champ d’études, indique le rapport.

Même si ce qui doit être fait n’est pas encore clair, il est évident que quelque chose doit être fait, concluent les auteurs.

D'après un texte de CBC, avec les informations de Michelle Allan, d'Amanda Pfeffer, de Nicole Williams et de l'émission Ontario Morning

Espaces autochtones

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