Ottawa nomme une interlocutrice à la protection des sépultures près d’anciens pensionnats

Les membres de la Première Nation Tk'emlúps te Secwépemc ont souligné le premier anniversaire de la découverte d'environ 215 sépultures anonymes près de l'ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Le gouvernement fédéral a procédé à la nomination mercredi de Kimberly Murray à titre d’interlocutrice spéciale indépendante pour les enfants disparus et les sépultures anonymes en lien avec les pensionnats pour Autochtones.
En tant qu'interlocutrice spéciale, elle devra travailler avec les survivants des pensionnats et les communautés afin de recommander un cadre juridique à Ottawa pour le traitement respectueux et adapté à la culture des tombes et des sépultures anonymes sur les sites d’anciens pensionnats
, apprend-on dans un communiqué.
Ces travaux se dérouleront de manière indépendante, impartiale, non partisane et transparente
, est-il précisé.
L'interlocutrice spéciale ouvrira la porte à l'important changement systémique, institutionnel et juridique nécessaire pour protéger les sites de sépultures non marqués
, a affirmé, en conférence de presse, le ministre des Relations Couronne-Autochtones Marc Miller.
Elle sera une personne-ressource afin de créer un lien de confiance entre les communautés, les familles et les gouvernements, a-t-il ajouté. C'est un processus qui demandera du temps, mais qui est absolument nécessaire à la réconciliation et la guérison.
Si nous souhaitons appuyer les Premières Nations, les Inuit et les Métis dans leur deuil, nous avons besoin d'outils juridiques adaptés à ces questions difficiles
, a dit, pour sa part, le ministre de la Justice David Lametti.
Le travail de Mme Murray pourra nous indiquer comment bien protéger les lieux de sépultures et s'il y a des lacunes dans les processus d'enquête, a expliqué M. Lametti. Elle pourra nous faire des suggestions afin de promulguer des lois en ce sens.
Je pense que mon rôle sera notamment de rassembler les gens, les institutions et les organisations pour obtenir vérité et justice, a affirmé Kimberly Murray. Je vais être à l'écoute des communautés et de leurs besoins et chacune d'entre elles aura son propre chemin vers la guérison.
Il est prévu que Mme Murray produise un rapport provisoire sur l'avancement des travaux dans un an et un rapport final dans deux ans. Un budget de 10,4 millions de dollars sera alloué pour la réalisation des travaux de l'interlocutrice spéciale.
Mme Murray, qui est originaire de Kanesatake, au Québec, entrera en poste le 14 juin.
Détentrice de diplômes en droit et en science politique, elle a été directrice générale de la Commission de vérité et réconciliation entre 2010 et 2015. Elle a aussi été la première sous-procureure générale adjointe de la Division de la justice pour les Autochtones de l’Ontario.
La création de ce poste avait été annoncée par les ministres Miller et Lametti en août 2021.
À ce même moment, 320 millions de dollars sur trois ans avaient été prévus afin de soutenir la recherche de tombes anonymes ainsi qu'à la démolition et à la reconstruction de sites d'anciens pensionnats.
Une enquête criminelle toujours nécessaire, selon l'APN
À l'Assemblée des Premières Nations (APN), bien que la nomination de Kimberly Murray soit accueillie positivement, on réclame toujours la tenue d'une enquête indépendante sur les crimes ayant été commis dans les pensionnats.
Les responsables de ces crimes doivent répondre de leurs actes
, écrit l'organisation dans un communiqué.
La vérité est requise avant la réconciliation, poursuit le communiqué. La tenue d'une enquête impartiale sur les violations des droits des Premières Nations est nécessaire pour ouvrir la voie à une véritable justice.
En conférence de presse, David Lametti n'a pas fermé la porte à la tenue potentielle d'enquêtes criminelles.
Les communautés et les dirigeants autochtones nous ont souvent partagé qu'il devrait y avoir plus d'enquêtes sur les crimes commis, a-t-il dit. Ce n'est pas mon rôle de déclencher de telles enquêtes, mais Kimberly [Murray] aura à se pencher sur comment améliorer le système.
En avril dernier, la cheffe de l'APN, RoseAnne Archibald, avait réclamé que l'Organisation des Nations unies (ONU) mène une enquête sur le possible rôle du Canada dans les violations des droits de la personne liées aux pensionnats.
Le rapporteur spécial de l'ONU Francisco Cali Tzay a finalement annoncé qu'il viendrait au Canada, mais qu'il n'aurait pas pour mandat d'enquêter sur les pensionnats.
En tant qu'interlocutrice spéciale, je ne peux pas interférer dans d'autres processus qui pourraient être déclenchés, a souligné Kimberly Murray. Je compte par contre collaborer avec les organisations et les enquêtes qui pourront être tenues et je suis très favorable à l'implication de l'ONU.