Le pape pourrait faire trois arrêts au Canada pour rencontrer les Autochtones

Celles-ci affirment que le voyage du pape François sera financé par l'Église catholique canadienne et par des fonds fédéraux. Des discussions sont actuellement en cours entre les parties impliquées et même le choix des villes pourrait évoluer.

Le pape François avait annoncé cette visite le 1^er avril dernier lors de réunions avec des délégués autochtones du Canada au Vatican. Il s'était alors excusé pour les gestes commis par certains membres de l'Église catholique romaine dans les pensionnats pour Autochtones du Canada. Les détails à propos de cette visite officielle n'avaient pas été communiqués à ce moment-là.

Les délégués présents à Rome en avril s'attendent à ce que le pape présente des excuses complètes en sol canadien pour le rôle de l'Église dans la gestion des pensionnats, ce qui répondrait à un appel clé de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

La présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, se félicite de cette nouvelle.

« Il s'excusera, présentera, espérons-le, des excuses un peu plus fortes […] qui iront un peu plus loin et qui reconnaîtront le rôle de l'Église catholique dans les pensionnats, pas seulement le rôle des individus. »

La présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, sur la place Saint-Pierre lors de la visite d'une délégation autochtone au Vatican en 2022.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Si le pape se rend à Edmonton, Mme Caron espère qu'il profitera de l'occasion pour visiter le site de pèlerinage de Lac-Sainte-Anne, désigné lieu historique national du Canada.

C'est un site spécial, a-t-elle déclaré, un site spirituel, un site de guérison pour les Métis.

À Rome, au début du mois, le pape François avait dit qu'il voulait assister au pèlerinage annuel à Lac-Sainte-Anne, qui aura lieu du 25 au 28 juillet l'été prochain. Cette année, je voudrais être avec vous ces jours-là, avait déclaré le Saint-Père en italien lors de son allocution finale aux délégués autochtones.

Annonce attendue

La venue du pape à Iqaluit ferait suite à l'invitation du président de l'Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed, qui a été mandaté par les dirigeants inuit pour inviter le pape François dans la capitale du Nunavut.

« Compte tenu du fait que l'Église catholique a une empreinte dans l'Arctique canadien depuis plus de 100 ans, nous avons estimé qu'il était très important pour le pape de voir notre territoire. »

Cette visite a pour but de faire comprendre au pape non seulement les spécificités inuit dans le contexte autochtone plus large de la présence de l'Église catholique mais aussi le rôle qu'elle a joué dans la gestion des pensionnats, selon M. Obed.

Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente environ 65 000 Inuit

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

M. Obed a indiqué que son organisation était impliquée dans la visite papale tout en précisant que son rôle est d'être utile plutôt que dirigiste relativement à ce qui doit être fait ou pas.

Dans une déclaration à CBC News, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a déclaré qu'elle consultait les organisations autochtones nationales au sujet de dates et de lieux, qui restent à déterminer. Les discussions se poursuivent également en ce qui concerne le programme de la visite du pape.

Le Vatican aura le dernier mot et une annonce officielle sera faite au cours des prochaines semaines.

« C'est important qu'on nous rassure que cela va bien se passer. »

En entrevue à Radio-Canada, la sénatrice innue Michèle Audette a souligné que la plupart des gens qui ont subi la période des pensionnats sont âgés et en train de nous quitter.

Michèle Audette

Photo : Radio-Canada / Alexandre Milette-Gagnon

Mme Audette a rappelé que ces excuses du pape et du Vatican ont été attendues pendant des décennies et qu'il ne s'agit que d'un chapitre sur la voie de la réconciliation. Elle aimerait que cela soit suivi d'une reconnaissance des droits des peuples autochtones, de mesures de réparation et de l'abandon de la doctrine de la découverte (terra nullius, terres vacantes) qui a permis d'éliminer les droits autochtones pendant la colonisation européenne.

Diplomatie et ennuis de santé

Le pape François a reçu plusieurs invitations de la part de dirigeants autochtones, notamment de chefs du Manitoba et de la Colombie-Britannique.

Toutefois, puisque le souverain pontife âgé de 85 ans souffre de certaines limitations liées à sa santé, des points centraux seront sélectionnés pour représenter le nord, l'ouest et l'est du Canada. Certains lieux jugés un peu trop symboliques d'un point de vue politique auraient aussi été écartés. Par conséquent, l'itinéraire papal pourrait en décevoir certains.

Selon Natan Obed, les peuples autochtones ne devraient pas assumer la responsabilité du déroulement du voyage ou devenir des arbitres entre les communautés qui pourront accueillir le pape et celles qui ne le pourront pas.

Le pape François monte à bord de l'avion pour une visite en Irak en 2021.

Photo : afp via getty images / Andreas Solaro

Cette visite papale devrait être beaucoup plus courte que le voyage de 12 jours du pape Jean-Paul II à travers le pays en 1984. Le pape François souffre en effet d'une sciatique, qui lui cause des douleurs au bas du dos jusque dans les jambes. Il marche avec une claudication prononcée et a de la difficulté à utiliser des escaliers. L'accessibilité est donc un facteur clé pour tout endroit qu'il visite.

En outre, les visites papales prennent généralement au moins un an à planifier, de sorte que les décisions au sujet de sa visite au Canada se sont déroulées dans un délai beaucoup plus court. Il est aussi prévu qu'il se rende sur le continent africain au début de juillet.

Les évêques canadiens sont reconnaissants que le pape François ait accepté leur invitation à visiter le Canada pour un pèlerinage de guérison et de réconciliation, a écrit la CECC dans une déclaration à CBC.

Étant donné l'âge avancé du Saint-Père et son désir de visites simples et modestes, on peut s'attendre à ce que la visite canadienne reflète cette réalité tant dans la durée du pèlerinage que dans la géographie d'une telle visite, compte tenu de la taille du Canada. Nous prévoyons que la visite au Canada sera très différente de celles du passé.

D'après un texte d'Olivia Stefanovich, CBC, ainsi que les informations de Marie-Laure Josselin et de Colin Côté-Paulette