Les femmes autochtones, grandes absentes du budget Freeland

La vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland
Photo : (Justin Tang/Canadian Press)
Les mesures concernant les femmes autochtones brillent par leur absence dans le budget fédéral dévoilé jeudi. Dans ce second budget de Chrystia Freeland, il est seulement question d’un montant déjà annoncé en 2021, soit 2,2 milliards de dollars sur cinq ans afin de répondre aux recommandations de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA).
L'an dernier, 2,2 milliards de dollars, c'était historique, souligne la sénatrice et ancienne commissaire de l'ENFFADA Michèle Audette. Mais cette année, on se retrouve avec le même message.
Mme Audette compte d'ailleurs réclamer des précisions et des explications au Cabinet au cours des prochaines semaines.
J'ai hâte de voir comment ils décortiquent et investissent ce montant, dit-elle. Je veux que le gouvernement développe des stratégies qui émanent de ce que les femmes ont exposé pendant l'enquête.
Il doit avoir un espace de reddition de compte qui soit mis en place par rapport à l'ENFFADA pour faire la vigie et le suivi de tout ça
, ajoute-t-elle.
Pour Michèle Audette, ces 2,2 milliards demeurent par ailleurs insuffisants
et représentent un début
pour mettre fin à la tragédie des femmes autochtones disparues et assassinées.
La présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Marjolaine Étienne, abonde dans le même sens.
Est-ce que 2,2 milliards de dollars c'est suffisant pour mettre en place le plan d'action fédéral présenté l'an dernier? se questionne-t-elle. Comment est-ce que le gouvernement compte investir cet argent? Quand on annonce un montant, il faut s'assurer que ça réponde aux besoins réels.
Somme toute, Mme Étienne accueille positivement le budget fédéral.
C'est appréciable, affirme-t-elle. Les montants annoncés pour les enfants et tout ce qui concerne les pensionnats sont très positifs.
Dans un communiqué, la directrice générale de l’Association canadienne des femmes autochtones (AFAC), Lynne Groulx, salue les efforts sincères
d’Ottawa.
Nous sommes également heureux de constater que davantage d’argent a été mis de côté pour les infrastructures dans les réserves et pour aider les Premières Nations à localiser les lieux de sépulture d’anciens pensionnats
, écrit-elle.
[Le budget] ne parvient pas à mettre fin à la tragédie des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées
, déplore cependant Mme Groulx.
Nous aurions aimé voir des fonds supplémentaires pour mettre fin à la violence et au génocide dont il est question dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées
, conclut-elle.
Des fonds insuffisants
Également par voie de communiqué, l'Assemblée des Premières Nations (APN) estime que le budget ne répond pas aux besoins urgents et à long terme identifiés par les Premières Nations
et n'offre pas de réelles mesures pour assurer le partage de la richesse tirée de la terre et des ressources du Canada
.
Je suis heureuse de voir des investissements dans le logement et les services à l'enfance et à la famille, en particulier pour soutenir la pleine application du principe de Jordan, mais les investissements globaux sont insuffisants
, écrit la chef de l'APN RoseAnne Archibald.
L'APN considère par ailleurs que les investissements prévus en logement ne pourront pas répondre aux besoins réels des communautés. Selon l'organisation, 44 milliards de dollars sur 10 ans seraient nécessaires pour mettre fin à la crise du logement dans les Premières Nations.
Les 2,4 milliards de dollars sur 5 ans pour le logement des Premières Nations dans les réserves sont bien en deçà des besoins bien documentés de l'APN
, peut-on lire dans le communiqué.
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