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Chronique

La signification de la baleine bleue sur mon tambour

Une image de baleine bleue.

Notre chroniqueuse Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo s'identifie beaucoup à la baleine bleue qu'elle affiche sur son tambour.

Photo : Radio-Canada / Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo

Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo

Aujourd’hui, j’aimerais parler de santé et de bien-être. Des concepts qui semblent s’éloigner parfois. Surtout lorsqu’on ouvre nos téléphones et que la bourrasque médiatique nous lance nouvelle déprimante après nouvelle déprimante.

On met tellement de notre énergie à être heureux qu’on oublie parfois de l’être réellement et de s’arrêter un instant. Surtout avec les temps qui apportent beaucoup d’anxiété en ce moment.

Personnellement, ces derniers mois, j’ai eu l’impression que ça faisait une éternité que je retenais mon souffle et que je tendais tout mon corps pour amortir les grosses vagues qui nous attaquaient de plein fouet.

Toute cette énergie dépensée à vouloir me protéger m’a vidée complètement, et, un jour, je n’étais pas prête pour la prochaine vague et j’ai été engloutie. Un sentiment de culpabilité m’a envahie pour n’avoir pas eu la force de tenir le coup cette fois. La seule chose que je pouvais faire, c’était de rester au fond de l’eau en espérant que la tempête à la surface passe.

Lorsque j’ai fait le premier pas vers la reconnexion de ma culture et la communauté diversifiée autochtone de Montréal, c’était lors de la marche de la Fierté en 2019. Je marchais avec un groupe de personnes bispirituelles.

La bispiritualité (two-spirit en anglais) est la traduction du terme anishinaabemowin niizh manidoowag, qui renvoie aux personnes s’identifiant comme ayant un esprit masculin et un esprit féminin. Le terme bispirituel  est utilisé par certaines personnes autochtones pour décrire leur identité sexuelle, spirituelle et de genre (source : Encyclopédie canadienne).

J’ai rencontré quelqu’un ce jour-là qui a partagé avec moi quelque chose qui me marque et me guide encore aujourd’hui. Cette personne m’a mentionné qu’elle voyait dans ma personne une connexion avec la baleine bleue.

N’ayant pas été élevée au sein de ma culture, je tente encore de trouver ce lien avec la spiritualité liée aux enseignements de mes ancêtres. Je partage les valeurs de respect, de partage et d’amour comme bien d’autres personnes autochtones. Or, il m’est difficile de laisser tomber les systèmes de défense que j’ai passé tant d’années à établir.

Ces systèmes m’empêchent parfois de complètement me laisser aller.

Une chose intéressante avec la baleine bleue, c’est qu’elle vit sous l’eau et remonte à la surface pour se ressourcer. Elle voyage aussi habituellement seule ou avec une autre baleine. C’est à cela que ma connaissance générale se limite sur le sujet. Mais dès que cette personne à la marche de la Fierté l’a mentionné, j’ai eu l’impression qu’elle me rappelait une amie d’enfance que j’avais oubliée. J’ai tout de suite senti cette connexion avec cet animal.

Dans ma dernière chronique, j’ai parlé du bien que la religion a pu m’apporter et du dilemme que je vivais avec la responsabilité de l’Église sur nos traumas. J’aimerais renforcer alors l’importance de la spiritualité pour notre bien-être. J’ai vu des personnes entreprendre des chemins de guérison à travers la réappropriation de leur culture, notamment avec la danse des pow-wow.

De mon côté, ce fut par le tambour et le chant. Mais ces derniers mois, j’étais tellement concentrée à ne pas lâcher que mes mains étaient trop pleines pour prendre mon tambour à main et chanter.

Lorsque j’étais au fond de l’eau alors, j’ai enfin commencé à lâcher prise. Les vagues n’étaient jamais en fait contre moi. J’ai donc commencé à me laisser aller par le courant au lieu de lutter et de me laisser écraser par le poids de l’eau. J’ai commencé à remonter à la surface.

Aujourd’hui, ma santé va beaucoup mieux, maintenant que j’ai appris à lâcher prise et à profiter pleinement du monde qui m’entoure. Je m’ouvre aux gens autour de moi et, aujourd’hui, je me suis ouverte à vous.

La baleine bleue m’a guidée vers ma guérison et je peux enfin brûler ma sauge et purifier mon environnement sans me sentir coupable de le faire. Surtout, je peux enfin chanter et battre mon tambour à l’unisson de mon cœur.

Je peux enfin me retrouver.

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