La pratique infirmière passée au peigne fin pour contrer le racisme systémique
« Les circonstances tragiques entourant le décès de Joyce Echaquan ont sonné le glas d'un racisme insidieux », assure l'OIIQ qui s'engage à améliorer les soins prodigués aux patients autochtones.
Les bureaux de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans un énoncé d’une trentaine de pages, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) adopte toute une série d’engagements en vue d'« améliorer la santé des Premières Nations et des Inuit en contrant le racisme systémique », selon le titre du rapport, fruit d’un important travail introspectif d’experts autochtones et allochtones.
Après avoir publiquement reconnu l’existence d'un racisme systémique au sein du réseau de la santé, cet été, l’Ordre précise ainsi les directions à donner en faveur d'un système de santé plus respectueux, juste et équitable.
Le décès de Joyce Echaquan dans un établissement de santé au Québec doit amener tout le personnel infirmier à se mobiliser
, fait valoir l’OIIQ en présentant 16 pistes d’actions inspirées de divers écrits scientifiques, rapports et avis à propos des soins accordés aux patients autochtones.
Le document, présenté au millier de délégués réunis en assemblée générale annuelle, est consultable sur le site Internet de l'OIIQ (Nouvelle fenêtre). Il est présenté comme un guide pour amorcer une transformation nécessaire au sein de la profession et, plus largement, du système de santé
.
Les engagements évoqués concernent aussi bien une formation pour sensibiliser les infirmières à la sécurité culturelle
, et à la reconnaissance d’attitudes racistes et de préjugés inconscients, qu'à la promotion de la recherche sur les besoins en santé des Premières Nations et des Inuit.
Marie Wasianna Echaquan Dubé, la fille de Joyce Echaquan, était présente lors de la conférence de presse de la coroner Géhane Kamel à la suite de la publication de son rapport d'enquête sur la mort de sa mère.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Ce racisme systémique qui s'est introduit dans plusieurs des sphères de notre société doit être prévenu et combattu avec vigueur
, a déclaré Luc Mathieu, président de l'OIIQ.
« Une seule chose importe aujourd'hui : rétablir les ponts en respectant le droit de chacun d'être traité dignement. »
L'énoncé a été rédigé sous la présidence de Régina Chachai, Atikamekw de la communauté d’Obedjiwan et infirmière au poste de soins d’Opitciwan, ainsi que de Jacinthe Pepin, professeure à la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal.
Nous sommes persuadées que d’autres instances seront également amenées à travailler dans le même sens pour instaurer une offre de soins culturellement sécurisants et équitables dans toutes les régions du Québec
, ont indiqué les coprésidentes du groupe d'experts.
Même si des actions sont déjà à l'œuvre pour lutter contre le racisme systémique, ont-elles reconnu, il reste beaucoup à faire
. La période actuelle, propice à la grande ouverture et à la collaboration
, leur fait espérer une refonte salutaire du système de santé au Québec.
Les objectifs de l’énoncé de position
- Favoriser, dans chacune des sphères, une pratique infirmière qui promeut l’humilité, la sécurité culturelle et l’équité en santé, tenant compte de l’histoire, des valeurs, des cultures spécifiques diverses et des perspectives des membres des Premières Nations et des Inuit;
- Promouvoir des relations partenariales et de confiance, empreintes de respect, ainsi que des soins culturellement sécuritaires, notamment avec les membres des Premières Nations et les Inuit;
- Proposer des pistes d’actions pour contrer le racisme systémique et individuel et pour améliorer la santé et le mieux-être des membres des Premières Nations et des Inuit.
