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L’insécurité alimentaire affecte la moitié des membres des Premières Nations au Canada

Un homme avec un bâton de bois en main dans l'eau.

Les chercheurs ont analysé la qualité de l'eau et des aliments que consomment les Premières Nations.

Photo : Gracieuseté : APN

Un niveau d’insécurité alimentaire « déplorable », une alimentation traditionnelle pas toujours accessible et des contaminants qui prédisposent les Premières Nations à des maladies… Voici les conclusions d’une vaste étude menée sur dix ans à travers tout le Canada.

L’Assemblée des Premières Nations (APN) a commandé cette étude portant sur 92 nations à travers le pays, au sud du 60e parallèle.

Un exercice important pour faire le point sur l’alimentation des Premières Nations puisque ceux qui vivent en communauté ne sont jamais sondés et sont généralement exclus des études sur la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire.

Cette étude collaborative a été menée par des responsables de la recherche et des chercheurs de l'APN, de l'Université d'Ottawa et de l'Université de Montréal.

Parmi eux, Malek Batal, professeur au Département de nutrition de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal.

Nous avons fait un échantillonnage aléatoire dans huit régions du Canada. Nous avons notamment interrogé des personnes, collecté des cheveux pour faire des analyses, prélevé de l’eau de surface pour voir s’il y avait la présence de mercure ou encore étudié les aliments traditionnels issus de la pêche, de la chasse et de la cueillette, détaille-t-il.

Une femme coupe une mèche de cheveux d'un homme.

Les chercheurs ont analysé des cheveux prélevés de manière aléatoire sur différents individus.

Photo : Gracieuseté : APN

Les conclusions de cette étude baptisée EANEPN (Nouvelle fenêtre) pour Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations, sont sans appel.

48 % des Premières Nations vivent une insécurité alimentaire contre 12 % de la population canadienne générale, explique M. Batal qui qualifie le niveau d’insécurité alimentaire des Premières Nations de déplorable.

L’étude a également permis de déterminer, pour la première fois, l'importance des aliments traditionnels dans le régime alimentaire des Premières Nations et les impacts de la dégradation de l'environnement sur les systèmes alimentaires des Premières Nations, détaille aussi Victor Odele, conseiller principal en recherche et politique, santé environnementale, à l’APN.

Autres observations :

  • 95,5% des répondants testés avaient moins de 2 mg/g de mercure dans les cheveux
  • Charge de mercure corporelle inférieure à 6 mg/g dans toutes les régions sauf au Québec
  • 25% des répondants ne boivent pas l'eau du robinet à cause du goût ou de la couleur
  • La prévalence de l'obésité et du diabète y est 2x plus importante qu'ailleurs au Canada
  • L'utilisation de munitions au plomb mène à de très hauts taux de plomb dans le gibier chassé
Des plantes sèches accrochées à une corde d'un camp prospecteur.

L'étude a démontré que l'accès aux aliments traditionnels était difficile alors qu'elle est très bénéfique pour la santé des Premières Nations.

Photo : Gracieuseté : APN

M. Odele poursuit : cette situation a suscité des inquiétudes chez les Premières Nations quant au manque général de connaissances sur la sécurité des aliments, y compris les aliments traditionnels, les aliments achetés en magasin et l'eau dans les réserves.

Pour les Premières Nations, l'alimentation traditionnelle représente bien plus que la nutrition, et joue un rôle important sur les plans culturel, spirituel et cérémoniel, a déclaré Tonio Sadik, directeur principal de l'environnement, des terres et de l'eau à l'APN.

Des filets de saumon posés sur des rondins de bois et des poissons entiers.

Les produits de la pêche font partie de l'alimentation traditionnelle des Premières Nations.

Photo : Gracieuseté : APN

Les auteurs de l’étude ont aussi émis une série de recommandations pour répondre aux besoins des Premières Nations. Parmi elles le soutien par les autorités des initiatives visant promouvoir les droits, la souveraineté, l'autodétermination, les valeurs et la culture des Premières Nations.

Ils demandent aussi aux autorités de donner une priorité à la protection de l’environnement, renforcer ou encore améliorer les partenariats et la communication entre les Premières Nations et tous les ordres de gouvernement.

M. Batal indique que pour l’instant, l’APN et le groupe de recherche n’ont pas eu de retours concernant ces recommandations ni d’engagement. On a quand même participé à la commission parlementaire sur l’insécurité alimentaire, alors ça bouge, mais pas assez vite, mentionne le chercheur.

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