La DPJ rappelle les pensionnats autochtones, croit Ghislain Picard

Les Autochtones sont les mieux placés pour protéger leurs enfants, soutient l'APNQL.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Premières Nations somment Québec de cesser de contester devant les tribunaux la loi fédérale C-92 qui concerne les enfants des Premières Nations.
Dans un communiqué diffusé par l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) le 14 septembre, il est expliqué que cette loi fédérale établit des principes nationaux en matière de services aux enfants et aux familles autochtones. L'APNQL réitère la compétence des Premières Nations, des Inuit et des Métis d'adopter autant que d'appliquer leurs propres lois concernant les services à leurs enfants et leurs familles. Un droit que le gouvernement du Québec continue de nier, selon l'APNQL.
« Le gouvernement de la province de Québec doit cesser de s'ingérer et de faire obstacle aux compétences fédérales à l'égard des premiers peuples. »
Le chef régional poursuit et, tout en se référant à la commission Laurent sur les droits des enfants, il précise que la Loi sur la protection de la jeunesse est un prolongement des pensionnats. Dans sa forme actuelle, elle discrimine les enfants et les familles autochtones. Il ajoute que la loi perpétue le drame des pensionnats pour Autochtones et de leurs conséquences toujours présentes et douloureuses.
Les parents se voyaient forcés à cesser de transmettre leurs coutumes ancestrales, leurs langues et leur mode de vie à leurs enfants
, affirme le chef de l'APNQL.
Ghislain Picard soutient que le Québec choisit la défense de ce qu'il appelle ses compétences au détriment de la capacité des Premières Nations de gérer leurs propres services à leurs enfants et à leurs familles.
« Le gouvernement Legault persiste à imposer la Loi sur la protection de la jeunesse, ses règlements, ses normes, sa vision, son autorité. »
De son côté, le ministre responsable des Affaires autochtones du Québec, Ian Lafrenière, explique que la demande de renvoi de la loi C-92 est une prise de position face au gouvernement fédéral. Il précise que Québec estime que cette loi se situe dans leur champ de compétence tout en précisant que cette contestation s'accompagne d'actions concrètes sur le terrain.
« Le fédéral est dans nos compétences. Par contre, nous avons offert des solutions aux chefs telle une table technique incluant des changement législatifs importants [...] et nous savons aussi que c'est à nous de nous adapter aux besoins des Premières Nations. »
Les Autochtones du Québec ont vécu une année très difficile. La disparition déchirante de Joyce Echaquan autant que le drame des pensionnats fédéraux et des enfants disparus ont fait remonter à la surface d'importants traumatismes que portent en eux les Premiers peuples.
La directrice générale de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL), Marjolaine Sioui, et Ghislain Picard étaient présents à la Cour d'appel du Québec le 16 septembre dernier afin de soutenir la plaidoirie de l'APNQL et de la CSSSPNQL s'opposant à la contestation du gouvernement du Québec relativement à la loi fédérale C-92 pour décider de sa validité constitutionnelle.
Face à cette réplique en Cour d'appel, le ministre Ian Lafrenière, qui se réfère également à la commission Laurent, explique que le gouvernement provincial prépare un virage en faveur des familles autochtones, mais qu'il ne peut en dire plus pour le moment:
« On ne peut pas être contre le fait de dire qu'il faut changer le système et la commission Laurent l'a écrit noir sur blanc. Il faut en effet que cela change […]. Nous allons continuer de travailler avec la CSSSPNQL et si notre projet de loi est accepté et qu'il passe sur la colline parlementaire, il y aurait une consultation particulière. Ce projet de loi serait bonifié c'est sûr […]. Il faut qu'il y ait des changements, le système ne peut pas fonctionner comme il est là. »
Le député libéral de la circonscription de Jacques-Cartier et porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations avec les peuples autochtones du Québec, Grégory Kelley, explique qu'il ne comprend pas pourquoi le gouvernement du Québec n'investit pas de l'argent dans des services favorisant le mieux-être des enfants autochtones. Il croit que Québec pourrait collaborer avec le gouvernement fédéral au lieu de financer des avocats pour plaider en faveur d'une loi qui, selon lui, est dépassée. Il faut travailler ensemble pour améliorer globalement notre société.
« Je suis toujours impressionné par le courage des Autochtones. Ils sont toujours ouverts à travailler avec leurs voisins pour améliorer leurs communautés, et je trouve qu'après tout ce qu'ils ont vécu, et c'est impressionnant, ils sont toujours là avec une main tendue pour travailler avec nous. »
Dans son communiqué, Ghislain Picard rappelle que la loi québécoise ne reconnaît l'autonomie des Premières Nations qu'à l'intérieur d'un régime limité de délégation de responsabilités qui ne résout pas le problème, puisqu'il enferme les Premières Nations dans le carcan de l'approche de protection inadaptée à leurs besoins.