Nikamo : l’album du retour aux sources de Samian

Samian présentera « Nikamo » lors d’un concert à la place des Festivals de Montréal, vendredi à 20 h, dans le cadre du festival Présence autochtone.
Photo : f6foto
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le rappeur anichinabé Samian lancera vendredi son cinquième album, intitulé Nikamo. Écrit en anishinabemowin, la langue de son peuple, ce disque est qualifié de « retour aux sources » par son auteur.
C'est comme si je revenais 15 ans en arrière et que j'écrivais mon premier album
, confie Samian lors d'une entrevue téléphonique.
Composer et traduire des textes en anichinabé, ça a été un long travail, dit-il. J'ai dû travailler syllabe par syllabe.
La façon d'interpréter l'anichinabé est différente de la manière dont je rappe en français, souligne-t-il. Il y a des mots qui sont un peu plus bruts et j'ai l'impression que l'anichinabé se prête bien au rap, comme l'innu se prête bien à la chanson.
Pour le rappeur originaire de la communauté anichinabée de Pikogan, en Abitibi-Témiscamingue, enregistrer un album dans sa langue traditionnelle était une manière de la rendre accessible au public québécois.
On vient d'une culture de transmission orale et je trouve ça bien que les gens puissent entendre l'anichinabé
, dit-il.
« J'espère que ça pourra ouvrir les horizons des gens, pour qu'ils prennent conscience que ces langues-là existent, ici au Québec. Ce sont des cultures autochtones riches que nous avons au Québec. »
Une seule chanson figurant sur Nikamo est interprétée majoritairement en français. Il s'agit de Génocide, dont le vidéoclip était sorti en octobre 2020.
Génocide ne devait pas faire partie, à la base, de l'album, signale Samian. Mais, avec tout ce qui s'est passé, je trouvais que cette chanson avait sa place plus que jamais sur l'album. J'ai voulu la mettre au centre pour que ce soit le noyau du disque.
La sortie de ce cinquième opus est par ailleurs significative pour Samian.
D'une part, il s'agit du premier album réalisé grâce à sa propre maison de production, Nikamo Musik. Et d'autre part, il fait écho aux événements qui ont touché les communautés autochtones dans la dernière année, dont la découverte des sépultures anonymes près d'anciens pensionnats.
L’actualité, ça a dépassé tout le monde, constate-t-il. C'était fou [pour moi] parce que c'est comme si la création artistique venait et, ensuite, il arrivait quelque chose par rapport aux Premières Nations. Je n'aurais jamais pensé écrire un album dans un contexte comme ça.
« Si on pouvait seulement prendre conscience que c'est à notre tour, les Premières Nations, d'avoir la parole et de raconter notre histoire. »
Ça fait longtemps qu'on martèle les mêmes choses, qu'on essaie de dire ces choses, affirme-t-il. C'est comme si on nous entendait, mais qu'on ne nous écoutait pas. Peut-être que ça prenait ce qui est arrivé cette année pour marquer l'imaginaire collectif.

Le journaliste culturel Kevin Sweet s'est entretenu avec l'auteur-compositeur-interprète autochtone, Samian, qui sort son tout nouvel album rap complètement en anichinabé.
Collaborations avec d’autres artistes autochtones
En plus d'une collaboration de Samian avec le rappeur franco-ontarien Le R Premier, il sera également possible d'entendre sur Nikamo des interventions d'autres artistes autochtones, dont l'Innu Shauit et le Mi'kmaq Q-052.
Les collaborations étaient super importantes pour moi, souligne Samian. J'étais très content que Shauit revienne poser sa voix en innu et que Quentin [Q-052] vienne faire un couplet en mi'kmaq.
Il se réjouit par ailleurs de l'accueil de plus en plus chaleureux réservé aux artistes autochtones au Québec.
Quand j'ai sorti mon premier album en 2007, c'était méconnu, les gens connaissaient peu d'artistes autochtones, se souvient-il. Aujourd'hui, nous voyons une vague de jeunes chanteurs autochtones qui s'expriment et qui prennent leur place extrêmement bien méritée.
Samian présentera Nikamo lors d’un concert à la place des Festivals de Montréal, vendredi à 20 h, dans le cadre du festival Présence autochtone.