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« Je veux que le gouvernement fasse quelque chose. Et maintenant »

Deux femmes jouent du tambour en chantant.

Des chants traditionnels ont retenti lors de la cérémonie organisée lundi au parc Jeanne-Mance de Montréal pour célébrer la mémoire des 215 enfants dont les corps ont été retrouvés dans une fosse commune à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Quelques centaines de personnes se sont retrouvées lundi soir, au parc Jeanne-Mance de Montréal, pour honorer la mémoire des 215 enfants dont les restes ont été découverts dans un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Le rassemblement s’est tenu dès 19 h, aux derniers rayons de soleil. Autochtones et allochtones se sont retrouvés pour célébrer la mémoire de ces enfants.

Ben m’a parlé de faire une cérémonie, c’est une sorte de guérison pour nous. Alors j’ai pensé à inviter des gens. Et en même temps, des gens cherchaient un endroit où partager leur colère et leur deuil, a expliqué Nakuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal.

Nakuset, les bras croisés, debout dans la foule.

La directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Nakuset, était présente.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Ben Geobe est celui qui a eu l’idée de venir au pied de la statue du parc Jeanne-Mance avec des tambours. Nous avons été très touchés par cette nouvelle, alors on a voulu se réunir, a-t-il raconté avant de saisir son tambour et de commencer à chanter avec quelques autres musiciens.

Le destin tragique des victimes de pensionnats pour Autochtones

Consulter le dossier complet

Une femme autochtone se recueille près de souliers d'enfants déposés sur des marches en ciment.

Pendant près d’une heure, chanteuses de gorge et musiciens se sont succédé pour exprimer leur peine et leur colère face à cet événement qui a touché toute la communauté autochtone.

Une femme en pleurs se tient la tête avec sa main droite.

La manifestation était empreinte d'une grande tristesse partagée par tous les gens présents.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Ça, c’est la vérité sur ce qu’il s’est passé dans les pensionnats au Canada. Et ce n’est qu’un seul endroit. Il y en a d’autres qu’il faut encore découvrir, a lancé une femme, tambour en main.

Si je suis ici, c’est parce que mes parents sont des survivants. Si mes enfants sont ici, c’est aussi parce que je suis une survivante, a-t-elle ajouté.

Autour d’elle, plusieurs Autochtones venus parfois en famille s’enlaçaient, les yeux humides. Beaucoup se sont imaginé qu’il s’agissait de leurs propres enfants qu’on venait de retrouver, des dizaines d’années plus tard.

La foule lève un bras vers le ciel.

Un long silence de 215 secondes a été observés pour honorer la mémoire des enfants décédés.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Fay Desjarlais était venue spécialement de Joliette avec ses deux filles. C’est important de se rappeler de ce qu’il s’est passé, que les gens réalisent que les pensionnats, c’est une partie du génocide culturel qu’on a vécu, a-t-elle expliqué.

Dans notre culture, les enfants sont sacrés. Cette découverte, on la vit collectivement. [Après avoir appris la nouvelle, NDLR], je me suis sentie très lourde toute la journée, a poursuivi cette Anishinabée, née en Saskatchewan.

Des hommes frappent un tambour en chantant.

Ben Geboe est à l'origine de ce rassemblement. On le voit jouer du tambour.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Il y avait aussi des dizaines de non-Autochtones ce soir-là. Comme Claire et Malachi. Ils estiment que beaucoup de Canadiens mettent sous le tapis ce pan de l’histoire de leur pays, comme s’ils étaient conditionnés.

Les gens ne sont pas à l’aise de parler de ça, mais je crois que la jeune génération commence à prendre conscience, a lancé Claire.

On doit réaliser, en tant que Blanc, qu’on doit une partie de nos privilèges à ces politiques de colonisation.

Une citation de Claire
Des femmes tiennent un carton sur lequel apparaît le chiffre 215.

L'heure était au recueillement.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Alors qu’une odeur de sauge embaumait l’atmosphère, une autre femme a pris le relais des musiciens. Aujourd’hui encore, on souffre de stéréotypes, d’injustices. Merci pour votre soutien, merci d’être là, a-t-elle clamé en larmes, avant d’entamer un chant.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a fait une brève apparition à cette occasion. Comme les centaines de personnes venues sur place, elle a levé sa main, alors qu’un long silence de 215 secondes débutait.

Une femme pose sa main droite sur son coeur.

La cérémonie a donné lieu à des moments émouvants.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La foule importante réunie ce soir-là a beaucoup ému Nakuset, qui a parlé d’un moment puissant et beau.

Les discours étaient à la fois remplis de tristesse, de colère et de beaucoup d’amertume.

Il n’y a pas d’efforts de faits à part mettre le drapeau en berne. Ça a pris trois jours à Justin Trudeau de faire ça. C’est inacceptable. On a mis en berne le drapeau durant une heure pour chaque enfant. C’est tout ce qu’on a? C’est tout ce qu’on vaut? C’est tout ce que fait le premier ministre?

Une citation de Nakuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal.

La directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal souhaiterait que Justin Trudeau fasse des excuses à chaque famille concernée par ce drame. Je veux que le gouvernement fasse quelque chose. Et maintenant, a-t-elle conclu.

Un peu plus tôt dans la journée, le gouvernement ontarien annonçait réfléchir à un projet de loi pour lancer des investigations sur les sites des anciens pensionnats de la province.

Interrogé à ce sujet, le ministre québécois responsable des Affaires autochtones Ian Lafrenière a indiqué que son gouvernement allait avant tout consulter les familles.

On n’imposera pas notre façon de faire. Ghislain Picard (le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, NDLR), m’a confirmé la volonté des familles d’en savoir plus, a-t-il indiqué avant de se rendre lui aussi à une commémoration, mais à Kahnawake.

Je joins ma voix à celle des Autochtones qui demandent que des fouilles au radar soient réalisées sur tous les sites des anciennes écoles résidentielles. Je presse le gouvernement Legault de protéger les sites présents sur le territoire du Québec jusqu'à ce qu'on puisse éliminer définitivement la possibilité de telles découvertes ici, a aussi dit la cheffe parlementaire de Québec solidaire, Manon Massé.

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