35 ans sur les planches, pour la compagnie Ondinnok

La pièce de théâtre Ktahkomiq est une création de la compagnie Ondinnok.
Photo : Les productions Ondinnok
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« On résiste au temps », lance Dave Jenniss, le directeur artistique de la compagnie. Trente-cinq ans après sa création, la troupe est encore là et continue de diffuser sa vision « autochtone » du théâtre. L’équipe compte bien continuer à démontrer sa pertinence tout en concédant que la pandémie va transformer la manière qu’a le public de consommer la culture. Bilan et perspective, à l’approche d’un événement organisé pour fêter cet anniversaire.
Dave Jenniss n’était pas là lorsque la compagnie Ondinnok a vu le jour en 1985. Mais il assure qu’à l’époque, le projet était plutôt novateur
.
Notre première création était une façon d’honorer nos mémoires ancestrales, et finalement elle a roulé durant 10 ans. On l’a même traduite en anglais, on l’a jouée en Europe…
, dit-il avec fierté.
Depuis qu’il est directeur artistique, c’est-à-dire depuis 2017, M. Jenniss prend donc à cœur de garder l’âme originelle de la compagnie. Et lorsqu’il regarde le chemin parcouru, il analyse : Nous avons résisté au temps, nous avons réussi à montrer la pertinence du théâtre autochtone, l’importance de raconter nos propres histoires, raconter qui on est et faire entendre à une jeune génération d’acteurs nos langues.

Pour souligner ses 35 ans d’existence, la compagnie Ondinnok a décidé d’organiser un événement à l'Agora du Cœur des sciences de l'UQAM.
Photo : ONDINNOK/Myriam Baril-Tessier
Il présente aussi le genre de théâtre que propose la compagnie comme un théâtre cérémonial, quelque chose de très nouveau encore lorsqu'Ondinnok se forme. Certains ont même estimé à l'époque qu’il ne s’agit pas là de vrai théâtre. La compagnie Ondinnok offre aussi un théâtre très touchant, très vrai
, ajoute M. Jennis.
Ces prises de risque artistiques auront finalement été payantes. Et tous ceux qui ont décidé d’embarquer dans le projet doivent d’ailleurs adhérer à ses valeurs.
On doit être dans la vérité, ne pas avoir peur d’être jugé, vouloir transmettre une passion
, détaille encore M. Jenniss.
Selon lui, il y a une signature Ondinnok
dans le paysage artistique québécois. Nous avons beaucoup de créations qui partent de l’impro, mais aussi des objets de la nature, d’artefacts, d’os. Nous avons à cœur de rendre hommage à ceux qui étaient là avant nous
, dit-il.

La compagnie souligne l’importance de raconter ses propres histoires, raconter qui sont les Autochtones et faire entendre à une jeune génération d’acteurs leurs langues.
Photo : ONDINNOK/Myriam Baril-Tessier / Myriam Baril-Tessier
Surtout, la compagnie a toujours refusé de se plier aux codes du milieu, à savoir produire vite, régulièrement. M. Jennis prône la qualité plutôt que la quantité. Sortir de la performance à tout prix.
Avec la pandémie, les choses ont toutefois changé pour la compagnie Ondinok. Elle devait se produire sur la scène du théâtre de La Licorne, à Montréal, mais l’événement a été reporté à l’automne prochain. Si tout va bien
, précise M. Jenniss.
En attendant, la compagnie survit grâce aux subventions et elle est en nouvelle production en collaboration avec le Nouveau Théâtre expérimental. On va la filmer et elle sera mise en ligne sur notre plateforme en juin
, promet le directeur artistique.
Consommer les arts autrement
Au-delà des retards dans les représentations, le théâtre va subir d’autres chamboulements à plus long terme, croit M. Jenniss. Le modèle qui a perduré va être modifié, on n’aura plus la même manière de sortir au théâtre, on va l’apprécier encore plus
croit-il.
Il espère aussi que le milieu en général prendra plus le temps pour créer de nouvelles pièces et qu’il va s’extraire un peu des pressions des différents conseils des arts. Laissons les pièces vivre, jouons-les plusieurs fois, pour que tous les publics aient le temps d’aller les voir
, lance-t-il.

David Jenniss croit qu'il y a un style « Ondinnok ».
Photo : Martine Doyon
Pour souligner ses 35 ans d’existence, la compagnie Ondinnok a décidé d’organiser un événement ce week-end, les 1er et 2 mai, à l'Agora du Cœur des sciences de l'UQAM. Il est intitulé Mawessine : Uni.e.s POUR et PAR l’art autochtone.
Mawessine signifie union
en langue wolastoqey (malécite), la langue de la nation de Dave Jenniss. Cet événement sera l'occasion de commémorer 35 ans de création et de résistance artistiques, mais aussi de réunir différents acteurs et artistes du milieu des arts vivants.