Grève d’une journée pour le personnel de la Commission scolaire Kativik

Des membres du personnel enseignant, professionnel et de soutien de la commission scolaire Kativik étaient en grève mercredi à Montréal comme au Nunavik.
Photo : Radio-Canada / Anne-Marie Yvon
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« Faut que ça change maintenant! » exigent les membres du personnel enseignant, professionnel et de soutien de la Commission scolaire Kativik en grève mercredi à Montréal comme au Nunavik.
Après plus de 25 rencontres de négociation pour le renouvellement de leur convention collective, « on ne va nulle part », se désole le président de l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ), Larry Imbeault.
Si de petits dossiers ont été réglés jusqu’à présent, des aspects plus importants permettant d’améliorer les conditions de travail du personnel restent sans réponse.
« Il faut qu’on donne un signal fort que le gouvernement doit nous prendre au sérieux, il faut qu’il négocie sérieusement. »
Originaire de Kangirsujuaq, Nutaraaluk Jaaka s’occupe d’envoyer les livres scolaires au Nunavik pour la Commission scolaire Kativik. Venue manifester pendant cette première journée de grève, sur un total de cinq permises, l’Inuk revendique des augmentations annuelles de salaire. Après avoir été 15 ans employée de la commission scolaire, elle déplore que ce ne soit toujours pas le cas.
Elle soutient aussi ses collègues inuit vivant au Nord dont les conditions salariales sont inférieures à celles de leurs collègues non autochtones, les Qallunaat, comme ils les appellent.
La prime d’attraction-rétention donnée au personnel enseignant pour la plupart venu du Sud n’est pas offerte au personnel local, dont une grande majorité du personnel de soutien.
« Nous on pense que s’ils avaient ces bénéfices-là, ce serait des jobs plus attrayantes pour le monde et on pense que ce serait un avantage pour l’économie locale », explique Larry Imbeault.
Le travail est intenable pour bien des professionnels
que représente le Syndicat des professionnelles et professionnels des commissions scolaires de l'Ouest de Montréal (SPPOM), explique la présidente Carolane Desmarais. « On parle d’une psychologue en ce moment, seulement, pour toute la commission scolaire. »
14 villages avec une psychologue, sans compter les élèves qui viennent poursuivre leurs études à Montréal. « On aurait de la job pour 10 psychologues comme elle », insiste Mme Desmarais.
La problématique est la même avec les travailleurs sociaux et les orthophonistes, qui se comptent également à l’unité. « C’est vraiment peu comparé aux besoins réels des élèves dans les écoles » pourtant les demandes sont accessibles dit la présidente du SPPOM
.Certaines de ces demandes sont déjà des pratiques locales, « mais qu’on souhaite intégrer à la convention, des demandes qui ne coûtent rien ». Pourtant, ajoute-t-elle, la partie patronale ne veut pas en discuter.
Les demandes d’attraction et de rétention sont aussi au cœur du litige. « Le taux de roulement est incroyable, une seule psychologue, mais on a passé trois ans avant qu’elle arrive ».
Le syndicat des professionnels souhaite aussi que le gouvernement réponde à des demandes qui auront un impact sur la qualité de vie des employés locaux. Des conditions de travail équitables avec leur collègue du Sud sont demandées, mais également on a une fin de non-recevoir
.
« Il en va de la qualité des services aux Inuit directement dans leur environnement, dans leurs écoles. »
Hélène Sabatier enseigne le français aux Inuit à Montréal et en ligne aux adultes du Nunavik qui veulent terminer leur secondaire à distance. Elle a aussi travaillé quatre ans à Inukjuak et Kangirsujuaq. Pancarte en main, elle est venue manifester pour de meilleurs salaires, déplorant figurer « à l’avant-dernière place au niveau salarial au Canada ».
Elle mentionne aussi les conditions de travail des collègues au Nunavik, donnant en exemple les frais d’Internet à la charge des professeurs. « Ce matin, je parlais à une collègue qui est à Salluit, pour le service Internet, elle, c’est 145 $ [par mois] et elle n’a presque jamais Internet. »
S’il y a des allègements pour le logement et la nourriture, le coût de la vie demeure malgré tout très élevé pour ceux qui choisissent d’enseigner dans le Nord.
La présidente du SPPOM, Carolane Desmarais, précise que son syndicat a « des solutions précises pour attirer et retenir les professionnels, telles que rembourser les cotisations aux ordres professionnels, limiter les postes à statut précaire, augmenter la flexibilité des congés lors de décès afin de mieux s’adapter à la réalité du Nord », mais le gouvernement « n’a aucune ouverture ».
Quant à Larry Imbeault, il rappelle que la pénurie de membres du personnel enseignant, professionnel et de soutien « a des conséquences réelles sur le taux de réussite des élèves, et c’est très malheureux ». Mais selon lui, ce n’est pas irrémédiable.
« Nous pouvons changer les choses pour le mieux à la condition que nous ayons un gouvernement qui a la volonté d’agir pour le bien des élèves. Il suffit d’adopter des mesures qui permettront d’attirer et de retenir le personnel en place ».
La Commission scolaire Kativik n’a pas souhaité faire de commentaires sur la négociation des conventions collectives présentement en cours.