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Mort de Joyce Echaquan, il faut que ça bouge encore, dit le chef Ottawa

Le chef Paul-Émile Ottawa ne veut pas que les événements du 28 septembre soient tablettés.

Le chef Ottawa se tient derrière la tribune où se trouvent des micros de différents médias.

Le chef de Manawan, Paul-Émile Ottawa, demande « qu’on éradique le racisme et qu’on réussisse à respecter chaque citoyen ».

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La Presse canadienne

Dans les semaines qui ont suivi la mort tragique de Joyce Echaquan, la façon dont les Autochtones sont traités dans le système de soins de santé a été sur la sellette... et dénoncée.

Les choses ont bougé, estime aujourd'hui le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, mais pas assez.

Il faut bien d'autres actions, et surtout éviter que cette femme ne soit oubliée, et que les événements du 28 septembre ne soient tablettés, dit-il.

Cette date est celle de sa mort. Peu après, le gouvernement Legault a présenté des excuses à sa famille, nommé un nouveau ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, et rencontré les chefs de cette nation pour écouter leurs préoccupations.

Ça a bougé, dit le chef Ottawa. Mais après, on s'est demandé si les bottines allaient suivre les babines.

On se le demande encore aujourd'hui.

Une citation de Paul-Émile Ottawa, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan

Le décès de Joyce Echaquan

Consulter le dossier complet

Une femme tient une photo de Joyce Echaquan.

Peu avant sa mort, la mère de famille atikamekw de Manawan s'était filmée avec son téléphone cellulaire depuis son lit d'hôpital. Dans cette vidéo, on entend deux employées de l'Hôpital de Joliette l'insulter à coups de paroles dénigrantes et dégradantes. Les deux employées ont depuis été congédiées.

À l'Hôpital de Joliette, presque rien n'a changé. Du moins, pas encore.

Le chef Ottawa sait que l'hôpital est en train de créer des programmes de formation pour que le personnel connaisse mieux, et comprenne mieux, les besoins des Atikamekw.

Il y a eu une telle initiative il y a deux ans, se rappelle-t-il. Un atelier de formation a été offert à l'hôpital pour le personnel soignant. Il n'est venu que trois personnes sur 1000 infirmières, a-t-il dit, découragé, notant que la formation était facultative et non obligatoire. Une lacune, selon lui.

Il déplore aussi que la communauté atikamekw n'ait pas été consultée pour la création de ce programme de formation, qui est sous l'égide de l'Université du Québec en Outaouais. On a été tenus à l'écart de cela, alors que ce sont les gens de Manawan qui ont subi toutes les conséquences désagréables, comme le racisme, les soins inadéquats, ou encore des soins requis non fournis.

Toutefois, il estime que les relations sont très bonnes, et les contacts, réguliers, avec la PDG par intérim du CISSS de Lanaudière, Caroline Barbir, nommée en décembre.

Une personne de la communauté a désormais un bureau au sein de l'Hôpital de Joliette. Parlant leur langue, elle peut aider les patients atikamekw, notamment pour communiquer leurs besoins, a expliqué M. Ottawa. Cette personne était déjà là avant le 28 septembre, dit-il, mais sans bureau, elle ne pouvait que flâner dans les corridors et espérer trouver les personnes ayant besoin d'aide.

Le président de l'Ordre des infirmières et des infirmiers, Luc Mathieu, avait suggéré à la communauté de se rencontrer, vu le rôle joué par l'une de leurs membres dans cette affaire. Ce fut fait à la fin d'octobre.

Le chef était préoccupé du fait que cette infirmière peut toujours travailler dans un autre établissement de soins.

C'est exact, a expliqué M. Mathieu en entrevue avec La Presse canadienne. L'Ordre ne peut retirer le permis d'exercice d'une infirmière sans enquête. Celle-ci est d'ailleurs en cours. À terme, elle peut perdre son permis de façon temporaire ou permanente.

Pour l'Ordre, l'objectif de cette rencontre était de dénoncer les circonstances tragiques dans lesquelles est décédée Mme Echaquan et les propos racistes qui ont été tenus par une professionnelle de la santé. Et aussi, pour lui [à la communauté] communiquer les actions que l'Ordre voulait prendre suite à cette tragédie-là, a relaté M. Mathieu.

L'Ordre souhaite agir sur plusieurs fronts : un comité de formation doit analyser tous les programmes collégiaux et universitaires, et leur faire des recommandations sur leur contenu culturel. L'Ordre a aussi entamé une réflexion sur la formation continue qui sera offerte à ses membres, et un comité de travail – coprésidé par un Autochtone – rédigera un énoncé de position sur les soins infirmiers culturellement sécuritaires pour les communautés autochtones, qui visera à inciter les infirmières à développer leurs compétences à ce sujet.

On a senti de l'empathie lors de cette rencontre, résume le chef Ottawa. Mais depuis, on n'a eu aucune discussion ni aucun suivi.

M. Mathieu indique qu'il y a eu un échange par écrit, mais pas de rencontre. Il faut prendre le temps de faire les choses comme il faut pour qu'il y ait de réels changements, insiste-t-il.

Quant à l'enseignement des soins infirmiers, la communauté atikamekw n'a pas été consultée à ce sujet, ni par l'Ordre des infirmières ni par le gouvernement, a souligné le chef Ottawa. Seul le Collège des médecins a entrepris une telle démarche auprès de la communauté.

Lors d'une rencontre le 5 octobre dernier, le chef Ottawa avait formulé cette autre demande au premier ministre François Legault : rendre obligatoire pour la profession médicale un enseignement de la culture autochtone et imposer des stages au sein même des communautés pour les futurs médecins et infirmières.

Depuis, rien. Personne ne nous a contactés à ce sujet-là depuis la rencontre, dit le chef.

S'il avait initialement des communications fréquentes avec le ministre Lafrenière, M. Ottawa n'en a eu aucune depuis le retour des Fêtes.

On ne sait pas s'il y a un relâchement du côté du gouvernement, mais nous on est toujours engagés.

Une citation de Le chef Paul-Émile Ottawa

Pour le chef, le dossier est loin d'être clos. Il faut que ça bouge encore. Il ne faut pas que ça arrête.

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