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La GRC veut s'attaquer à la violence envers les femmes inuit

Des passants portent un masque dans une rue d'Iqaluit.

L'entente doit aussi permettre de restaurer le lien de confiance entre la GRC et la population inuit.

Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey

Le gouvernement fédéral multiplie les gestes pour combattre la violence dans le Grand Nord : après avoir annoncé du financement destiné à la construction de refuges pour femmes inuit, Ottawa a fait savoir que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait signé une entente avec l’organisation Pauktuutit Inuit Women of Canada, afin d’améliorer la protection des femmes, des enfants et des personnes inuit.

Dans un communiqué transmis mercredi, la GRC précise qu’elle cherchera à mettre en œuvre les recommandations du rapport intitulé Contrer la violence fondée sur le sexe à l’égard des femmes inuites : un examen des politiques et des pratiques policières dans le Nunangat inuit, publié l’an dernier par Pauktuutit Inuit Women of Canada.

Ce rapport comporte des recommandations à l'égard des services de police portant sur divers sujets, dont les services de police qui tiennent compte de la culture et des traumatismes, la formation et les politiques sexospécifiques, ainsi qu'une réponse plus adaptée des répartiteurs, le prolongement des affectations des membres de la GRC dans les communautés et le maintien de la diversité au sein de l'effectif, notamment par la création de postes clés pour les Inuit, mentionne le communiqué.

Nous avons signé une entente pour travailler conjointement afin de nous assurer que les femmes ne subissent pas de racisme lorsqu’elles demandent de l’aide, a de son côté indiqué Rebecca Kudloo, présidente de Pauktuutit, lors d’une entrevue accordée à la CBC.

Il faut également que les agents de police suivent une formation en matière de sensibilité culturelle, a-t-elle ajouté, avant de souligner la nécessité de réduire le temps de réaction pour que des policiers de la GRC soient dépêchés sur les lieux d’un possible drame.

Dans un contexte de violence, les choses peuvent s’aggraver rapidement et c’est quelque chose qui doit être changé. Le temps de réaction de la GRC doit être réduit. Nous allons travailler sur ces dossiers avec la GRC pour que les Inuit reçoivent de meilleurs services. Nous demandons aussi à tous ceux qui viennent ici pour nous offrir des services de mieux nous comprendre, et pourquoi nous sommes qui nous sommes.

La présidente de l’organisation réclame aussi, entre autres choses, que les policiers fédéraux qui travaillent dans la région parlent la langue, l’inuktitut, histoire de faciliter la compréhension entre les Inuit et les agents de la paix.

Effacer le fantôme du passé

Toujours selon Mme Kudloo, l’entente annoncée mercredi pourrait permettre de surmonter la méfiance découlant du passé. Le communiqué précise d’ailleurs que les femmes au Nunavut, notamment, sont victimes de violence dans une proportion 13 fois plus élevée que les femmes au Canada en général.

Le rapport publié l’an dernier révèle aussi que le risque qu’une femme soit agressée sexuellement au Nunavut est 12 fois plus élevé que la moyenne provinciale et territoriale.

Les données ne sont pas plus encourageantes en ce qui concerne la violence conjugale : 74 % des femmes du Nunavik (au Québec) disent avoir subi de la violence à la maison, et 46 % ont déclaré avoir subi une agression sexuelle, indique encore le document.

Je me réjouis à la perspective de poursuivre la collaboration de la GRC avec Pauktuutit Inuit Women of Canada et sa présidente, Rebecca Kudloo, sur des projets et des programmes visant à réduire la violence faite aux femmes, aux enfants et aux personnes de diverses identités de genre de l'Inuit Nunangat. Pour aller de l'avant, il importe de reconnaître les événements du passé, d'en tirer des leçons, d'évaluer nos actions actuelles et de collaborer avec les communautés, les peuples et les employés autochtones dans une perspective d'avenir, indique de son côté la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, dans une réaction incluse dans le communiqué.

Je crois qu’il est bien que les agents de la GRC apprennent à connaître la communauté, et qu’il est temps que nos gens fassent davantage confiance aux policiers. Cela découle d’une époque où nous en avions particulièrement peur, mais ils font beaucoup de bonnes choses dans la communauté, et il faut que nous ayons une bonne communication pour établir la confiance, afin de mieux travailler ensemble, mentionne encore Mme Kudloo, au bout du fil.

C’est comme n’importe quoi d’autre : il faut qu’il y ait du respect dans tous les services que nous recevons. Voici un exemple important de réconciliation avec les femmes inuit.

Une première étape prometteuse

Selon Qajaq Robinson, l'une des commissaires ayant siégé à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), l'accord avec la GRC est une première étape prometteuse, mais il y a encore du travail à faire pour non seulement combattre la violence, mais aussi rétablir la confiance entre la police fédérale et les Inuit.

Je crois qu'il est important que cela provienne des plus hauts échelons de la GRC; nous avons un long historique du savoir des Inuit, et particulièrement des femmes inuit qui est ignoré par le gouvernement et les autorités fédérales.

Une citation de Qajaq Robinson

Mme Robinson souhaite également que la GRC offre les meilleurs services possibles aux populations inuit.

Toujours selon cette dernière, les objectifs évoqués dans l'accord avec la GRC reprennent certains points compris dans le rapport final de l'ENFFADA.

La GRC a encore bien des gestes à poser pour s'attaquer au racisme au sein de la police fédérale, a-t-elle ajouté, avant de préciser que le niveau de confiance est bas envers les autorités canadiennes.

L'ancienne commissaire a par ailleurs rappelé que la GRC s'est engagée à agir en ce sens [pour lutter contre la violence] depuis des années, et que des gestes avaient été posés, mais en fonction des gens en poste à une époque donnée.

Il faut que tout cela s'intègre dans des transformations systémiques et structurelles.

Il faut que l'engagement soit légalement contraignant, conclut-elle.

Avec les informations de Matisse Harvey.

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