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Les itinérants autochtones à Montréal : doublement discriminés, selon un rapport

Un rapport souligne que le nombre de constats d'infraction délivrés a quintuplé en cinq ans.

Profil d'une femme emmitouflée dans ses vêtements et assise dans un escalier.

Une femme demande la charité dans un escalier.

Photo : iStock

Entre 2012 et 2019, cinq fois plus de constats d’infraction ont été remis aux itinérants autochtones à Montréal, les femmes autochtones étant particulièrement surreprésentées en matière de contraventions reçues.

Dans un rapport tout récent, cinq chercheurs et trois organismes communautaires dénoncent un profilage contre les personnes itinérantes, qui aurait doublé dans les dernières années.

Ils relèvent aussi une situation préoccupante pour les Autochtones, car les données indiquent une double discrimination, articulant profilage social et profilage racial.

Plus de 4 % des 50727 constats d’infraction analysés sur cinq ans ont été remis à des personnes déclarant l’adresse d’un organisme desservant les populations itinérantes autochtones, un chiffre en constante augmentation. 

En 2018, 547 itinérants autochtones ont reçu un constat d’infraction contre 135 en 2012, soit entre quatre et cinq fois plus.

Cette évolution, peut-on lire dans le rapport Judiciarisation de l’itinérance à Montréal, auquel a participé le Centre de justice des premiers peuples de Montréal, témoigne d’un ciblage accru des personnes déclarant l’adresse d’un organisme autochtone de 2012 à 2019

Les femmes autochtones sont même triplement discriminées. Elles reçoivent proportionnellement davantage de constats (25 %) que les femmes non autochtones en situation d’itinérance (de 12 à 15 %).

Les personnes en situation d’itinérance ayant déclaré l’adresse d’un organisme autochtone sont la cible de profilages racial et social par le SPVM et font donc l’objet d’une double, voire d'une triple discrimination dans le cas des femmes.

Une citation de Rapport Judiciarisation de l'itinérance à Montréal

Les auteurs dénoncent une pratique plus grave que jamais et s'en inquiètent. De plus, ils notent que la judiciarisation de l’itinérance tient essentiellement à la répression de la consommation et de l’ébriété, surtout auprès des personnes autochtones.

Un couvre-feu alarmant

Les auteurs du rapport ont analysé près de 51 000 constats d’infraction délivrés à Montréal de 2012 à 2019 contre des itinérants. Plus de 65 % ont été remis par des agents du SPVM, et près de 35 % par des agents de la STM

De manière générale, et malgré différentes initiatives de déjudiciarisation, la pratique continue : près de 8500 itinérants ont reçu un constat d’infraction en 2018 contre 6319 en 2012 à Montréal. 

D'ailleurs, en 2017-2018, les personnes en situation d’itinérance ont reçu près de 40 % de l’ensemble des constats d’infraction délivrés à Montréal en vertu des réglementations municipales et de la STM. 

La situation actuelle inquiète donc davantage les auteurs qui indiquent que la répression associée aux déploiements des mesures sanitaires en place depuis mars 2020, et plus récemment le couvre-feu, est aussi particulièrement alarmante.

Ces données nouvelles prouvent hors de tout doute que le profilage continue d'augmenter à Montréal. Voilà donc un rapport inquiétant, d'autant plus dans le contexte actuel où le gouvernement s'en remet au discernement des policiers dans l’application du couvre-feu, a indiqué dans un communiqué Laury Bacro, organisatrice communautaire au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, qui a participé au rapport. 

Les auteurs demandent au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de prendre « un virage complet pour mettre fin à ces pratiques, car la judiciarisation est « contre-productive et coûteuse ».

Ils recommandent plusieurs actions pour mettre fin aux pratiques de profilage social et racial, et pour renforcer les réponses sociales et communautaires.

Le SPVM dit avoir pris connaissance du rapport et que des équipes étaient en train de l’analyser. Aucune déclaration ne sera faite pour le moment.

L’analyse a tenu compte des adresses municipales données par les itinérants. Les auteurs ont tenu pour acquis que les personnes qui ont utilisé l’adresse de Projets autochtones du Québec, du Centre d’amitié autochtone de Montréal, d’Open Door et de Montréal autochtone, sont des personnes autochtones, sans pouvoir vérifier si elles s’autodéclaraient ainsi. 

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