Nouvel appel à adopter le Principe de Joyce

La mort de Joyce Echaquan a suscité l'indignation, tant chez les communautés autochtones que chez les non-Autochtones.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
À l’occasion d’une table ronde organisée par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), plusieurs intervenants, du milieu médical notamment, ont réitéré leur soutien à l’adoption du Principe de Joyce qui vise à créer un cadre sécuritaire au sein des établissements de santé pour les Autochtones.
« Le racisme systémique, c’est un manque d’ouverture. C’est une fermeture à la différence. La sécurisation culturelle ouvre l’opportunité d’être respectueux. Cette ouverture est importante. J’appuie le Principe de Joyce à 100 %. »
Le message du chirurgien innu Stanley Vollant est sans équivoque. Il est impératif que le gouvernement mette en place ce principe afin de restaurer la confiance dans le système de santé non autochtone, selon lui.
Le chirurgien a été largement soutenu par Amir Khadir, médecin spécialisé en microbiologie-infectiologie, qui participait lui aussi à cette table ronde, jeudi, aux côtés d’autres experts. L’événement était présidé par Ghislain Picard, le chef de l’APNQL
.M. Khadir a d’ailleurs rappelé qu’il n’y a pas que les préposés aux bénéficiaires ou les infirmières qui manifestent un certain racisme envers les populations autochtones.
« C’est une culture institutionnalisée, colportée par la hiérarchie, y compris des médecins. »
D’ailleurs, M. Vollant est revenu sur son expérience personnelle alors qu’il n’était encore qu’externe en médecine. En pleine crise d’Oka, il a raconté avoir été victime de nombreux commentaires dégradants, et ce, de la part de médecins spécialistes.
Alors pour eux, comme pour les autres panélistes présents lors de cette table ronde, l’adoption du Principe de Joyce pourrait solidifier l’engagement du gouvernement fédéral et provincial. Il pourrait partir la roue pour la sécurité culturelle
, comme l’a précisé Jolianne Ottawa, une infirmière atikamekw de Manawan.
Toutefois, M. Khadir a souligné que, depuis le décès de Joyce Echaquan, les choses ont un peu changé dans son hôpital.
Il a cité en exemple le cas d'un aîné autochtone qui a pu être entouré d'une dizaine de personnes de sa communauté qui lui ont administré les derniers rituels.
Le Principe de Joyce a été rédigé à la suite de la mort de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette. La mère de famille avait publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle on pouvait entendre des professionnels de la santé tenir des propos racistes à son encontre.
Le Principe de Joyce demande ainsi que les peuples autochtones aient droit à leur pharmacopée traditionnelle et [...] de conserver leurs pratiques médicales
, et que les Autochtones aient aussi le droit d’avoir accès, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé
.
À la fin du mois de novembre, les chefs atikamekw avaient exprimé leur déception à la suite du refus du gouvernement québécois d’adopter des mesures visant à améliorer les soins de santé pour les Autochtones à cause d’une référence au racisme systémique.
Depuis cet événement, les Autochtones font encore moins confiance au système de santé, ce qui se traduit entre autres par une méfiance à l'égard du vaccin qui devrait les protéger de la COVID-19.
Cette table ronde virtuelle était la troisième en trois mois, les deux premières ayant porté sur les relations avec les municipalités et les médias.
Un quatrième webinaire est prévu en février et concernera le développement économique.