Plaidoyer pour corriger les lacunes de l'éducation québécoise sur les Autochtones
Le monde de l'éducation autochtone et ses alliés interpellent le PM Legault sur la nécessité de corriger les lacunes sur les connaissances de l'histoire et des cultures autochtones dans les programmes d'éducation au Québec.
Le personnage du livre « Alex partage sa ceinture wampum » une trousse éducative sur les traités autochtones.
Photo : Nation Anishinabek
Monsieur Legault,
Le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) ainsi que les institutions et les collaborateurs soussignés joignent leurs voix pour vous faire part de l’importance d’investir rapidement dans une stratégie visant à contrer les lacunes importantes constatées dans le système d’éducation qui contribuent au maintien des préjugés et du racisme systémique à l’égard des Premières Nations et des Inuit.
L’élimination du racisme (systémique) et de la discrimination passe nécessairement par l’éducation, par la connaissance des Nations.
Au cours des dernières décennies, nos institutions ont proposé des solutions et des approches qui auraient favorisé l’inclusion de la réalité des Premières Nations et des Inuit dans les institutions d’enseignement québécoises et du fait même auraient aidé à briser les préjugés qui alimentent le racisme.
Très récemment encore, le CEPN, en collaboration avec l’Institut Tshakapesh et le Centre de développement de la formation et de la main-d’oeuvre Huron-Wendat (CDFM) et appuyé à l’unanimité par la Table nationale sur la réussite éducative des Premières Nations et des Inuit, a soumis le fruit de plusieurs années de travail en proposant une 15e compétence au ministère de l’Éducation qui permettrait une meilleure compréhension des enjeux des Premières Nations et des Inuit dans le corps professoral.
Cette proposition était en accord complet avec les recommandations énoncées par l’APNQL le 29 septembre dernier alors qu’elle déposait son plan d’action sur le racisme et la discrimination. Nous parlons ici notamment d’inclure, en collaboration entre les autorités autochtones et les différents corps professionnels, un volet sur les Premières Nations et les Inuit du Québec dans les parcours de formations collégiales et universitaires menant à une pratique professionnelle (médecin, travailleur social, avocat, journaliste ou autre). (CERP # 23,24,25,26) (CVR23iii, 24) (ENFAADA 10,1).
Pour la population générale, il est recommandé d’inclure notre histoire dans le cursus scolaire afin de rétablir les relations sur une base véridique et authentique, dans l’espoir de converser sur des bases communes, de transformer les mentalités, d’avoir une compréhension informée de l’histoire et de mettre en place de nouveaux mécanismes pour une réconciliation souhaitée.
Le CEPN travaille en partenariat avec les universités parce qu’elles ont cette volonté de participer à la réconciliation notamment en intégrant des cours sur les réalités des Premières Nations et des Inuit, développés en collaboration avec les experts, les Premières Nations et les Inuit, au sein de leurs institutions.
Parallèlement, les Premières Nations, peuple fort et résiliant, œuvrent depuis des décennies à construire un système éducatif d’excellence centré sur la réussite scolaire, basé sur la déclaration de principe de La maîtrise indienne de l’éducation indienne
déposée en 1972.
Cette déclaration de principe, actualisée en 2010, dicte une prise en charge de notre éducation mettant en valeur les réalités de chaque Nation, et ce, dans le respect de son identité, de sa culture et de ses traditions.
Depuis ce temps, les Premières Nations travaillent sans relâche pour faire reconnaître leur droit de maîtriser leurs systèmes éducationnels, mais aussi pour être incluses dans le système éducationnel provincial et d’y avoir une place à part entière pour le bénéfice de l’ensemble de la société.
Nous avons tous une responsabilité pour enrayer le racisme et la discrimination.
Nous avons une occasion d’outiller le corps professoral pour bien intervenir dans un contexte scolaire positif respectueux des Premières Nations, des Inuit et de la diversité.
Nous avons une responsabilité d’offrir dès le plus jeune âge des connaissances sur les Premières Nations et les Inuit.
Nous avons la responsabilité d’offrir aux élèves des cours et du contenu sur les réalités des Premières Nations et des Inuit pour combler le fossé de méconnaissance et de préjugés.
Nous avons la responsabilité de créer les ponts nécessaires à une nécessaire réconciliation. Nous voulons assurer un avenir sain et exempt de racisme et de discrimination pour nos enfants.
Nous avons les solutions. Nous voulons passer à l’action. Nous vous invitons à saisir l’occasion, à changer l’histoire et à devenir un vecteur de changement.
Nous avons collectivement un devoir de mémoire. Notre histoire est aussi la vôtre.
Denis Gros-Louis, directeur général, Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN)
Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL)
John Martin, Chef de la communauté de Gesgapegiag et chef porteur de l’éducation
Et les soussignés,
Ruth Ahern
Association des Directeurs Généraux des commissions scolaires Anglophone du Québec (ADGSCAQ)
Abdoulaye Anne
Professeur agrégé, Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval
Suzy Basile
Professeure, École d’études autochtones, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Patricia-Anne Blanchet
Chargée de cours et doctorante, Université de Sherbrooke
Corina Borri-Anadon
Professeure titulaire, Département des sciences de l’éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Nicole Bouchard
Rectrice, Université du Québec à Chicoutimi
Isabelle Deshaies
Professeure, Soutien aux apprentissages au préscolaire, Université du Québec à Trois-Rivières
Josée Dion
Directrice adjointe, Centre de Développement de la Formation et de Main-D’oeuvre Huronne-Wendat
Magda Fusaro
Rectrice, Université du Québec à Montréal
François Gagnon
Directeur général, École de technologie supérieure
Luc-Alain Giraldeau
Directeur général, Institut national de la recherche scientifique
Prudence Hannis
Directrice, Institution Kiuna
Sivane Hirsch
Professeure titulaire, Département des sciences de l’éducation,
Université du Québec à Trois-Rivières
Johanne Jean
Présidente, Université du Québec
Harriet Keleutak
Directrice générale, Kativik Ilisarniliriniq School Board
Murielle Laberge
Rectrice, Université du Québec en Outaouais
Lucie Laflamme
Directrice générale, Télé-université
Marie-Claude Larouche
Professeure titulaire, Département des sciences de l'Éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Constance Lavoie
Professeure, Département d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire, Université de Sherbrooke
Denis Martel
Recteur, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Daniel McMahon
Recteur, Université du Québec à Trois-Rivières
Jean-Marie Miron
Professeur titulaire, Département des sciences de l'éducation,
Université du Québec à Trois-Rivières
Sabrina Moisan
Professeure agrégée, didactique de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté, Université de Sherbrooke
Tunu Napartuk
Directeur, Complementary and Compassionate Services, Kativik Ilisarniliriniq
Erik Olsthoorn
Directeur, School Operations, Kativik Ilisarniliriniq
Jean-Pierre Ouellet
Recteur, Université du Québec à Rimouski
Katryne Ouellet
Chargée de cours, Département des sciences de l’éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Sylvie Ouellet
Professeure titulaire, Département des sciences de l’éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Ghyslain Parent
Professeur titulaire, Sciences de l'éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Francis Verreault-Paul
Chef des relations avec les Premières Nations, Université du Québec à Chicoutimi
Annie Pilote
Vice-doyenne, Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval
Liliane Portelance
Professeure associée, Université du Québec à Trois-Rivières
Catherine Poulin
Doctorante en éducation à l'UQAM et chargée de cours à l'UQTR
Jill Robinson
Coordonnatrice Services Éducatifs, Commission scolaire Centrale Québec
Catinca Adriana Stan
Professeure adjointe, Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval
Lise-Anne St-Vincent
Professeure titulaire, Département des sciences de l'éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
Marjolaine Tshernish
Directrice générale, Institut Tshakapesh
Cyndy Wylde
Doctorante et chargée de cours, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue