Legault pressé d'agir pour former les futurs professeurs aux réalités autochtones

« Les Premières Nations travaillent sans relâche […] pour être incluses dans le système éducationnel provincial et y avoir une place à part entière pour le bénéfice de l’ensemble de la société », indiquent les signataires de la lettre.
Photo : Getty Images / skynesher
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans une lettre envoyée mardi au premier ministre François Legault, le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) a réitéré l'importance de mieux former les enseignants en devenir aux réalités et à l'histoire des communautés autochtones du Québec.
Le gouvernement caquiste est pressé d'investir rapidement dans une stratégie visant à contrer les lacunes importantes
, qui contribuent au maintien des préjugés et du racisme systémique à l’égard des Premières Nations et des Inuit
, avancent le CEPN, l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador ainsi que près de 40 signataires issus du milieu scolaire.
Ils estiment qu'encore aujourd'hui, le programme du ministère de l'Éducation suivi par les futurs enseignants comporte trop peu de contenu sur l'histoire des communautés autochtones au Québec et sur les enjeux auxquels celles-ci font face.
Le CEPN, qui représente 22 communautés, affirme pourtant avoir soumis des pistes de solution au gouvernement, comme la création d'une quinzième compétence, élaborée en partenariat avec l’Institut Tshakapesh et le Centre de développement de la formation et de la main-d’œuvre huron-wendat (CDFM).
La mise en œuvre de cette proposition permettrait au corps professoral d'avoir une meilleure compréhension des enjeux des Premières Nations et des Inuit,
selon les signataires de la lettre.
L'occasion tombait à point, explique Nadine Gros-Louis, conseillère aux relations gouvernementales pour le CEPN.
Le référentiel de compétences professionnelles de la profession enseignante – autrement dit, le cadre suivi par les étudiants qui veulent devenir enseignants – est en processus de révision. Il demeure inchangé depuis près de 20 ans.
Au printemps 2019, le Conseil, qui a été invité à participer au processus de révision du référentiel, a suggéré au ministère de dédier une compétence exclusivement aux Premières Nations et aux Inuit, au lieu d'intégrer du contenu les concernant dans chacune des compétences.
Si l'idée plaît aux membres des communautés ainsi qu'à plusieurs experts du milieu universitaire, elle n'a pas été retenue par le gouvernement Legault, indique Mme Gros-Louis.
L'ajout d'une compétence à part serait pourtant plus efficace et efficient
, dit-elle. Les futurs enseignants seraient plus à même de développer une sensibilité afin d'aborder certains sujets touchant les Premières Nations et les Inuit avec leurs élèves, ajoute-t-elle.
Elle permettrait aussi d'apporter des compétences pour ceux qui auront des étudiants
issus de ces communautés, selon Mme Gros-Louis.
« Nous avons tous une responsabilité pour enrayer le racisme et la discrimination. Nous avons une occasion d’outiller le corps professoral pour bien intervenir dans un contexte scolaire positif respectueux des Premières Nations, des Inuit et de la diversité. »
Le Conseil propose en outre d'inclure un volet qui serait intégré aux programmes de formation au cégep et à l'université menant à une pratique professionnelle (médecin, travailleur social, avocat, journaliste ou autre)
, peut-on lire dans la lettre envoyée au premier ministre.
Nadine Gros-Louis sent tout de même une ouverture de la part du gouvernement. Le ministère s'est dit prêt à intégrer du contenu autochtone dans le référentiel de compétences. Dans sa forme actuelle, on trouve zéro mention
des Premières Nations et des Inuit, dit-elle.
Mais l'idéal, ce serait vraiment d'avoir une compétence dédiée
, insiste Mme Gros-Louis.
La façon dont sont formés les futurs professeurs influence la manière dont ils prodigueront leur enseignement par la suite, ajoute-t-elle en substance.
S'il n'y a pas de mention d'une compétence sur les réalités des Premières Nations et des Inuit, il n'y a donc pas de facteur encadrant. Et ça laisse libre-choix aux gens de mettre une chose de l'avant ou non
, explique-t-elle.
Bien qu'un bon nombre de membres du corps professoral fasse preuve d'ouverture, il serait difficile, selon le CEPN, de compter uniquement sur cette bonne volonté.