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Mort de Joyce Echaquan : Legault pressé de reconnaître le racisme systémique

Une vigile s'organise en mémoire de Joyce Echaquan, décédée lundi dans un centre hospitalier de Joliette.

Joyce Echaquan

Photo : Image tirée de Facebook

Le grand chef de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, demande à François Legault d’arrêter de nier la présence de racisme systémique au Québec, au lendemain de la mort de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette.

Joyce Echaquan, une femme atikamekw dans la mi-trentaine, est morte peu de temps après s’être filmée en direct sur Facebook. Dans sa vidéo, elle déclare avoir été surmédicamentée.

Mme Echaquan y appelle à l'aide à maintes reprises. On peut l'entendre crier et prononcer des mots inintelligibles, pendant que du personnel l'insulte.

Une infirmière congédiée

Le premier ministre québécois a annoncé le congédiement d'une infirmière en lien avec ce décès.

Le décès de Joyce Echaquan

Consulter le dossier complet

Une femme tient une photo de Joyce Echaquan.

« Il y a du racisme au Québec, il faut combattre ce racisme. L’infirmière, ce qu’elle a dit, c’est totalement inacceptable, et elle a été congédiée. Maintenant de penser que toutes les infirmières ou tout le système de la santé auraient eu cette réaction, tout le monde va dire ben non », a affirmé le premier ministre lors d'un point de presse.

Le gouvernement pressé d'agir

Pour le grand chef de la Nation Atikamekw, le renvoi de l’infirmière est la moindre des choses, mais en même temps il ne faut pas qu’elle serve de bouc émissaire. Il est impératif pour lui de déterminer exactement ce qui s’est passé.

Pourquoi encore aujourd’hui il y a des propos de la sorte qui sont tenus par des professionnels, et pourquoi encore aujourd’hui il y a des gens qui continuent d'entretenir ce genre de préjugés envers les Premières Nations? , lâche le grand chef.

Il réclame une enquête en bonne et due forme pour apaiser les membres de sa communauté, mais surtout  pour la famille de Joyce Echaquan. 

Il rappelle que le rapport de la commission Viens publié l’an dernier avait dénoncé les pratiques discriminatoires envers les Autochtones dans les services publics au Québec, mais soutient que peu de choses ont changé depuis.

Il faut accélérer le processus.

Une citation de Constant Awashish, grand chef de la Nation Atikamekw

La présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, s'impatiente aussi. Elle souligne que l'hôpital de Joliette a été cité dans le passé par des femmes et des familles autochtones au sujet de services problématiques sur le plan racial et non respectueux. Elle se désole que rien n’a changé et demande au gouvernement de passer à l’action.

Des enquêtes du coroner et du CISSS

Une enquête du coroner a été annoncée mardi matin. La ministre québécoise des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, a qualifié la situation d’alarmante. Nous voulons savoir ce qui s'est produit. Une enquête est actuellement en cours, afin de faire la lumière sur ce drame. Quels que soient les résultats de cette enquête, les propos entendus sont inacceptables et intolérables, a avancé la ministre.

Le premier ministre Legault a aussi confirmé la tenue d'une enquête interne faite par le CISSS. D’autres employés font l’objet d’une enquête et il pourrait y avoir d’autres congédiements annoncés dans les prochains jours.

Un drame qui illustre le racisme envers les Autochtones

Les propos tenus envers la patiente par le personnel sur place suscitent une vague d’indignation en raison de leur contenu raciste.

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec et Labrador (APNLQ), Ghislain Picard, a offert ses condoléances aux proches de la défunte lors d’une conférence de presse mardi.

Je ne sais pas si elle a été victime de mauvais traitement, mais je sais qu’elle a été victime de racisme de la part des infirmières qui devaient en prendre soin. On le sait parce qu’il y a une vidéo de la tragédie. […]. On y reconnaît des préjugés crasses qui continuent d’exister aujourd’hui. Comme celui que nous ne payons rien et vivons aux crochets du gouvernement. C’est un autre cas d’une trop longue série de drames que vivent les femmes autochtones dans les services publics. Le racisme est bien présent et partout dans les services publics, a-t-il déclaré.

M. Picard a réagi ainsi dans le cadre d’une conférence de presse pour annoncer un Plan de lutte contre le racisme et la discrimination envers les Premières Nations au Québec. Le décès de Joyce Echaquan est une triste et choquante coïncidence [le jour même du dévoilement du plan d’action de l’APNQL sur le racisme et la discrimination envers les Autochtones ], mais nous devons nous demander combien de situations du genre ont déjà eu lieu ailleurs dans la province? C’est un rappel qu’on aurait dû se mettre au travail dès le dépôt du rapport Viens il y a un an, pas aujourd’hui, a-t-il ajouté.

Tristesse, indignation et colère

La cheffe de la Première Nation de Lac-Simon et porte-parole du Conseil des femmes élues de l’APNQL, Adrienne Jérôme, ne mâche pas ses mots en réaction à cette mort. Avec ce qui est arrivé à notre sœur Joyce je suis triste, en même temps fâchée, je suis écoeurée. Encore une autre femme autochtone victime de racisme, qui passe par des employés québécois de l’État québécois, parfois c’est aux mains des policiers, mais hier c’était des infirmières.

C’est inacceptable, c’est scandaleux, mais ça doit arrêter.

Une citation de Adrienne Jérôme, cheffe de la Première Nation de Lac-Simon et porte-parole du Conseil des femmes élues de l’APNQL

Le porte-parole du Réseau jeunesse des Premières Nations du Québec et du Labrador, Cédric Gray Lehoux, indique pour sa part qu’il s’agit d’une tragédie qui cause beaucoup d'émotions et d’un nouveau drame qui s'ajoute à une liste beaucoup trop longue. Selon lui, il y a trop de rapports, mais pas assez d’actions qui sont prises pour combattre le racisme.

Je suis indigné, j’étais en colère quand j’ai entendu les propos plutôt désobligeants de la part du personnel soignant de l’hôpital.

Une citation de Paul-Émile Ottawa, chef de la communauté atikamekw de Manawan

De son côté le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a déclaré sur Twitter lundi que les événements choquants entourant la mort tragique de Joyce Echaquan doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et complète.

Le chanteur Samian a indiqué sur la même plateforme être attristé par la nouvelle.

Réactions à Québec

Sur Facebook, la porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé a exprimé sa colère et son amertume et a demandé à ce que la lumière soit faite sur cette terrible et triste histoire.

Personne ne devrait mourir comme ça. Personne ne devrait voir une personne qu'il ou elle aime mourir dans un vidéo en direct sur Facebook. Le racisme, c'est dangereux. Parfois, ça peut même tuer. Je suis de tout cœur avec la famille de Joyce et la communauté de Manawan, écrit-elle.

Interrogée à savoir si elle considère l’événement à Joliette comme étant un cas de racisme systémique, la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, a soutenu qu’il s’agissait d’une situation inacceptable qu’elle ne peut que condamner. Elle se dit toutefois satisfaite de l’annonce d’une enquête du coroner.

Dans une déclaration transmise par courriel, le CISSS de Lanaudière offre ses condoléances aux proches de Mme Echaquan et soutient qu’une enquête est nécessaire pour faire la lumière sur les événements.

Des vigiles s'organisent actuellement sur les réseaux sociaux, dont une prévue mardi à 18 h 30 à l'hôpital de Joliette à la mémoire de Joyce Echaquan.

Avec des informations d'Anne-Marie Yvon

Avec les informations de La Presse canadienne

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