Le pipeline Dakota Access devra cesser ses activités d'ici 30 jours

(Archives) Les Sioux de Standing Rock s'opposent à la construction de l'oléoduc Dakota Access de la compagnie Energy Transfer Partners depuis 2016.
Photo : Getty Images / Justin Sullivan
Un juge du District de Columbia aux États-Unis a ordonné que l’oléoduc Dakota Access, qui fait l’objet d’une vive contestation de la part de nations autochtones et d’environnementalistes depuis quatre ans, cesse ses activités au plus tard le 5 août.
Dans sa décision, le juge James E. Boasberg se range du côté de la nation sioux de Standing Rock et annule le permis de l'entreprise Energy Transfer Partners en vertu duquel du pétrole peut être transporté par l'oléoduc Dakota Access sous le lac Oahe, qui fait partie du territoire de Standing Rock.
« Compte tenu de la gravité des erreurs commises par le Corps des ingénieurs de l’armée américaine en regard de la NEPA [la loi nationale américaine sur l'environnement], […] des dommages potentiels que représente cet oléoduc chaque jour, la Cour est forcée de conclure que le flux de pétrole du Dakota Access doit cesser », note-t-il.
Le juge a dit reconnaître que l’interruption des activités de ce pipeline qui transporte du pétrole depuis trois ans du Dakota du Nord jusqu’en Illinois causera des perturbations
et que ces conséquences affecteront l’industrie pétrolière de plusieurs États.
En mars dernier, le juge Boasberg avait demandé un réexamen du tracé de l'oléoduc. Il avait alors accordé un mois aux deux parties pour le convaincre de suspendre ou non les activités du Dakota Access.
C'est une victoire pour les Sioux de Standing Rock, qui ont tenté de mettre un terme aux activités du pipeline devant les tribunaux, mais aussi sur le terrain. Au cours de la construction du Dakota Access, des manifestations ont donné lieu à de violentes altercations entre les militants autochtones et les autorités.
Long de 1886 kilomètres, le pipeline Dakota Access passe aussi sous la rivière Missouri, juste au nord du territoire des Sioux de Standing Rock, où les membres de la nation vont s’approvisionner en eau.
« Aujourd’hui est un jour historique pour la nation sioux de Standing Rock et toutes les personnes qui nous ont soutenus tout au long de notre bataille contre le pipeline », a déclaré Mike Faith, président du Conseil de la nation de Standing Rock.
« Cet oléoduc n’aurait jamais dû être construit ici. Nous le disons depuis le début. »
Il a fallu quatre longues années, mais aujourd’hui, justice a été faite à Standing Rock
, a réagi Jan Hasselman, avocat du groupe Earthjustice, qui a représenté la nation sioux devant les tribunaux.
Après son arrivée à la Maison-Blanche, le président américain Donald Trump avait ordonné par décret que les projets Dakota Access et Keystone XL soient relancés.
Au terme de plus d’un an d’analyses additionnelles des risques, le Corps des ingénieurs de l’armée américaine avait conclu que l’oléoduc ne représentait pas une menace importante
pour l’environnement.
La compagnie Energy Transfer Partners, qui a toujours assuré que l’oléoduc ne représentait pas de risques pour l’environnement, avait indiqué l’an dernier sa volonté de doubler la capacité du pipeline, et de faire passer sa production de 600 000 à 1,1 million de barils par jour.
Tout juste avant la pandémie, qui a notamment mis à mal l’industrie pétrolière aux États-Unis, le Dakota du Nord – deuxième plus grand producteur au pays à ce chapitre, derrière le Texas – produisait 1,45 million de barils par jour.