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Un site éducatif aux couleurs des Inuit

Image des élèves de l'école Ulluriaq à  Kangiqsualujjuaq fournie par la commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq.

Image des élèves de l'école Ulluriaq à Kangiqsualujjuaq fournie par la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq (Nunavik).

Photo : Pascal Poulin

En quelques semaines, l’équipe des services éducatifs de Kativik Ilisarniliriniq, la commission scolaire du Nunavik, a adapté une plateforme web éducative pour les parents et les élèves inuit. D’importants défis les attendaient toutefois : l’accès Internet et le confinement d’employés à l’autre bout du pays.

La plateforme éducative Nunavik-IcE (Nouvelle fenêtre), offerte en inuktitut, en français et en anglais, devait être lancée sous sa nouvelle mouture à la fin de l’année scolaire. Elle visait à mieux outiller les éducateurs. Tout allait bien, jusqu’à ce que la COVID-19 frappe le pays…

Nous avons tout de suite décidé d’adapter la plateforme pour les parents et les élèves, explique Etua Snowball, directeur des services éducatifs de Kativik Ilisarniliriniq, joint par téléphone à son domicile à Kuujjuaq.

À la mi-mars, Etua Snowball travaillait depuis plusieurs mois sur le projet avec son équipe. Il décide d’accélérer les choses. Mais la faiblesse du réseau Internet lui met rapidement des bâtons dans les roues. Le programmeur est à Vancouver, les développeurs sont aux trois extrémités du Nunavik : Kuujjuaq, Inukjuak et Quaqtaq.

Nous avons un très mauvais réseau Internet ici dans le Nord et c’est difficile de travailler dans ce contexte-là. Parfois, même les courriels ne fonctionnent pas!, explique-t-il.

Etua Snowball, directeur des Services éducatifs de Kativik Ilisarniliriniq.

Etua Snowball, directeur des Services éducatifs de Kativik Ilisarniliriniq.

Photo : Jade Duchesneau Bernier/Commission scolaire Kativik

Qu’à cela ne tienne : l’équipe Internet, de concert avec les professeurs et les conseillers pédagogiques, se retrousse les manches. Ils revoient le site de fond en comble de la maternelle au niveau secondaire en ajoutant des cours et des activités. Mais surtout il faut construire un site léger pour que même les plus mauvaises connexions Internet y aient accès.

Ce site Internet, c’est pour notre monde, en inuktitut, pour leur permettre de progresser au fur et à mesure que les matières deviennent de plus en plus difficiles, raconte l'enseignant.

Le site, conçu en concordance avec le programme du ministère québécois de l’Éducation, mais adapté pour l’environnement et la culture inuit, offre notamment des cours en sciences et en mathématiques. Il propose aussi de nombreuses activités d'arts visuels, de musique et de littérature.

L’équipe voulait construire un univers attrayant, souligne Etua Snowball.

Ainsi, non seulement l’internaute peut naviguer tout en couleurs à travers un portail dernier cri ou l’onglet de recherche, mais plusieurs activités sont interactives ou agrémentées d'effets sonores.

L’internaute qui clique par exemple sur le livre Le monde est en couleur, écrit par Mary Tktu et illustré par Sala Padlayat, entend le son des pages qui tournent.

Image du livre : Le monde est en couleur, un ouvrage sur les couleurs que l’on retrouve dans l'environnement inuit, écrit par Mary Tuktu et illustré par Sala Padlayat, que l'on retrouve sur le site Nunavik-IcE mis en ligne par la commission scolaire du Nunavik Kativik Ilisarniliriniq.

Le monde est en couleur est un livre sur les couleurs que l’on retrouve dans l'environnement inuit, écrit par Mary Tuktu et illustré par Sala Padlayat, que l'on retrouve sur le site Nunavik-IcE mis en ligne par la commission scolaire du Nunavik Kativik Ilisarniliriniq.

Photo : commission scolaire du Nunavik Kativik Ilisarniliriniq

Il y a les histoires de nos aînés [en vidéo] ou comment construire un igloo. On a aussi ajouté des activités comme la sculpture sur savon propre à notre culture, donne-t-il en exemple.

Les élèves peuvent ainsi suivre les étapes de la sculpture sur savon ou l’impression en pochoir et en styromousse, mais apprendre du même souffle que la sculpture est pratiquée par les Inuit depuis des milliers d’années ou encore que l’impression est pratiquée au Nunavik depuis les années 1960, lorsqu’un premier atelier a ouvert ses portes à Puvirnituq.

Notre objectif était de créer un site Internet moderne qui respecte le programme éducatif de la culture occidentale, mais dans notre culture et appuyé par la science, explique-t-il.

Questionné sur un exemple de fait qui pouvait être remis en question, Etua Snowball cite la glace de mer (l’utilisation des icebergs comme source d’eau potable).

On peut utiliser l’eau de glace pour survivre!, affirme-t-il.

Le site suggère différentes leçons allant de l’histoire de la glace de mer et du climat à l’apprentissage des molécules d’eau en passant par une activité permettant aux enfants de devenir des enquêteurs de glace de mer.

Des élèves de l'école Sautjuit à Kangirsuk (Nunavik) du réseau de la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq.

Des élèves de l'école Sautjuit à Kangirsuk (Nunavik) du réseau de la Commission scolaire Kativik.

Photo : Gary Koiter/Commission scolaire Kativik

Un Normand au Nunavik

La grammaire en inuktitut est également offerte sur le site web. Un projet sur lequel l’équipe œuvrait bien avant la pandémie. 

Nous avons dû embaucher des linguistes, car il n’y en a pas beaucoup qui connaissent l’Inuktitut... et nous avons même embauché un linguiste... Parisien!, raconte Etua Snowball sur un ton rieur.

Cet enseignant d'Inuktitut, confiné ces jours-ci dans son lieu de résidence en Normandie, Marc-Antoine Mahieu, travaille à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Université Sorbonne), à Paris. Il s’est ainsi rendu au Nunavik le printemps dernier pour aider l'équipe à mettre sur pied ce volet particulier.

Malgré la crise sanitaire, nous continuons de travailler ensemble à distance. Beaucoup de travail reste à accomplir dans ce domaine, explique monsieur Mahieu, joint en France.

Ce dernier continue notamment d'avoir des échanges quasi quotidiens avec Tukirqi Pilurtuut, une développeuse de logiciel inuk du programme.

Alors que la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq a choisi de mettre fin à l’année scolaire 2020 – contrairement au gouvernement québécois pour l’instant – Etua Snowball espère que le site pourra aider les élèves et leurs parents à continuer d’apprendre à la maison. 

Mais surtout, il espère que ce confinement pourra contribuer à unir les familles et faire en sorte que tous profitent de cette période pour reconnecter les enfants avec la culture inuit

Photo d'un élève de l'école Piguirvik à Salluit dans le réseau de la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq (Nunavik).

Élève de l'école Piguirvik à Salluit (Nunavik) dans le réseau de la Commission scolaire Kativik.

Photo : Jade Duchesneau Bernier

J’espère que nous pourrons encourager des familles à faire des activités culturelles comme nous le faisions dans le passé. C’est une période qui peut permettre aux enfants d’apprendre la pêche et la chasse avec leurs parents.

C’est quelque chose que nous avons le temps de faire en ce moment, il faut tenter d'en profiter, conclut-il.

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