Cafouillage de deux hôpitaux envers deux Innus atteints par le coronavirus

L'hôpital de Sept-Îles abrite les bureaux du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord.
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Au moins deux Innus infectés par le coronavirus soutiennent qu'on leur a refusé des tests de la COVID-19, dont un sous le prétexte qu’il n’y a pas de cas sur la Côte-Nord. Or, ces personnes étaient bel et bien porteuses et atteintes par le virus.
Ces informations ont été obtenues lors d’entrevues avec la famille d’un des malades et une personne infectée par le virus.
Retournées chez elles avec un faux diagnostic, ces personnes ont été en contact avec bien d’autres membres de la communauté de Uashat mak Mani-utenam qu’elles ont pu à leur tour infecter.
Une des personnes a dû retourner à trois reprises à l'hôpital de Sept-Îles, selon sa famille, avant d’obtenir le test. La personne a finalement été transférée au CHU de Québec où elle est intubée et sous sédation.
Cette personne s'était rendue la première fois à l'hôpital le lundi 23 mars, alors que le premier cas de COVID-19 dans la MRC de Sept-Rivières, dont fait partie Sept-Îles, a été rendu public le lendemain de cette première visite.
Pendant cette semaine d’attente, cette personne qui faisait partie du Comité des mesures d’urgence de sa communauté a côtoyé plusieurs membres du conseil de bande, si bien que les autorités innues de Uashat mak Mani-utenam sont maintenant en quarantaine.
L’autre personne s’est rendue à l'hôpital de Port-Cartier, à 60 kilomètres à l'ouest de Sept-Îles. Elle affirme qu'on on lui a refusé de passer le test pour déterminer si elle était atteinte du coronavirus; elle a été retournée chez elle avec un diagnostic de sinusite.
Or, elle est maintenant atteinte de la COVID-19 et elle risque d’avoir contaminé ses enfants et d’autres personnes pendant la semaine qui s’est écoulée sans soins. Autant de personnes à retracer et à mettre en quarantaine maintenant.
Est-il normal de refuser de passer des tests à des personnes qui ont des symptômes sous le prétexte qu’il n’y a pas de cas sur la Côte-Nord ?
Le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord (CISSS) ne répond pas à cette question qui lui a été posée à plusieurs reprises pendant trois jours.
A-t-il aussi révisé sa prise en charge des personnes ayant des symptômes de la COVID-19?
Aucune réponse à cette question non plus.
Dépistage dans la communauté de Uashat mak Mani-utenam
Mardi soir, dans une vidéo diffusée en innu-aimun (la langue innue) sur Facebook, le chef Mike Pelash McKenzie a annoncé que le dépistage se ferait dorénavant dans la communauté même.
Des chambres de l’hôtel Quality Inn, propriété des Innus, seront disponibles pour les personnes qui doivent observer une quarantaine et qui ne peuvent le faire chez elles, à cause du surpeuplement des maisons.
La communauté de Uashat mak Mani-utenam a aussi installé une guérite pour éviter que des non-résidents ne pénètrent dans les villages.
Les Innus peuvent toutefois circuler pour aller faire leur épicerie. Même chose à Ekuanistshit (près de Mingan sur la Côte-Nord), qui a de plus imposé un couvre-feu de 22 heures à 4 heures.
Les Atikamekw
Les trois communautés atikamekw – Manawan, Wemotaci et Opitciwan – vont encore plus loin.
Des barrières ou des guérites surveillent aussi les allées et venues. Les résidents peuvent faire leur épicerie sur place, si bien que seules les personnes ayant des urgences peuvent sortir de la communauté. Au retour, elles doivent obligatoirement se mettre en quarantaine.
Aucun cas de COVID-19 n’a encore été recensé dans ces communautés.