Wet'suwet'en : « La consultation, ce n’est pas le consentement »

Marlene Hale, de la nation Wet’suwet’en, prend la parole à la manifestation de Montréal.
Photo : Radio-Canada / Laurence Niosi
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le conflit qui oppose la nation Wet'suwet'en au projet de gazoduc de la compagnie Coastal GasLink a eu pour effet de fédérer l’ensemble des nations autochtones du pays autour d’une question de compétence territoriale et de gouvernance.
« Les chefs qui ont dit oui n’avaient pas la juridiction sur le territoire et n’avaient pas la juridiction sur la question qui entourait le territoire », dit d’entrée de jeu Melissa Mollen Dupuis, invitée à participer à l’émission Espaces autochtones en direct vendredi. La militante innue précise qu’il y a confusion dans le droit canadien et chez les Canadiens. Ces derniers ont de la difficulté, selon elle, à faire la différence entre les nations, entre les communautés autochtones, entre les pouvoirs du conseil de bande et ceux des chefs héréditaires.
Présente sur le plateau, Marlene Hale, une militante de la nation Wet’suwet’en, installée à Montréal depuis plusieurs années, considère qu'une politique de la division règne dans ce conflit. « Mettre les chefs de bande contre les chefs traditionnels, ceux qui veulent les pipelines contre ceux qui ne veulent pas les pipelines. C’est une des raisons pour lesquelles la mobilisation de support aux Wet’suwet’en a été si grande. »
Melissa Mollen Dupuis renchérit : « C’est un enjeu qui va se refléter sur toutes les provinces. On a tous des projets qui sont actuellement mis de l’avant et pour lesquelles on bénéficie de la division des chefs et de la communauté; on peut penser à GNL qui s’en vient au Québec. »

Claude Bellefeuille et Jérémy Baudet.
« Ils n’ont pas fait ça comme il faut »
Militant et rappeur, le Micmac de Gesgapegiag Quentin Condo considère que « le gouvernement sait très bien qui est en charge de ce territoire ». Selon lui, comme il n’a pas eu la réponse qu’il espérait des chefs héréditaires, il est allé voir les chefs des conseils de bande.
Si les chefs [héréditaires] disent non, c’est non, c’est leur territoire. La consultation, ce n’est pas le consentement.
Marlene Hale considère que, malgré le conflit en cours, la réconciliation n’est pas morte même si, selon elle, plusieurs le pensent. Elle insiste pour ne pas fermer la porte à cette réconciliation.
« La réconciliation est morte, vive la réconciliation! », ajoute Melissa Mollen Dupuis qui souhaite avancer dans une nouvelle forme de réconciliation « qui ne sera pas facile, mais qui va être ancrée sur la discussion ».
« Et les chefs héréditaires l’ont bien dit : "On ne fait pas ça juste pour les Wet'suwet'en, on fait ça pour tout le monde, pour l’avenir des Canadiens". »
« Il faut penser à long terme, ajoute Isabelle Picard, car ce shutdown à court terme, oui, ça va brasser des choses, mais pensez aux retombées sur l’environnement de ce projet-là. »
L’heure est à l’apprentissage, selon Quentin Condo, « parce que ça fait des années qu’on dit qu’on peut stopper toute l’économie du Canada quand on voudra, mais ça a pris [la nation Wet’suwet’en] pour qu’on le fasse. Mais on ne voulait pas le faire ».
S’il comprend les enjeux économiques, il rappelle que c’est le bon moment pour prendre les Autochtones au sérieux.
« Justin Trudeau devrait prendre ça comme un moment d’apprentissage. »