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La création au service de la réconciliation

Barbara Diabo, danseuse et chorégraphe mohawk, participe à la mini-résidence d'artistes autochtones. Elle a été invitée dans une classe de 4e année du primaire à l'école Plein-Soleil de Candiac.

Barbara Diabo, danseuse et chorégraphe mohawk, participe à la mini-résidence d'artistes autochtones. Elle a été invitée dans une classe de 4e année du primaire à l'école Plein-Soleil de Candiac.

Photo : Radio-Canada / Anne-Marie Yvon

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Six créateurs autochtones sont partis à la rencontre de jeunes écoliers aux quatre coins du Québec. Jusqu’au 6 décembre, ils participent à des mini-résidences dans le cadre du projet À la rencontre des Premières Nations, portant sur l’identité autochtone et la réconciliation.

Les jeunes de 4e année du primaire de l’école Plein-Soleil à Candiac étaient excités le 7 novembre. Et ce n’est pas parce qu’ils avaient senti l’arrivée précoce de la neige! Ils recevaient la visite de la danseuse et chorégraphe mohawk Barbara Diabo.

shé: kon (bonjour) ont-ils répondu en chœur lorsque celle-ci les a salués en entrant dans leur classe.

Ils avaient bien retenu les quelques phrases que Barbara Diabo, originaire de Kahnawake, une communauté située à une quinzaine de kilomètres, leur avait apprises lors de sa première visite quelques semaines plus tôt.

Développé par l’organisme culturel Communication-Jeunesse (CJ), dont la mission est de faire la promotion de la lecture et de la littérature d’œuvre d’ici, « le projet de mini-résidences est avant tout de permettre à des élèves de rencontrer des créateurs autochtones des communautés voisines », explique Isabelle Chartrand-Delorme, la coordonnatrice chez CJ.

« Encore aujourd’hui, en 2019, il y a très peu de contacts entre les Autochtones qui sont dans les réserves et les villages, les villes qui sont juste à côté. »

— Une citation de  Isabelle Chartrand-Delorme

Outre le volet création littéraire, le projet s’est élargi pour englober la transmission orale. « Barbara [Diabo], à la base, elle est danseuse, chorégraphe, mais ses danses racontent des histoires », explique Isabelle Chartrand-Delorme.

Puisqu’on est dans la tradition orale, « c’était intéressant de voir de quelle manière les jeunes allaient pouvoir s’approprier ces enseignements-là, ce qu’ils retenaient du mouvement de l’expression corporelle et comment ça pouvait se traduire par écrit avec ce qu’elle raconte », dit encore la coordonnatrice du projet.

Car les jeunes seront invités, après la dernière résidence, à raconter ce qu’ils retiennent de ces rencontres.

« Je ne montre pas seulement la danse à travers une histoire de la danse, j’invite plutôt les jeunes à penser à leurs propres danses, leur propre histoire », raconte la chorégraphe mohawk qui souhaite les inviter à réfléchir à leur relation avec la nature.  

« Quelles sont les connaissances autochtones qui sont importantes pour tout le monde? Je focalise, à cet âge, sur la nature et sur notre relation avec la nature », souligne Barbara Diabo.

Lors de leur dernier rendez-vous, le 21 novembre, les jeunes de 4e année apprendront « comment on construit une histoire selon des perspectives autochtones, comment on danse et on chante les histoires ».

Barbara Diabo, danseuse et chorégraphe mohawk, participe à la mini-résidence d'artistes autochtones. Elle a été invitée dans une classe de 4e année du primaire à l'école Plein-Soleil de Candiac.

Barbara Diabo, danseuse et chorégraphe mohawk, participe à la mini-résidence d'artistes autochtones. Elle a été invitée dans une classe de 4e année du primaire à l'école Plein-Soleil de Candiac.

Photo : Radio-Canada / Anne-Marie Yvon

Pendant ce temps, de passage à la bibliothèque de Sorel-Tracy, l’auteure Christine Sioui Wawanoloath a étonné son jeune auditoire, des élèves de 6e année, surpris que cette Abénakise, par sa mère, et Wendat, par son père, ne parle aucune langue autochtone. L’occasion était belle d’expliquer certains pans méconnus de l’histoire, qui ont provoqué la perte des traditions et de la culture, y compris la langue.

Elle explique aussi qui elle est et d’où elle vient, elle raconte l’histoire de son ancêtre Wawanoloath « qui était un guerrier ».

« Avec elle, les jeunes apprennent à créer un récit à partir des contes et légendes et des récits rapportés d’ancêtre en ancêtre et comment on le porte par écrit de manière actuelle », précise Isabelle Chartrand-Delorme.

Christine Sioui Wawanoloath plonge son jeune auditoire dans l’univers du superhéros « à la manière autochtone ».

Lors de leur deuxième rencontre, le 25 novembre, les élèves auront à créer et à illustrer un texte sur le thème d’un superhéros, et lors du dernier rendez-vous ils liront leur récit devant la classe.

« Je leur demande d’inventer un superhéros ou une superhéroïne abénakis », explique l’autrice, qui les a préparés en leur parlant de Glouskap, un héros légendaire.

Connaissent-ils suffisamment l’histoire des Abénakis ? « Ah, je leur ai demandé de faire des recherches, comme moi quand j’écris des livres, je fais toujours de la recherche », insiste l'auteure de plusieurs contes pour enfants et de pièces de théâtre.

Contrairement aux autres créateurs invités, Marie-Andrée Gill s’est promenée entre la bibliothèque de la communauté innue de Mashteuiatsh et celle de Saint-Félicien.

La poétesse souhaitait raconter aux jeunes Innus des pans de leur histoire qu’ils connaissent moins. « Je leur ai fait faire des exercices d’écriture pour leur montrer comment l’écriture, ça peut être libérateur, guérisseur, et ça peut les ouvrir sur leurs émotions et sur le monde ».

À la bibliothèque de Saint-Félicien, elle a parlé des pensionnats : « Je trouvais important de dire que nos ancêtres vivaient dans le bois et d’expliquer pourquoi maintenant on vit dans les réserves », mentionne l’auteure de plusieurs recueils de poésie.

« Les jeunes de Saint-Félicien insistaient pour que je leur lise ma poésie, ils ont été plus réceptifs que je le pensais. »

— Une citation de  Marie-Andrée Gill

Avec Marie-Andrée, on travaille la notion de territoire, explique Isabelle Chartrand-Delorme, la coordonnatrice du projet chez Communication-Jeunesse, on explore ces lieux communs du quotidien et comment on peut se les réapproprier.

La prochaine visite de Marie-Andrée Gill portera sur l’estime de soi à travers des ateliers d’écriture. « Je leur ai dit que les valeurs chez les Innus, c’est le respect, le partage, l’humour, j’essaie de les faire écrire autour de ces sujets-là. »

Pour Isabelle Chartrand-Delorme, « la beauté de ce projet c’est que les créateurs avaient carte blanche. »

À Cacouna, l’auteur de théâtre et acteur Dave Jenniss a choisi de créer une installation artistique et une murale sur la langue wolastoqiyik (malécite) avec des élèves de 3e et 4e année du primaire.

À Québec, l’artiste Diane Andicha Picard s’est lancée dans la création d’un objet autochtone avec un groupe de 5e année, alors que l’auteure Maya Cousineau Mollen se servira de son moyen d’expression favori, la poésie, lors de ses rencontres avec un groupe de 5e secondaire de Sept-Îles.

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