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États-Unis : la représentation des Autochtones est « désastreuse »

La militante autochtone Tara Houska devant un arbre pendant une légère tempête de neige.

Tara Houska, membre de la Première Nation Couchiching Anishinaabe, est une avocate en droit autochtone et une ancienne conseillère du sénateur américain Bernie Sanders. Elle a été une des leaders de la mobilisation de 2016 à Standing Rock contre la construction de l'oléoduc Dakota Access.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Villeneuve

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Environnement, droits des peuples autochtones, réconciliation... Ces mots sont beaucoup plus présents dans le vocabulaire des Canadiens depuis quelques années, mais moins chez les Américains, estime l'avocate en droit autochtone et militante environnementale Tara Houska. Rencontre.

La reconnaissance et les droits des peuples autochtones sont loin d’être optimaux aux États-Unis, affirme d’emblée Tara Houska, une citoyenne américaine de la Première Nation de Couchiching Anishinaabe.

D’abord, de nombreux citoyens américains ignorent l’existence actuelle des Autochtones. Aux États-Unis, 573 nations autochtones sont reconnues par le gouvernement fédéral. Mais cela, le citoyen moyen aux États-Unis n’en a aucune idée, selon elle.

Lorsque j’ai déménagé à Washington D.C., il n’était pas rare que quelqu’un me dise : “Je croyais que vous étiez un peuple éteint”, relate-t-elle pour illustrer le problème.

Cette ignorance, elle est due en partie à la représentation des Autochtones, selon Mme Houska, que ce soit dans les médias ou dans les livres scolaires. Il n’y a pas un seul présentateur ou journaliste autochtone au niveau national, affirme-t-elle.

Au niveau de l’éducation, 80 % des livres ne mentionnent pas l’existence des communautés autochtones. Ils ne mentionnent rien après les années 1900. Et seuls 4 États américains sur 50 parlent des pensionnats autochtones, ajoute Tara Houska.

« Je dirais que la situation quant à la représentation est plutôt désastreuse. Et quant aux droits des Autochtones, il y a un long chemin à faire. »

— Une citation de  Tara Houska, avocate en droit autochtone

Et si la couverture médiatique sur les femmes autochtones disparues et assassinées aux États-Unis s’est améliorée, il y a encore du travail à faire au niveau judiciaire. Ce sont des disparitions et des meurtres que l’on ne surveille même pas. Au Canada, il y a eu une enquête. Aux États-Unis, on ne garde même pas de données, déplore l'avocate.

Elle ajoute que le système de justice américain ne permet pas aux Autochtones de se protéger.

Aux États-Unis, les réserves ont leurs propres tribunaux. Ces instances ne peuvent toutefois pas poursuivre les non-Autochtones.

Un non-Autochtone peut venir dans les réserves, commettre des crimes odieux et possiblement ne jamais être poursuivi […] On doit compter sur les agents du FBI pour traduire les non-Autochtones en justice, mais ils ne prennent en charge les dossiers qu'environ 70 % du temps. Et environ 4 % de ces dossiers se transportent devant les tribunaux, indique-t-elle.

« Pour des personnes oeuvrant dans la traite de personnes, par exemple, les réserves autochtones sont vues comme des lieux où il est possible de faire de l’exploitation et d’avoir accès aux femmes et aux enfants. »

— Une citation de  Tara Houska, avocate en droit autochtone

Standing Rock, un mouvement qui fait encore des vagues

La citoyenne de la Première Nation de Couchiching Anishinaabe souligne toutefois que la situation s’améliore, notamment depuis la mobilisation de Standing Rock, en 2016.

« Je crois qu’avec Standing Rock, l’humanité a pris conscience que, d’abord, les Autochtones en Amérique du Nord existent encore et, ensuite, que le combat entre la communauté autochtone et l’État perdure toujours et que le comportement violent au nom de l’État pour tenter de prendre le contrôle d'un territoire se manifeste encore aujourd'hui. »

— Une citation de  Tara Houska, avocate en droit autochtone

Au niveau sociétal, des organisations ont notamment changé leur approche envers les Autochtones. Elles ont reconnu que les Autochtones ne sont pas des personnes que l'on ne considère qu'accessoirement ni que l’on ne considère qu’après coup […] J’ai constaté plus de signes d’inclusion de la part d'organisations nationales, explique Mme Houska.

La militante constate aussi que les gens comprennent un peu plus les Autochtones et que le gouvernement fédéral nous inclut un peu plus [dans leur processus législatif], dit-elle.

Le droit de manifester

Si Standing Rock a fait avancer la cause des Autochtones, la mobilisation a toutefois eu un impact négatif sur les droits des citoyens américains. Depuis quelques années, plusieurs États ont instauré des lois criminalisant les manifestations contre les pipelines.

Des victoires contre ce genre de mesures législatives ont toutefois lieu à petite échelle. C'est notamment le cas au Minnesota, où réside Tara Houska. ALEC (American Legislative Exchange Council), le groupe qui a tenté de mettre en place des peines criminelles contre ceux qui manifestent contre les pipelines, a ainsi été contrecarré à plusieurs reprises.

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