Un premier restaurant autochtone à Montréal inspiré par la passion
La chef Norma Condo, du restaurant autochtone Miqmak Catering, Indigenous Kitchen, à Montréal
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La chef micmaque Norma Condo a réalisé son rêve en ouvrant son restaurant et service de traiteur à Pierrefonds, dans l’ouest de l’île de Montréal. Au menu : la passion d'une chef au parcours non linéaire.
En devenant la première restauratrice autochtone de Montréal, Norma Condo ne s'attendait pas à des débuts aussi intenses.
« Ça a été un peu fou ces derniers jours », lance la chef, surprise encore de l’engouement pour son restaurant Miqmak Catering Indigenous Kitchen, un petit local situé sur le boulevard Gouin à côté d’un bar et d’une boucherie halal.
Au menu, des classiques de différentes cuisines autochtones – du thé du Labrador, du pain bannique (ou luskinikn, en micmac), du riz sauvage, des salades aux petits fruits – mais aussi des spécialités de la maison. Norma Condo sert notamment des beignets au saumon, avec une relish à base d’algues cultivées dans la baie des Chaleurs.
Originaire de la communauté de Gesgapegiag, en Gaspésie, la restauratrice de 42 ans a vécu longtemps aux États-Unis avant de retourner au pays pour suivre des cours dans une école d’hôtellerie.
Son inspiration lui vient toutefois essentiellement de sa grand-mère qui cuisinait des plats traditionnels tous les dimanches. « Et maintenant, je passe la tradition à mes enfants, car ils m’aident dans la cuisine », dit la mère de cinq enfants, dont Leah, 17 ans, « spécialiste des salades ».
La restauratrice a occupé divers emplois avant d’aboutir en restauration. « J’ai essayé du travail de bureau, mais je n’étais pas heureuse. La cuisine est ma passion », dit la chef, qui parle couramment le français, l’anglais et le micmac.
« Je me suis toujours dit qu’un jour j’allais avoir mon propre restaurant, je vais retourner aux traditions, et servir des clients », ajoute-t-elle.
Et c’est mission accomplie pour la chef. Mis à part le café de la Maison ronde du square Cabot, qui n’ouvre qu’en été, aucun autre établissement ne se spécialise en mets autochtones dans la métropole, jadis habitée par les peuples iroquoiens.
« Incroyable, n’est-ce pas? », s’étonne elle-même la chef micmaque.
Place aux aliments non transformés
Dans la cuisine de Norma, les aliments non transformés occupent une place centrale. Exit le sel, le poivre, le beurre.
« La raison pour laquelle j’ai commencé à faire cela c’est en raison du diabète », une maladie qui fait des ravages dans les communautés autochtones, raconte Norma Condo.
« Mon père est diabétique, et j’ai commencé à modifier les recettes pour qu’il puisse manger ce qu’il aime », poursuit-elle.
Une autre chose qu’elle ne sert pas dans son restaurant est le gibier sauvage, comme l’orignal. Les lois au Canada obligent les restaurateurs à utiliser une viande qui provient d'un animal sacrifié dans un abattoir. Une réglementation que dénoncent de nombreux cuisiniers autochtones à travers le pays.
« C’est notre cuisine traditionnelle et nous ne pouvons pas la servir en restaurant », déplore la chef.
Son premier restaurant à peine ouvert, Norma Condo a déjà des plans d’en ouvrir un autre dans la prochaine année. Au centre-ville de Montréal cette fois. À suivre!