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Femmes autochtones : Trudeau évite d'utiliser le mot « génocide »

Trois femmes assistent à la présentation du rapport.

Le rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées a été reçu avec beaucoup d'émotion par les proches des victimes.

Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le premier ministre Justin Trudeau a évité de prononcer le mot « génocide » lors de son allocution à la cérémonie de fermeture de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées (ENFFADA), à Gatineau. Le mot se trouve toutefois au centre du rapport final remis lundi au gouvernement du Canada.

« Aujourd'hui, nous fermons un chapitre », a affirmé le premier ministre Justin Trudeau après avoir reçu le rapport de 1200 pages en mains propres, à la cérémonie qui avait lieu au Musée canadien de l'histoire, à Gatineau.

M. Trudeau a assuré que les recommandations du rapport ne seraient pas « tablettées, accumulant de la poussière ». Le gouvernement travaillera, a-t-il ajouté, sur un plan national, en collaboration avec les peuples autochtones, pour mettre fin aux violences faites aux femmes.

Le premier ministre n'a toutefois jamais évoqué le terme de « génocide » pour parler de ces violences, comme il en est question maintes fois dans le rapport.

Un geste qui a « déçu » la commissaire Michèle Audette. « À ceux qui ne pensent pas qu'il s'agit d'un génocide, nous avons 1200 pages pour le prouver », a-t-elle indiqué en faisant allusion au rapport.

L'utilisation de ce terme dans le rapport va beaucoup plus loin que le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, qui parlait plutôt de « génocide culturel » à l'endroit des peuples autochtones.

Pour en venir à qualifier de « génocide » l'attitude des gouvernements à travers l'histoire du Canada, les quatre commissaires se sont inspirés de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU, qui définit le génocide comme « l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

La commissaire Audette a donné l'exemple de ces femmes expulsées des communautés autochtones parce qu'elles avaient épousé des non-Autochtones. Des femmes qui, selon la commissaire, devenaient plus vulnérables à la ville.

Pour la commissaire Audette, c'est toute la question du « droit à la sécurité de ces femmes qui est posée ».

Mme Audette a également donné l'exemple de ces enfants envoyés dans les écoles « indiennes » de jour ou dans les pensionnats, qu'on a coupés non seulement de leurs parents, mais aussi de leur langue et de leur culture. Une dépossession, selon elle, qu'on peut associer au génocide.

Dans le rapport déposé lundi par l'ENFFADA, le mot génocide est employé à 122 reprises.

231 recommandations

Parmi ses 231 recommandations, le rapport préconise la création d'un poste d'ombudsman et d'organismes de surveillance de la police, de même que la mise sur pied « d’un tribunal des droits des Autochtones et des droits de la personne ».

« Il faut un véritable changement de paradigme pour se débarrasser de ce colonialisme dans la société canadienne », a réitéré la commissaire en chef Marion Buller lors de la cérémonie de clôture de l'enquête.

La commissaire a aussi envoyé un message aux survivantes et à leurs proches, dont plusieurs dizaines étaient réunis dans la salle. « Vos vérités ne seront pas effacées. Vous avez aidé à réécrire l'histoire canadienne », a-t-elle ajouté.

Les commissaires ont également appelé le gouvernement à éliminer la discrimination faite aux femmes autochtones, notamment celle qui est enchâssée dans la Loi sur les Indiens.

Des centaines de femmes autochtones de partout au pays ont fait le voyage à Gatineau pour le dépôt du rapport final de cette enquête qui a sillonné le pays pendant plus de deux ans et entendu 2000 personnes.

Plusieurs femmes avaient apporté à la cérémonie des photos de leurs proches disparus, ou portaient sur elles une épinglette d'une robe rouge, qui représente les femmes disparues et assassinées.

La GRC va se pencher sur le rapport

Sans s'engager à suivre les recommandations des commissaires de l'ENFFADA, la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, s'est engagée à étudier leur rapport.

« La GRC va étudier le rapport final et ses recommandations, et elle va examiner soigneusement les changements qui pourraient renforcer les enquêtes, soutenir les survivants et leurs familles, réunir les parties prenantes et leurs partenaires, et réduire la violence envers les femmes, les filles et la communauté des personnes bispirituelles-LGBTQ autochtones », a-t-elle déclaré.

Parmi les recommandations du rapport  :

  • Un ombudsman des droits des Autochtones
  • Un tribunal des droits des Autochtones
  • Un plan d'action national qui toucherait l’éducation, la santé, l’emploi, la sécurité et les soins de santé
  • Des organismes civils de surveillance de la police
  • Au Québec, un Protecteur du citoyen destiné aux Autochtones
  • Au Québec, une enquête sur les enfants autochtones disparus

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