De l'ombre à la lumière grâce à l'artiste atikamekw Meky Ottawa

Des oeuvres de l'artiste atikamekw Meky Ottawa, exposées à la Maison du Conseil des arts de Montréal. Elle y présente son exposition Résurgence.
Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Villeneuve
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Meky Ottawa ne cesse de conquérir les espaces culturels montréalais. Elle expose actuellement ses œuvres photographiques à la Maison du Conseil des arts de Montréal, avant de les déplacer, début mars, à la Maison de la photo de Montréal.
Meky Ottawa aime beaucoup le rose, même si la jeune femme ne s'habille qu'en noir, ou presque. Le rose s’est emparé de la série de photos de femmes autochtones qu’elle a créée dans le cadre du projet Résurgence, une résidence de création et de diffusion proposée par la Maison de la photo de Montréal, en collaboration avec le Conseil des arts de Montréal (CAM) et d’autres partenaires.
Renouer avec la lumière
« Je voulais mettre ces femmes dans des couleurs joyeuses, rouges, roses, ça atténue le sujet qui est dur », explique la première artiste autochtone à se prévaloir de cette résidence de création. « Ça atténue le cadre dramatique et ça adoucit les angles de l’image présentée », ajoute-t-elle.
L’histoire des femmes autochtones est une histoire de discrimination. Les femmes autochtones ont été victimes d'un génocide au Canada, soutient ces jours-ci la commissaire de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), Michèle Audette.
Meky Ottawa a photographié des femmes non sans les avoir « mises en scène ».
« Mon idée initiale c’est un genre de magazine haute-couture où tu vois les femmes qui sont représentées par un mot ou quelque chose », des personnages qu’elle a imaginés il y a déjà un certain temps.
Il y a la Lady in pink, la Monster bitch rest, la Spirit Ghost, la 13. Cette dernière est représentée sur une carte à jouer portant le numéro 13, c’est la reine.
« Elle représente plusieurs symboles pour moi. Elle a deux têtes, cette personne. » Et qu’est-ce que ça veut dire pour elle? « Je n’aime pas vraiment trop expliquer parce que j’aime que les gens reçoivent l’information et en fassent leur propre interprétation. »
Mais il y a beaucoup de messages dans ses photos, « des secrets » dit-elle. Son travail est très personnel, « comme un journal intime », et ces femmes ce sont des « personnages stéréotypes. »
Difficile de faire abstraction de La pendue. Baignée d’une lumière rose enveloppante, recouverte d’un grand vêtement blanc, la tête en bas, mais le visage relevé elle nous fixe de son regard perçant.
Si une image vaut mille mots, que dire de Cut here? « Les femmes sont souvent vues comme des morceaux de viande et on peut se servir », la description qu’en fait Meky Ottawa est sans équivoque.
Les huit photos de l’artiste autodidacte originaire de la communauté de Manawan, dans Lanaudière, sont présentées jusqu’au 1er mars à la Maison du Conseil des arts de Montréal.
« Depuis 2 ans, on a décidé d’ouvrir notre mezzanine et de donner l’espace à des artistes en arts visuels qui correspondent aux groupes d’artistes dans le cadre de l’inclusion, donc les créateurs autochtones et ceux issus de la diversité culturelle », explique Tania Orméjuste la directrice des communications et des initiatives territoriales au Conseil des arts de Montréal pour expliquer la présence en ces lieux de Meky Ottawa.
L’inclusion est une priorité pour le CAM qui veut favoriser l’accès à divers groupes d’artistes, dont les créateurs autochtones.
Avec l’appui du Conseil des arts de Montréal, l’artiste montréalaise d’origine algonquine Jobena Petonoquot a ainsi été la première lauréate autochtone de la résidence Empreintes du Musée des beaux-arts de Montréal. Depuis le début de l’année et jusqu’en mars, elle est à réaliser un projet de recherche-création.
En ce qui concerne le projet de Meky Ottawa, « la Maison de la photo de Montréal est le porteur de la résidence et l’a organisée avec d’autres partenaires », précise Tania Orméjuste. Le CAM a de son côté offert l’espace d’exposition.
« »
Cette visibilité, Meky l’aura. Le 1er mars, le fruit de sa résidence de création et de diffusion quittera le CAM pour s’installer du 3 au 31 mars à la Maison de la photo de Montréal.
Un point de vue 100 % autochtone
« L’autochtonie et la diversité ce n’est pas la même problématique », selon Luce Vallières, directrice du développement, Maison de la photo de Montréal. « C’est pas la même histoire, pas le même questionnement par rapport au présent, on trouvait ça le fun d’avoir justement un point de vue qui est propre aux Autochtones », ajoute-t-elle.
« Quand on a lancé le mot Résurgence, on trouvait que ça résonnait bien et elle [Meky Ottawa], je trouve qu’elle se l’est approprié à 200 % », mentionne encore Luce Vallières en précisant « elle nous avait déjà décrit qu’elle voulait faire des portraits de femmes qui sortaient de zones d’ombre. »
Quelques lieux ont été approchés par la Maison de la photo de Montréal pour reprendre l’exposition photo de Meky Ottawa au cours des prochains mois. « On veut la faire tourner le plus possible », espère Luce Vallières.
Pendant ce temps, Meky Ottawa s’est remise au travail. Elle a été accueillie par le Centre CLARK et le Projet Tiohtià:ke de l’Aboriginal Curatorial Collective/Collectif des Commissaires Autochtones(ACC/CCA) pour une résidence de création. L’artiste visuelle y présentera le résultat de sa création le 13 mars.
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