Rafle des années 60 : une séance d'information à Montréal

Des manifestants à l'extérieur de la cour en août
Photo : La Presse canadienne / Michelle Siu
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les victimes de la « rafle des années 60 », ces Autochtones arrachés à leurs parents et placés dans des familles d'accueil non autochtones, pourront en savoir plus mardi, à Montréal, sur les compensations prévues pour elles dans un règlement de 800 millions conclu par le gouvernement fédéral l'été dernier.
Tealy Normandin a été adoptée en 1969 dans une famille blanche de Montréal quand elle avait trois ans. Même si elle a toujours su qu’elle était adoptée, la Mohawk – dont la famille biologique est de la communauté de Kahnawake – a souffert toute sa vie de son déracinement culturel.
Mardi, l’agente de liaison au Foyer pour femmes autochtones de Montréal sera à la séance d’information prévue toute la journée à la Maison du développement durable, rue Sainte-Catherine Ouest, avec des dizaines d’autres survivants de la rafle.
La séance fait partie d’une tournée de 21 dates à travers le pays qu’a amorcée le mois dernier Collectiva, l’administrateur des réclamations. Celle à Montréal est la seule prévue dans la province.
L’année dernière, le gouvernement a conclu à l'amiable une action collective avec les Inuits et les Premières Nations pour un montant total de 800 millions de dollars. En vertu de l’entente, chaque victime de la rafle des années 1960 (« Sixties Scoop », en anglais) doit recevoir jusqu'à 50 000 $.

Tealy Normandin, aujourd'hui agente de liaison au Foyer pour femmes autochtones de Montréal, a été adoptée à l'âge de trois ans.
Photo : Radio-Canada / Laurence Niosi
Pour être admissible aux dommages-intérêts, le requérant doit être un Indien inscrit au sens de la loi ou un Inuit, ayant été adopté et confié à des parents adoptifs non autochtones au Canada entre le 1er janvier 1951 et le 31 décembre 1991. À noter que les Métis et les « Indiens non inscrits » ne sont pas inclus dans l’entente.
Mélanie Vincent, qui s’occupe de l’organisation de la séance à Montréal, dit s’attendre à au moins une quarantaine de personnes. « Mais dans les autres séances [ailleurs au Canada], il y a toujours eu plus de monde que ce qu’on croyait », précise-t-elle.
Des documents difficiles à retrouver
Pour obtenir une compensation, les requérants doivent remplir d’ici le 30 août prochain un formulaire de réclamation, de même que présenter des documents, comme des documents d’adoption ou des certificats de changement de nom légal.
La procédure est d’autant plus complexe qu’une grande partie des victimes n’ont plus de lien avec leur famille adoptive. « Je travaille avec beaucoup d’itinérants par exemple qui n’ont ni de contact avec leur famille adoptive ni avec la famille biologique, et n’ont pas du tout accès à ces documents », affirme Tealy Normandin, qui sera à la séance d’information principalement pour amener du soutien moral à ses clients. Elle a elle-même soumis sa demande en ligne l’été dernier.
Aujourd'hui, Mme Normandin pense verser une partie de la compensation du gouvernement à ses enfants, qui ont tout comme elle souffert de son déracinement, souligne-t-elle. Mais le chèque du gouvernement fédéral lui procure une sensation « douce-amère ». « C’est comme "voici un chèque et on ne veut plus jamais entendre parler de vous ni de vos problèmes" », dit-elle, avec un trémolo dans la voix.
« L’argent ne règle rien, et ne me redonne pas ce qui m’a été enlevé », ajoute-t-elle.