L'histoire autochtone racontée par les principaux concernés

Des élèves de la Première Nation Blackfoot regroupés devant le pensionnat autochtone à vocation industrielle Saint Joseph (aussi appelée Dunbow), à l'est de High River, en Alberta, en 1888.
Photo : Archives provinciales de l'Alberta
Depuis 2009, juin est le Mois national de l'histoire autochtone. Cela dit, que sait-on de cet important segment de l'histoire du pays? Si les manuels scolaires ont été révisés pour consacrer un peu plus d'espace à la contribution des peuples autochtones, il reste encore bien du chemin à faire.
Un texte d'Anne-Marie Yvon avec CBC
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, publié en décembre 2015, recommandait que l'histoire des Autochtones, et particulièrement l'héritage des pensionnats autochtones, soit soulignée dans les programmes scolaires partout au Canada, rappelant que « pour pouvoir préparer l’avenir, les Canadiens doivent examiner le passé et en tirer des leçons. »
En 2017, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, demandait lui aussi aux gouvernements provinciaux de mieux enseigner l’histoire autochtone pour refléter plus équitablement de grands pans méconnus ou dont on a fait abstraction au fil du temps.
« Une véritable réconciliation avec les peuples autochtones commence d’abord par la reconnaissance de notre histoire », souligne Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), dans un communiqué soulignant le Mois national de l’histoire autochtone.
Il ajoute que ce Mois « est l’occasion de saisir la balle au bond pour abolir des préjugés et briser des mythes, notamment par la promotion de notre richesse culturelle et de notre histoire, par le biais de l’éducation. »
Au Québec, les manuels d’histoire de 3e et 4e secondaire ont été révisés au cours des deux dernières années pour inclure plus de contenu autochtone. Malgré tout, les critiques de parents, d’enseignants et d’activistes autochtones soutenant que le nouveau cours d'histoire, implanté dans le cadre d’un projet pilote dans plusieurs établissements scolaires, ne reflétait toujours pas assez la contribution des peuples autochtones.
Le gouvernement du Québec a entendu les critiques. Le mois dernier, la sous-ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur, Sylvie Barcelo, l’a annoncé dans une lettre envoyée aux conseils scolaires. Elle y précise que les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation « ont eu un impact » sur le programme et que les manuels ont été révisés et réédités à la demande du ministre, à temps donc pour l'année scolaire 2018-2019.
Selon la sous-ministre, la version révisée « reflétera mieux la perspective autochtone ».
Le président de la coalition d'enseignants et de parents, Robert Green, un enseignant à l’école secondaire Westmount s'est félicité du changement. Toutefois, il souhaiterait que le Québec apporte des changements au programme que les enseignants utilisent pour déterminer l'orientation de leur cours, plutôt que de simplement apporter des modifications ou d’ajouter des sections au manuel. Cet automne, le programme de 4e secondaire sera officiellement implanté dans les classes.
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Des initiatives pour rattraper le retard
L’historien Médérik Sioui fait partie de la coalition d'enseignants et de parents qui se sont mobilisés pour apporter des changements aux manuels scolaires. Selon lui, ces ouvrages avaient, jusqu’à récemment, été préparés par des historiens « occidentaux » qui présentaient presque exclusivement leur vision de l’histoire.
Outre les livres utilisés en classe par les jeunes Canadiens, il souhaite que le Mois national de l’histoire autochtone serve aussi à remettre les pendules.
« Il faudrait parler des parties plus sombres, du milieu du 19e siècle aux années 70, 80 » dit-il, en rappelant que les années 1850 à 1950 sont très peu présentes dans les livres d’histoire.
Pour Médérik Sioui, « Y’a de la fierté à aller chercher, parce que sans cette partie-là, peut-être qu’on aurait pu disparaître si nos anciens n’avaient pas été aussi combatifs, proactifs dans a résistance. »
En collaboration avec les Premiers Peuples et leurs mémoires vivantes, ce consultant en histoire créée actuellement du matériel pédagogique permettant d’intégrer la vision de l’histoire des Premières Nations. Il souhaite que le tout soit accessible d’ici 2022.
Son projet Histoire du Canada : perspectives des Premiers Peuples vise la population en général et particulièrement les professeurs non autochtones.
Un sondage pancanadien sur les besoins des enseignants des niveaux secondaire, collégial et universitaire lui a permis de constater que ceux-ci souhaitaient plus de ressources et de documentation véhiculant la vision des Premières Nations.