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Des outils pour enseigner l’innu comme langue seconde

Yvette Mollen devant un ordinateur portable présentant une fiche grammaticale.

Yvette Mollen enseigne l'innu à l'Université de Montréal et à Montréal autochtone. Elle a développé des fiches grammaticales en innu et en français l'an dernier.

Photo : Radio-Canada / Anouk Lebel

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En innu, il n'y a ni masculin ni féminin, mais plutôt un genre animé ou inanimé. Si les animaux et les arbres sont animés, le couteau (mukuman) et la fourchette (tshakaimaun) sont inanimés. Mais le mot cuillère (emikuan) est un nom animé.

Un texte d’Anouk Lebel

« Ceux qui apprennent l’innu, ils veulent tellement avoir une règle. Mais des fois, il n'y a pas de règle ou de logique », lance Yvette Mollen, mi-amusée. Depuis l’été dernier, elle enseigne l’innu à des débutants à l’Université de Montréal. Elle l'enseigne également à Montréal autochtone depuis septembre.

À l'Université de Montréal, ses étudiants sont non autochtones. Elle profite toutefois de l’occasion pour développer du matériel pédagogique pour les enfants innus qui apprendront un jour la langue de leurs parents comme langue seconde.

Dans certaines communautés comme Uashat mak Mani-Utenam et Pessamit, sur la Côte-Nord, la langue innue est en déclin. « La plupart des enfants qui entrent à l’école, ils ne parlent plus leur langue », déplore Mme Mollen.

«  »

— Une citation de  Yvette Mollen, enseignante d’innu

Elle a développé l’an dernier une série de fiches orthographiques et grammaticales pour le Centre d’amitié autochtone du Saguenay, entre autres sur la notion de nom animé ou inanimé. Elle a également conçu des jeux pour que les débutants puissent se familiariser avec le concept.

« Je voulais que ça soit fait d’une façon simple pour monsieur ou madame Tout-le-monde qui veut apprendre la langue », explique-t-elle.

Une langue standardisée

« On est très avancés dans le développement de matériel de référence par rapport à d’autres langues autochtones », explique Anne-Marie Baraby, linguiste et spécialiste de la langue innue.

Depuis cinq ans, un dictionnaire de plus de 27 000 mots est disponible en ligne et tient compte de l'ensemble des dialectes parlés au Québec et au Labrador. De son côté, la linguiste Lynn Drapeau a publié une grammaire innue de 600 pages en 2014.

La plupart des dialectes ont été standardisés en une seule orthographe dans les années 80, rappelle Mme Baraby. Peu d'Innus ont appris à la lire, puisqu'elle n'était pas enseignée dans les écoles publiques et les pensionnats autochtones.

« Ils n’ont pas eu de formation dans leur langue. Ils n’ont pas appris à la décortiquer, à savoir qu’est-ce qu’un nom ou un verbe », note-t-elle.

Avant d'enseigner à l'Université de Montréal, Yvette Mollen a d'ailleurs donné, pendant des années, des cours aux Innus qui connaissent la langue, mais pas ses règles de grammaire ni son orthographe.

« C’est comme un casse-tête, il faut coller les morceaux. »

Un cahier utilisé par Yvette Mollen lors d'un de ses cours d'innu
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Un cahier utilisé par Yvette Mollen lors d'un de ses cours d'innu

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Un retour à l’université

L’innu est la première langue autochtone enseignée au Centre de langues de l’Université de Montréal. Depuis l’été 2017, un peu plus d’une soixantaine d’étudiants ont suivi les cours de niveau 1 et 2 d’Yvette Mollen, estime Gabriella Lodi, responsable de la coordination pédagogique.

Clara Ruestchmann a suivi le cours à la session d’automne, dans le cadre de ses études à la maîtrise en histoire de l’art. « Même si je ne travaille pas sur l’art innu, je voulais quand même avoir des notions en langue autochtone », dit-elle. « Ça permet aussi de découvrir la culture. »

Il s’agit du premier cours de langue autochtone offert à l’Université de Montréal. Mme Lodi souligne que, malgré son déclin, il s'agit d'une langue encore bien vivante dans plusieurs communautés, ce qui la rend attrayante pour les étudiants qui désirent par la suite y travailler.

«  »

— Une citation de  Gabriella Lodi, responsable de la coordination pédagogique, Centre de langues de l'Université de Montréal

Le succès d'artistes comme l’auteur-compositeur-interprète Florent Vollant et la poète Joséphine Bacon suscitent aussi de l’intérêt pour la langue, croit-elle.

L’Université Laval a longtemps offert un cours d’innu dans le cadre de son programme d’anthropologie, mais il n’est plus au programme depuis 2011, année du départ à la retraite du professeur Gerry McNulty.

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