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Procès pour le meurtre de Tina Fontaine : les preuves étaient minces, disent des avocats

Manifestations à la suite du procès sur la mort de Tina Fontaine.

Manifestations à la suite du procès sur la mort de Tina Fontaine.

Photo : Radio-Canada / Denis-Michel Thibeault

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Bien que l'acquittement de Raymond Cormier, accusé de meurtre au deuxième degré dans la mort de Tina Fontaine, ait choqué de nombreuses personnes, des juristes affirment que le jury ne pouvait pas faire grand-chose d'autre.

« Il s'agissait d'un cas très mince, il y avait très peu de preuves », a déclaré Scott Newman, porte-parole de la Criminal Defence Lawyers Association of Manitoba.

Cormier, 56 ans, a plaidé non coupable du meurtre de la jeune Autochtone de 15 ans, dont le corps a été retiré de la rivière Rouge le 17 août 2014.

«  »

— Une citation de  Scott Newman, Criminal Defence Lawyers Association of Manitoba

La Couronne n'avait ni preuve médicolégale ni témoin oculaire reliant directement Cormier à la mort de Tina, et la cause de sa mort demeure indéterminée.

La preuve essentiellement circonstancielle de la Couronne reposait sur des déclarations secrètes de Cormier, ainsi que des témoignages de personnes qui ont dit avoir vu Cormier et Tina ensemble avant son départ du Best Western Charterhouse Hotel, au centre-ville de Winnipeg, le 8 août 2014.

Selon Jody Ostapiw, présidente de l'Association des avocats de la défense du Manitoba, l'absence de preuves médicolégales a considérablement nui au dossier de la Couronne.

« Ce n'est même pas qu'il n'y avait aucune preuve médicolégale reliant M. Cormier à la housse de couette ou au corps de Mme Fontaine, mais le fait est qu'il y avait d'autres empreintes génétiques sur cette housse », a-t-elle déclaré dans une interview.

Interprétation contestée

Les procureurs de la Couronne ont soutenu que les déclarations prétendument faites par Cormier dans ces enregistrements équivalaient à des admissions de culpabilité.

L’avocat de la défense de Cormier a rétorqué que les transcriptions de police des enregistrements ne pouvaient pas être vérifiées de façon indépendante en écoutant les enregistrements.

Il a contesté l'interprétation des déclarations de Cormier faite par le ministère public, qui soutenait que ce sont les mots d'un homme obsédé par la mort de Tina et préoccupé par le fait de trouver son assassin.

« Les commentaires que la Couronne a signalés dans ces opérations d'écoute électronique n'étaient pas encore des aveux complets », a déclaré Jody Ostapiw.

« Il s'agissait clairement de discussions à propos de Mme Fontaine, de ce qui est arrivé à Mme Fontaine, mais elles étaient ouvertes à l'interprétation. »

La mort de Tina Fontaine demeure toutefois un mystère suite à l'acquittement de Raymond Cormier.

Le procès de Cormier s'est déroulé sans enquête préliminaire, qui sert au Manitoba à vérifier la preuve avant le procès. L’avocat Scott Newman a dit que, si une enquête préliminaire avait eu lieu, le cas de Cormier n'aurait probablement jamais été jugé.

« Je pense que la vraie question est de savoir si cette affaire aurait même été classée après une enquête préliminaire, ce qui aurait peut-être épargné beaucoup de temps et d'argent pour le procès », a-t-il dit.

David Milward, professeur de droit à l'Université du Manitoba soupçonne que la décision de demander une inculpation directe avait plus à voir avec la pression exercée sur le ministère public pour que l'affaire soit jugée rapidement.

« Vous avez Tina Fontaine, une jeune Autochtone qui a été assassinée, et encore une autre affaire de femmes autochtones disparues et assassinées, un véritable coup de tonnerre public », a-t-il dit.

« Cela m'a frappé, car c'est pour cela que l'accusation voulait agir très rapidement. »

Quant à la perspective d'un appel, la Couronne a très peu de latitude pour interjeter appel dans un procès devant jury.

« Malheureusement pour les membres de la famille de Mme Fontaine, je suis sûre qu'ils sont déçus, mais étant donné les preuves que nous avons reçues du ministère public, je suis d'accord que le ministère public n'a pas prouvé la culpabilité hors de tout doute raisonnable, » conclut Jody Ostapiw, présidente de l'Association des avocats de la défense du Manitoba.

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