Présenter la culture autochtone est l’objectif que s’est donné Bonnie Lepine Antoine. Pouvoir le faire en français est un accomplissement. Celle qui fait partie des premières cohortes à avoir obtenu une scolarité entièrement en français en Colombie-Britannique est émue de pouvoir travailler pour le conseil scolaire qui l’a formée.
C'est une grande joie de pouvoir redonner à ma communauté et de comprendre l'identité et les enjeux en milieu minoritaire de mes élèves
, raconte celle qui a l’impression de ne jamais avoir quitté sa famille scolaire.
Si les droits des francophones sont importants pour Bonnie Lépine Antoine, sa lutte s’est réorientée avec les années. Je me suis toujours battue pour les droits des peuples francophones, mais là, je me concentre plus à défendre les droits des peuples autochtones.
Elle sait que comme directrice de l’éducation autochtone, elle a une voix. Je peux participer à bâtir et développer un programme qui peut être bon pour tout le monde.
L’enseignant Eric Boisvert et l’aide pédagogique spécialisée Jodi Roberts reconnaissent leur chance de pouvoir bénéficier de la présence régulière de Bonnie Lépine Antoine dans leur classe.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Et cet apport unique est remarqué notamment par l’enseignant de la classe du secondaire de l’École des Collines-d’or, à Kamloops, Eric Boisvert, qui apprécie sa passion et le fait qu’elle prenne le temps de faire des classes natures avec les élèves, en leur montrant les plantes indigènes, par exemple, ou encore qu’elle leur enseigne des chants autochtones ou le cercle de parole. Ça nous inspire également parce qu’on veut transmettre cette culture-là, du mieux qu’on peut. C’est sûr que c’est moins facile lorsqu’on n’est pas autochtone nous-même
, constate l’enseignant.
Dans la classe, au son du tambour, les élèves de Bonnie Lépine Antoine chantent la chanson de bienvenue du peuple Secwepemc. Un peu plus tard dans la journée, ils regardent sur grand écran une prestation du groupe acadien Salebarbes. Encore une fois, les identités multiples sont à l’honneur, et ici, c’est la norme. La directrice de l’éducation autochtone fonde son espoir sur ces jeunes, si ouverts et assoiffés d’apprendre.
Elle est également convaincue que la pédagogie autochtone permettra de créer une génération bien branchée sur ce qui l’entoure, une génération de personnes qui comprendront ce qui est important pour leur bien-être et celui de leur famille et leur communauté.
Pour elle, les principes comme être observateur, parler moins, respecter les autres et être honnête sont des valeurs clés pour créer des relations basées sur l’empathie. Je pense qu'on va voir un autre monde, dans peut-être dix ans. [...] Ils vont développer peut-être plus d'empathie et vraiment prendre soin de la communauté.
Cette écoute et cet amour pour les autres, Bonnie Lépine Antoine en est l’incarnation même. Dans chacun de ses gestes, elle donne l’exemple et ouvre la voie pour la création de la société qu’elle souhaite : une société réconciliée.
Quelle que soit la mission de vie que s’est donnée Bonnie Lépine Antoine, elle priorise sans aucun doute son mari, Frank Antoine, et, surtout, ses trois enfants, Maya, Riel et Séquoia.Photo : Radio-Canada / Frederic Gagnon