Charlevoix en 70 histoires ancrées entre fleuve et montagnes

La région de Charlevoix charme les visiteurs depuis plus de 200 ans avec ses paysages entre fleuve et montagnes, ses tables champêtres et l’accueil chaleureux des gens qui y habitent. Cet été, ses forces vives et son histoire surprenante prendront une nouvelle dimension grâce à Cité Mémoire Charlevoix, une expérience immersive unique qui propose sept parcours captivants jusqu’à La Malbaie.

Si les sites exceptionnels de Charlevoix pouvaient parler, ils raconteraient des histoires surprenantes sur les gens qui s’y sont enracinés et ont contribué à son bourgeonnement. Avec le parcours Cité Mémoire Charlevoix, des créateurs et créatrices d’ici ont trouvé le moyen de donner une dimension humaine bouleversante à l’exploration de ce territoire enchanteur.

À l’aide d’une application mobile gratuite, les personnes qui visiteront la région cet été pourront se laisser guider par du contenu numérique qui met en valeur son histoire et ses habitants. Le projet élaboré par Montréal en Histoires, qui dévoile des pans méconnus du passé de la métropole québécoise depuis 2016, est spécialement adapté au vaste territoire charlevoisien, que l’on sillonne en voiture et en bottes de randonnée.

« On a réussi à se déployer sur 2 000 km² », souligne l’historien Martin Landry, l’un des créateurs de Cité Mémoire Charlevoix. « Puisqu’il y a des secteurs où il n’y a pas de réseau cellulaire, on propose aux gens d’écouter les capsules à des endroits précis où il y a eu une occupation humaine, en roulant d’une destination à l’autre ou en attendant le traversier à Tadoussac ou à l’Isle-aux-Coudres. »

Un passé riche à réinventer

En tout, 70 histoires sont racontées (en français et en anglais) sous forme de balados, d’ambiances sonores ou de réalité augmentée. Elles sont réparties sur sept routes qui mènent toutes à La Malbaie, où se trouve le clou du spectacle : cinq projections immersives qui ressemblent à de courtes pièces de théâtre et dont la magie se révèle à la tombée du jour.

Dans un coin de pays où l’histoire est déjà mise en valeur dans des circuits et des musées, il fallait trouver une nouvelle manière de la raconter. En mariant une technologie enveloppante, une distribution composée d’acteurs québécois et de citoyens ainsi que les textes du dramaturge renommé Michel Marc Bouchard, Cité Mémoire Charlevoix fait passer l’information par l’émotion. « Je nous considère comme des allumeurs de curiosité, souligne Michel Lemieux, concepteur des projections. C’est une offre artistique, touristique et historique unique au monde et en plus, c’est gratuit. »

Soirées enchantées à La Malbaie

Pour des vacances réussies, quoi de mieux que de déposer ses valises dans le berceau de la villégiature au Canada? La Malbaie a accueilli les premiers bateaux blancs avec à leur bord de riches Américains en quête de nature grandiose. Aujourd’hui, l’hôtel renommé Fairmont Le Manoir Richelieu et le Casino de Charlevoix brillent au sommet de la falaise comme deux majestueuses forteresses. Il semblait naturel d’en faire un théâtre à ciel ouvert. Le tableau « Être d’adon » de Cité Mémoire Charlevoix est d’ailleurs placé entre le Manoir et le Casino, et montre les visages d’une cinquantaine de citoyens qui accueillent les visiteurs.

Sur le cap Blanc se déploie la grande fresque « Avoir du cran », pour laquelle la comédienne Guylaine Tremblay narre la genèse de la région, de l’écrasement de la météorite qui a creusé l’astroblème il y a 400 millions d’années à l’arrivée des Premières Nations. « On montre des personnages qui sortent des murs, et dans ce cas-ci de la falaise, pour nous raconter un peu de leur histoire », souligne Michel Lemieux, qui a réalisé sa première projection sur pierre avec ce tableau.

Au sol, sur le sentier du Havre, surgit une rivière chargée de billots interactifs qui permet de devenir soi-même un draveur. Le texte de Michel Marc Bouchard est un collage à partir du roman Menaud, maître-draveur, écrit dans les années 1930, et s’est nourri du témoignage d’un des derniers Charlevoisiens encore vivant à avoir exercé ce métier périlleux.

Donner des visages aux luttes sociales

Derrière le Musée de Charlevoix, l’histoire de Ti-Louis l’aveugle, interprété par Vincent Leclerc, permet d’évoquer la réalité des ouvriers. « Ce conteur-itinérant laissé dans les oubliettes de l’histoire s’en va jaser de classes sociales et de conditions de travail avec les employés d’entretien. L’histoire des Forget de Charlevoix, qui est bien connue, est abordée d’un nouvel angle très intéressant », constate l’historien Martin Landry.

De la même manière, « Les muses de Charlevoix », un conciliabule de pionnières devant l’église de Pointe-au-Pic, expose les luttes féministes avec intelligence et humour. Thérèse Casgrain, militante pour le droit de vote des femmes, Laure Conan, première romancière québécoise, et Laure Gaudreault, enseignante et syndicaliste, se retrouvent pour dîner et se font donner par erreur le menu des hommes, qu’elles trouvent fort intéressant. Marie-Ève Beaulieu, Marie-Chantal Perron et Marie-Thérèse Fortin donnent un visage et une voix à ces figures importantes, qui montrent que la région fut un terreau fertile pour les acteurs des grandes transformations de la société québécoise.

Le circuit sur deux kilomètres que forment les projections de Cité Mémoire Charlevoix s’ajoute à l’offre d’activités culturelles, de plein air et de détente déjà riche du secteur. Vivante et envoûtante, Charlevoix regorge de richesses à amasser comme un trésor, pour vivre des vacances inoubliables.

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