L'imaginaire foisonnant de l'auteure vancouvéroise Lyne Gareau se déploie dans un premier roman où flore sauvage et urbanité désincarnée habillent l'univers étonnant de personnages disparates, mais habités d'une même quête d'appartenance.
Pour cette pédagogue fraîchement retraitée, La librairie des insomniaques marque un nouveau départ et témoigne d'une plume littéraire qui s'abreuve aux rives de son territoire, sur la côte ouest de la Colombie-Britannique.
Des lieux et des lettres est une série de rencontres avec des auteurs francophones de l'Ouest. Sous forme d'entretiens accompagnés d'une « visite guidée », elles vous font découvrir leur parcours, leurs écrits et leur attachement à leur quartier, à leur ville ou à leur région.
Lyne Gareau en quelques mots
Lyne Gareau est passionnée de littérature et de langue française, deux assises qui ont orienté sa carrière dans l’enseignement et l’écriture. Née à Montréal, elle s’est installée en Colombie-Britannique en 1979, séduite par la beauté de la côte ouest. Elle y a fait une maîtrise en éducation puis a enseigné le français à l'Université Capilano pendant près de 20 ans.
On lui doit deux ouvrages jeunesse et quatre micro-nouvelles, ainsi que des textes pour diverses publications. Pourtant, Lyne Gareau a attendu l’heure de la retraite pour signer son tout premier roman grand public, La librairie des insomniaques, publié aux Éditions du Blé (2017). L’auteure partage aujourd'hui sa vie entre Vancouver et l’île Saturna.
Vancouver est une ville de juxtapositions de lieux et il y a beaucoup d’endroits secrets… Dans toute ville, je pense qu’il y a ces endroits incongrus, mais qui nous attirent.
Lyne Gareau et Célyne Gagnon dans une ruelle de Vancouver Photo : Radio-Canada Dans les mots de Lyne Gareau
C'est entre le chaos de la ville et la plénitude de la mer que Lyne Gareau a brodé son tout premier roman, La librairie des insomniaques.
Quand on dit Vancouver, il y a une image stéréotypée qui nous vient. En ne nommant pas la ville, j’espère amener le lecteur à explorer d’autres aspects de cette ville. [...] On n’a pas besoin de toujours nommer les choses, mais on peut les sentir.
Extrait de La librairie des insomniaques :
« Ils approchaient de la voie ferrée. Il y avait bien longtemps que les trains avaient cessé d’y circuler, que la compagnie ferroviaire avait détruit les jardins communautaires, que la ville avait acquis le terrain pour y créer un corridor vert, que le gouvernement avait été renversé au cours d’une élection, que le projet avait été remisé dans les limbes.
Pendant longtemps, on avait parfois pu y rencontrer une petite laitue, un lapin abandonné ou des roses sauvages. On n’y trouvait plus maintenant que des mégots, de vieux matelas remplis de punaises de lit voraces et des plaques d’eau marécageuses où survivaient tant bien que mal les peupliers.
La saison des pluies avait été courte mais intense, et les arbres avaient pu s’épanouir. Courageux. Tenaces. Leurs bourgeons résineux et odorants sur le point d’éclater. »
J’ai besoin de solitude, mais j’ai aussi besoin de communauté. J’ai besoin de Vancouver, la vitalité, la bibliothèque, le Chan Center.
L'auteure Lyne Gareau devannt la bibliothèque municipale de Vancouver Photo : Radio-Canada Lyne Gareau au pied de la lettre
L’ouvrage sur ma table de chevet?
En ce moment, il y en a une pile! Sur le dessus, Le club des miracles relatifs, de Nancy Huston, un des ouvrages finalistes du Combat des livres 2018, de Radio-Canada.
À l’école, j’étais particulièrement douée pour…
Rêver!
Pour moi, la vie, ce n’est pas fait de grandes choses, c’est un tissu de toutes petites choses qui rendent la vie merveilleuse.
Mon habitude quotidienne pour sauvegarder l’environnement?
Le chérir.
La musique idéale pour prendre la route?
Une musique aléatoire, sur mon téléphone. J’aime qu’on choisisse pour moi.
Mon truc pour surmonter l’insomnie?
Si quelqu’un peut me donner une réponse à cette question-là! Mon truc, maintenant, c’est simplement de l’accepter.