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« Elle va te dire où est-ce qu’il faut qu’elle aille, cette peinture-là » - Roger LaFrenière, artiste peintre.
L'art de Roger Lafreniere
Peintre de renom inspiré par les paysages de l’Ouest, le Franco-Manitobain Roger LaFrenière a développé son propre dialogue avec la toile qui, au fur et à mesure des coups de pinceau de l’artiste, suggère à son auteur sa composition.
Un texte de Denis Chamberland
Ce tête-à-tête créatif est le fruit d’un attachement de longue date entre Roger LaFrenière et la peinture.
Éveil à la peinture
Durant l’été 1956, le jeune Roger LaFrenière, 12 ans, explore avec enthousiasme les allées d’un magasin de matériaux d’art pendant que sa marraine fait des courses à la boutique d’à côté.
Sans le savoir, le jeune Roger pose un geste apparemment anodin, mais qui marquera le reste de sa vie.
J’ai ouvert un tube, je l’ai senti, et ça m’a pogné comme ce n’est pas croyable. J’ai dit : "Pourquoi est-ce que ça m’attire tellement?" Puis j’ai regardé la couleur sur mes doigts, je m’en souviens encore, un jaune cadmium et ça m’a vraiment attiré.
Première peinture de Roger LaFrenière, 19 août 1959, Winter sunset, 20 x 25 cm Photo : Roger Lafrenière
Voyant l’intérêt de son filleul pour la peinture, sa marraine, qui aimait toujours le gâter lorsqu’il lui rendait visite, lui achète un boîtier en bois contenant peintures, pinceaux et petites toiles.
Premières leçons
Une fois chez lui, le jeune Roger est exposé aux rudiments de la peinture.
Ma mère m’a procuré des leçons avec les sœurs, ce n’était pas pour moi. Elles m’ont fait faire un quadrillé, ce n’était pas assez vite pour moi.
Mais son intérêt pour l’art ne se dément pas. Il poursuit ses recherches et, avec le temps, adopte une méthode plus relâchée, fluide et spontanée.
Deuxième toile de Roger LaFrenière, réalisée le 21 août 1959 Photo : Roger Lafrenière
Il n’y a rien que tu peux faire de travers. Artistiquement, arrange-toi comme tu veux, tu penses que tu as massacré une toile, bien, si tu travailles un petit peu, tu peux la retrouver ta toile. Sinon, ce n’est pas la fin du monde, c’est juste de la couleur. Alors tu remets du blanc et tu recommences et tu as l’avantage d’avoir une belle texture en dessous pour commencer.
En 1969, deux ans après avoir obtenu son diplôme de la Faculté des arts de l’Université du Manitoba, Robert LaFrenière organise sa première exposition au Centre culturel franco-manitobain.
Oeuvre de Roger Lafrenière, Fence 45 x 61 cm Photo : Roger Lafrenière
L’émotion dans la toile
Les toiles de Robert LaFrenière s’inspirent des paysages de la région de la montagne dans le sud-ouest du Manitoba, d’où vient sa mère.
C’est un paysage qui m’importe. Moi, j’ai passé énormément de temps dans ces côtes là, à faire du toboggan en hiver avec les cousins, à aller faire de la chasse et de la pêche.
The hills, peinture de Roger LaFrenière. Photo : Roger LaFrenière
Même s’ils s’inspirent à l’occasion de photos, les paysages de Roger Lafrenière restent abstraits. Le mouvement, la texture et le choix des couleurs permettent à l’observateur d’insérer ses propres émotions dans la toile, comme le dit l’artiste.
Selon Roger LaFrenière, il y a un parallèle à faire entre la sculpture et la peinture. Si le sculpteur, comme le disait l’artiste de la Renaissance Michel-Ange, doit libérer la forme humaine emprisonnée à l’intérieur du bloc, le peintre lui, doit libérer le paysage de son lavis.
Chacune des peintures de Roger LaFrenière commence avec un lavis, Photo : Radio-Canada/Denis Chamberland
Roger LaFrenière observe son lavis, l’analyse et fouille du regard les formes et les couleurs à la recherche d’indices qui l’aideront à faire ressortir le paysage qui s’y cache.
Un nouveau paysage naît de chaque lavis, au moment où l’artiste brosse sa toile à l’aide des premières couleurs diluées à l’eau.
Tu frottes dessus, puis tu frottes dessus, puis, tout d’un coup, tu dis : "Non." Puis, quand tu l’as regardé assez longtemps, tu dis : "Bien oui, c’est là que c’est." La peinture a toujours su que c’était là, c’est à toi à trouver ça.
Roger LaFrenière cherche à travers les formes de son lavis le paysage qui s'y cache. Photo : Radio-Canada/Denis Chamberland
De la plaine à l’étendue d’eau
Après avoir peint pendant plus de 50 ans les paysages des plaines, Roger LaFrenière aimerait maintenant peindre de l’eau.
L’eau de la région de Penetanguishene, en Ontario, là où s’est établie en provenance de France, il y a trois générations de cela, la famille de son père.
Je me loue un chalet et un bateau et je passe trois semaines à naviguer, prendre des photos, connaître le monde, aller frapper aux portes, retrouver mes racines du côté de mon père.
Oeuvre abstraite de Roger Lafrenière, Chaleur automnal 2.1 x 3.6 m. Photo : Roger Lafrenière
Ce projet lui tient à cœur. C’est personnel parce que je l’ai fait du côté de ma mère, puis là, j’aimerais bien le faire du côté de papa.
Cela fait dire à l’artiste de 78 ans qu’il ne se lassera jamais de son travail de peintre.
« Not in my lifetime, dit-il en riant. Il y a trop de choses à faire, il y a encore bien trop de peintures à faire et bien trop de directions à essayer de suivre. »