À première vue, on ne reconnaît pas le basson, cet instrument à vent qui mesure environ 2,5 mètres. Catalina Klein sort un premier souffle et, en entendant ces sons comiques et graves, on s’imagine toutes les bandes dessinées dans lesquelles il pourrait figurer.
Le basson est un instrument atypique qui choisit son maître et non l’inverse. C’est exactement ce qui s’est passé pour Catalina Klein.
C’est le basson qui m’a choisie et très rapidement, j’en suis tombée amoureuse.
À l’adolescence, la bassoniste était plutôt flûtiste. La Costaricienne s’imaginait faire des solos dans des orchestres. La vie avait d’autres plans pour elle, du moins un autre rôle musical.
Le basson a besoin de personnes… différentes. C’est le clown de l’orchestre. On ne veut pas être drôle, on veut bien sonner! Mais l’Université du Costa Rica n’avait plus besoin de flûtistes.
Quelques décennies plus tard, elle maîtrise plusieurs bassons, incluant son plus grand amour, le basson baroque. Chacun, explique-t-elle, a une personnalité distincte qu’il faut d’abord comprendre avant de pouvoir les jouer.
Il faut être flexible et prêt à redevenir débutant lorsqu’on passe d’un basson à l’autre. Ce ne sont pas des instruments parfaits, mais ils parlent un langage, et cette compréhension me libère.
Catalina Klein remonte dans le temps en regardant, entre autres, ses nombreux certificats d’études postsecondaires. Photo : Radio-Canada/Mae Anderson D’un continent à l’autre
Un large sourire se dessine sur le visage de Catalina lorsqu'elle se remémore ses années en Amérique latine. Après ses études universitaires, la bassoniste nouvellement mariée s’installe au Brésil. Son époux est joueur professionnel de hautbois et la musique est très présente à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison.
Quand tu changes de pays, c’est comme changer d’instrument. Au Brésil, j’ai appris leur langue, leur façon de jouer. Maintenant je peux parler [ce langage musical] sans accent, je comprends toutes ses règles.
Sa passion lui ouvre également des portes pour travailler auprès des jeunes de quartiers défavorisés. Pendant quelques années, elle se lance dans un projet pour sa maîtrise. Elle forme un orchestre communautaire, mené par son mari, avec des instrumentistes amateurs adolescents rêvant d’un meilleur avenir.
Ce qui m'a touchée surtout, c'est la volonté des jeunes Brésiliens à bien jouer un instrument de musique, malgré les conditions de vie auxquelles ils devaient faire face tous les jours. La musique est l'excuse pour les aider à se sentir une partie importante de la société, en les aidant à partager leurs émotions, à découvrir leur talent et mieux comprendre leur personnalité.
Le projet PRIMA (Programme d'inclusion par la musique et les arts), qu'ils ont fondé en 2012 dans l'État de Paraíba dans le nord-est du Brésil, existe toujours aujourd'hui.
Diplômée de la renommée Juilliard School de New York, ayant parcouru le globe aux côtés d’artistes réputés, Catalina Klein maintient que ces jeunes Brésiliens demeurent parmi ses rencontres préférées.
Ils m’ont changée
, confie-t-elle.
Catalina Klein a deux chats noirs qu'elle a nommés Rameau et Lully, d'après de grands compositeurs de musique baroque. Photo : Radio-Canada/Mae Anderson Maintenant établie à Calgary avec sa famille et ses animaux de compagnie, elle comprend que le langage de la musique, d’abord et avant tout, est fait pour être partagé.
Sur scène comme dans son salon, ses yeux pétillent lorsqu’elle a l’occasion de raconter des anecdotes sur le basson, cet instrument qui a façonné son destin.