Retour aux sources pour la rappeuse Missy D et son amour du français
Avec Case départ, son tout premier minialbum majoritairement en français paru ce printemps, la rappeuse de Vancouver Missy D mordue de culture hip-hop depuis la préadolescence propose une sorte de retour aux sources dans sa langue maternelle.
Un texte de Pierre Beaudoin
C’est dans un ancien studio de montage de Radio-Canada à Vancouver, à l'invitation de L'atelier culturel, que Missy D accompagnée du guitariste Vinay Lobo raconte son parcours. La rappeuse interprète en même temps sa chanson « Petit pas » tirée de Case départ, en version intimiste.
À petits pas
, c'est la façon dont l'artiste née au Rwanda et qui a grandi en Côte d'Ivoire et au Zimbabwe aborde la route au fur et à mesure qu'elle se dessine devant elle.
Je ne pense pas qu’il y a une case d’arrivée. C’est juste un chemin. Que ce soit Vancouver, le monde entier ou juste dans cette salle, je trace mon chemin et les personnes qui ont besoin d’entendre mes chansons écoutent et apprennent à me connaître.
C’est vraiment un message d’amour. Et, c’est peut-être ça la case d’arrivée. Que ça touche assez de personnes qui ont besoin d’entendre ce message.
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Célébrer son parcours
L’album Case départ est né d’un moment de réflexion lorsque Missy D s’est retrouvée seule durant la pandémie, au cours des deux dernières années.
Elle voulait revenir aux sources et présenter la petite fille qu'elle était, découvrant la culture hip-hop pour la première fois.
Il y a beaucoup de mouvements dans l’album. Il y a des pas en arrière et des pas en avant. Des pauses, des moments de "Get going". Et, à la fin, on espère qu’on se retrouve à la case départ, car c'est juste le début.
Missy D a écrit sa première chanson rap à l'âge de 11 ans et elle doit son amour du style à son professeur de musique.
Mes amis et moi on écoutait beaucoup de hip-hop et il nous a dit : "je vais vous apprendre l’histoire du hip-hop. Ce n’est pas seulement de la musique. C’est de la poésie, c’est une culture. Il y a un message derrière ça".
Quand j’ai entendu ça, je me suis dit : "j’adore la poésie, j’adore la musique. Alors, pourquoi ne pas mélanger ça et créer ma version du hip-hop".

C’est à ce moment que Diane Mutabaruka s'est donné le nom de Missy D, sous l'influence de la chanteuse Missy Elliott qui était très populaire à l’époque.
Des chansons « que ma mère va comprendre »
De langue maternelle française, Missy D propose pour la première fois un album dans cette langue.
« Les gens qui ne me connaissent pas en fait ne savent pas que j'ai commencé à rapper en français, pas en anglais », raconte l'artiste qui dit avoir appris l'anglais grâce au rap français.
Lorsque sa famille immigre au Canada, elle décide d'explorer une province anglophone. Elle s'inscrit à l’Université de la Colombie-Britannique en 2010 pour faire un baccalauréat en science.
J’ai voulu changer la version de ma famille qui va à Montréal. Je pouvais aller à Toronto ou dans n'importe quelle province anglophone et les photos que j'avais vues et ce que je savais de la culture de Vancouver m'ont attirée ici.
Elle développe son style musical mélangeant des rythmes africains, hip-hop, rap et R&B. Elle réalise toutefois qu'elle n'a jamais écrit de chansons en français.
Avec Case départ, elle se donne la chance de « se retrouver », dans une langue que sa mère « va comprendre cette fois-ci ».
Le tout premier minialbum de Missy D principalement en français compte huit titres dont Petit pas, Case départ et Amuse bouche.
