Après le Chant’Ouest : un bagage bien rempli pour les artistes de la relève

Les autrices-compositrices-interprètes Flora Luna, Nyenimana, Priscila Bieni et Véronique Trudel sont montées sur la scène du Chant'Ouest en mars dernier après des mois de formation et de travail avec leurs mentors. L'atelier culturel a passé quelques jours en leur compagnie, avant le spectacle, pour témoigner de leur expérience qui s'avère porteuse pour la suite.
Un texte de Francis Marchildon
La rencontre
Les quatre finalistes des concours de la chanson francophone des provinces de l’Ouest et du Nord avaient rendez-vous à Edmonton à la fin mars pour le spectacle du Chant’Ouest. C’était la dernière phase d’un long encadrement pour Flora Luna de Winnipeg, Nyenimana de Regina, Priscila Bieni d’Edmonton et Véronique Trudel de Nelson.
Après avoir passé des mois en formations virtuelles, les participantes allaient se retrouver en personne pour une dernière semaine intensive de répétitions, formations et rencontres culminant avec le spectacle du jeudi 24 mars.
Pour les trois participantes de l’extérieur de l’Alberta, le premier point de contact s'est fait à l'aéroport de Calgary avant l'embarquement vers Edmonton. Une première rencontre qui laissait déjà présager une belle fraternité entre les participantes, témoigne la Manitobaine Flora Luna.
On ressentait qu’il y avait une belle complicité qui se formait déjà!
Pour Nyenimana, Réginoise d’origine burundaise, c’était comme retrouver plusieurs âmes soeurs en même temps.
Elles sont géniales et elles ont toutes leur touche personnelle et je trouve qu’on est dans le même beat. On parle la même langue.
À leur arrivée à Edmonton, Joel Couture, le coordonnateur du Chant’Ouest, les attendait avec impatience. Après des mois d’échanges virtuels, cette première rencontre était déterminante.

Se rencontrer en personne pour une première fois, c’est spécial parce que c’est passer à la nouvelle réalité qu’on est ensemble dans un lieu où nos énergies vont donner une expérience extraordinaire pour les gens qui sont dans la foule
, a souligné d'emblée Joel Couture.
Présenter le spectacle du Chant’Ouest devant public s'avérait déjà tout un accomplissement pour la Société Chant’Ouest, puisque l’an dernier, l’événement avait été offert uniquement en format virtuel en raison de la pandémie.
L’édition 2022 du Chant’Ouest n’a tout de même pas échappé complètement à la COVID. Le projet Chant’Ouest devait se terminer avec une tournée de spectacles présentés dans chacune des provinces de l’Ouest, un plan qui a dû être abandonné.
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Les répétitions

Arrivées à bon port, les autrices-compositrices-interprètes ont fait la connaissance de Priscila BIeni, puis, le dernier droit dans les préparatifs d'avant spectacle s'est amorcé. Elles ont toutes sauté à pieds joints dans le travail de musiciennes.
Pour Priscila Bieni d’Edmonton, se sont les répétitions avec l’orchestre du Chant’Ouest qui lui ont donné l’impression que sa carrière d’artiste prenait un nouvel élan.
C’est la première fois que je me sens vraiment comme une chanteuse parce que je me lève tous les jours et ok, il faut que je vienne à la salle de répétition et il faut que je me prépare. Ce rythme, ça me fait vraiment sentir comme une star!

Un rythme de vie qui n'a cessé de s'accélérer au travail comme à la maison pour l’artiste de R&B qui a donné naissance à son premier enfant, il y a un mois.
De son côté, Véronique Trudel a concentré son attention sur le processus dans sa démarche artistique, plutôt que sur le résultat final.
On sait qu’il y a le spectacle [le 24 mars], mais tout autour, il y a tellement d’expériences et de rencontres et de choses à vivre. C’est comme un chemin finalement.
Se démarquer
L'expérience du Chant'Ouest aura également permis aux autrices-compositrices-interprètes de se définir davantage comme artistes et d'embrasser leurs distinctions.
En parallèle avec sa carrière au sein du duo folk Freynet avec son frère, Flora Luna a pour sa part vu le Chant’Ouest comme l’occasion de sortir de sa bulle, d’être plus théâtrale et d’explorer des sonorités, des thèmes et des messages plus personnels.
Les thèmes que je voulais aborder au Chant’Ouest sont plutôt féministes, alors c’est les perspectives de différentes femmes. Puis une valeur que j'ai énormément à coeur, c’est vraiment la justice sociale. J’ai vraiment voulu faire une exploration sociale.

Nyenimana a choisi de se concentrer sur la transmission de son message avec sincérité.
Le succès pour moi, c’est de voir que les gens ont reçu le message que j’ai voulu passer. C’est un message d’espoir, de se trouver et de suivre son coeur.
Une démarche qu'endosse également Priscila Bieni, sur des thèmes différents. Née à Montréal en 1997, portée par l'écrit depuis l’âge de 8 ans, elle avait décidé de laisser tomber le chant en 2020, avant de trouver sa nouvelle muse et son nouveau message, l'amour de Jésus.
Le message que je passe dans mes chansons de nos jours, qui est ma croyance en Dieu, c’est vraiment un message d’amour, un message de paix et un message d’espoir.

Pour Véronique Trudel, en plus de permettre la transmission du message, la musique est une question de survie.
J’écris des textes pour exorciser ce qui m’habite, puis mettre des mots sur ce que je pense et ce que je ressens. C’est vraiment un acte hyper égocentrique à la base.
Au Chant’Ouest, la native de l’Abitibi-Témiscamingue, établie à Nelson depuis 2018 présentait une chanson d’amour, une chanson célébrant la francophonie de sa région et une chanson bien personnelle intitulée Mon enfant arc-en-ciel.
On est assis à la table et puis elle [son enfant], à ce moment-là, me dit : je veux explorer mon genre. Ben cool, go for it! Alors qu’est-ce que je peux faire moi pour soutenir? Bien c’est d’écrire une chanson.
Faire partie d'un tout


Le but de cette dernière phase du Chant’Ouest était de monter un spectacle démontrant les talents de chacune.
Les participantes ont foulé la scène en compagnie du directeur musical et artistique Mario Lepage et du guitariste Stacy Tinant. Entouré de ses machines, Mario Lepage leur a créé un accompagnement musical moderne qui a eu l'heur de plaire aux participantes.
Elles ont dû travailler pour s'arrimer et former un tout cohérent. Les musiques programmées ne laissaient aucune place à l’erreur, a constaté Nyenimana.
C’est vraiment difficile. Tu dois suivre la track, donc tu es encore plus concentrée. Il faut que tu calcules dans ta tête sans trop montrer ça. Tu calcules, mais tu dois passer du bon temps aussi!

Dans son rôle de directeur artistique, Mario Lepage a notamment guidé les participantes grâce à un atelier d’auto-évaluation où les artistes devaient analyser la vidéo d’une de leurs performances. Un exercice indispensable, selon le formateur.
Quand on est artiste sur scène, on ressent la musique, nos paroles, notre instrument, mais on ne voit pas ce que le public reçoit. On n’a qu’à se regarder et on comprend les ajustements qu’on doit apporter.
Un atelier sur la présence sur scène a également été offert par Stéphanie Blais, membre du duo franco-albertain Post Script.
Que du bagage pour la suite

Afin de mettre l’accent sur le développement artistique au Chant'Ouest cette année, les organisateurs ont décidé d’éliminer tous les éléments habituels d’un concours. Aucun jury dans la salle, ni de prix n'était remis en fin de soirée pour couronner les gagnantes.
Un changement qui a eu un impact positif, selon Priscila Bieni.
Ayant enlevé cet aspect de concours du Chant’Ouest, je crois que nous entre les filles c’est beaucoup plus facile d’être soi-même et d’être plus à l’aise entre nous.

Finalement, c’est un comité composé des formateurs et du directeur musical et artistique qui décidera quelles deux artistes pourront bénéficier de l’expérience de représenter l’Ouest canadien lors du Festival international de la chanson de Granby qui se déroule du 7 au 27 août.
L'annonce sera faite la semaine prochaine.
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Le spectacle du Chant’Ouest avait lieu le 24 mars 2022 au Backstage Theatre, à Edmonton, en Alberta. Vous pouvez revoir les prestations des autrices-compositrices-interprètes lors de ce spectacle sur le site de WebOuest.