L’imaginaire de Chantal Cardinal dans les mains des enfants

L'artiste textile Chantal Cardinal a récemment transposé son art dans le milieu scolaire, le temps d'un ambitieux projet avec quelque 200 élèves d'une école de Richmond en Colombie-Britannique pour réaliser une immense œuvre de feutre.
Un texte de Pierre Beaudoin
C'est à la suite d'une demande de l'école Archibald Blair en 2020 que Chantal Cardinal a été appelée à travailler aux côtés des petits artistes en herbe tous les vendredis, durant six mois.
Je n’ai pas d'enfants donc je n’avais aucune idée de comment on doit, ou ne doit pas agir avec des enfants
, dit-elle.
Sa passion et son savoir-faire lui ont toutefois naturellement permis de susciter la curiosité des enfants, et leur enthousiasme. De la maternelle à la septième année, ils ont appris à filer, fouler, agglutiner les filaments de laine de leurs petites mains.
C’est d'ailleurs par le toucher que l’artiste de Vancouver a elle-même appris à explorer son univers créatif. À l'âge de 8 ans, elle confectionne déjà ses vêtements. Dans son parcours, elle s'intéresse à la peinture, à la céramique et même à la massothérapie.
C'est en découvrant le feutre et la possibilité de créer ses propres matériaux avec de la laine qu'elle trouve sa voie.
Depuis toute petite, je faisais la couture, et là tout d'un coup, tu peux découvrir que tu peux faire ton propre matériel. Alors là, j'ai fait : pouf!
Inspirée par les couleurs et les textures que lui offre la nature, Chantal Cardinal dit peindre avec des fibres.
C'est mon environnement naturel qui m'inspire. En Colombie-Britannique, après une marche dans les bois, je peux revenir avec trois ans de travail.
Et ce qu’elle aime plus que tout, c’est la préparation de la laine des moutons et le contact avec les fermiers de la région. Chaque toison est unique. Comme les cheveux, la laine est difficile à contrôler.
Plus tu essaies de contrôler le processus, plus le feutre va te surprendre. Et si tu veux reproduire quelque chose de spécifique, tu dois écrire tes recettes et te souvenir de tout ce que tu as fait à chaque étape.
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Elle juxtapose la douceur du feutre avec des éléments rigides comme du métal ou du bois de plage. C’est cette exploration constante qui la fascine.
Je pensais que j'étais toujours en phase d’exploration et qu’il n’y avait pas vraiment de continuité dans mon travail. Cependant, quand je parle avec les gens, ils disent reconnaître mon style [rires]
C'est cet imaginaire qu'elle a pu transmettre aux enfants qui, suivant sa démarche, ont tout fait à la main pour réaliser une oeuvre de feutre.

Ils ont nettoyé le mouton, peigné, fait des petites plantes, des petites fleurs. On a tout assemblé le tout et on s'est retrouvés avec cinq immenses panneaux avec des fleurs d'un côté, des plantes de l'autre côté.
L'oeuvre ainsi réalisée orne maintenant un local de l'école Archibald Blair pour être admirée de tous.
Je suis très fière d'avoir accompli tout ça et je pense que les enfants aussi
, conclut l'artiste toujours enthousiasmée par l'expérimentation et les nouveaux projets.
