Jeudi 16 janvier 2014 15 h 46 HNE
![]() Jazz et blues ![]() Le son PeyrouxFrançois Blain est réalisateur à l'émission MACADAM TRIBUS, diffusée le vendredi et le samedi de 20 h à 23 h, à la Première chaîne de Radio-Canada. Mise à jour le mercredi 18 mars 2009 à 14 h 18 ![]() Une critique de François Blain
Dès les premières notes du morceau d'ouverture (Instead), on entre dans l'univers de Madeleine Peyroux et de sa voix alto, soutenue par le rythme nonchalant des balais essuyant la batterie. La chanteuse américaine a un son, ce qui représente un atout indéniable. Après une pause de huit ans entre son premier album (Dreamland) et son second (Careless love), Peyroux maintient une vitesse de croisière normale. Tous les deux ans ou à peu près, elle livre une douzaine de chansons surannées et bien ficelées, toujours dans les eaux du blues et du folk jazzy. Des mots pour se dire Depuis ses débuts discographiques en 1996, l'ex-artiste de la rue a surtout été interprète. Tout d'abord, elle a été comparée à Billie Holiday, à cause de sa voix, mais également de son répertoire. La jeune femme avait une vieille âme. Aussi a-t-elle chanté des modernes comme Leonard Cohen, Joni Mitchell, Bob Dylan et Tom Waits. Comme elle a vécu en France et qu'elle y a fait la manche, la musicienne a puisé régulièrement dans le patrimoine français. Édith Piaf, Joséphine Baker ou Serge Gainsbourg dans la bouche d'une Américaine a toujours son charme. Sur ce quatrième album, rien de tout cela: ni anciens, ni modernes, ni Français. L'interprète devient auteure-compositrice et écrit ou coécrit les 11 titres. Désormais dans la mi-trentaine, la femme un peu mystérieuse laisse ainsi entrevoir quelques pages de son journal personnel. Formule gagnante
Le décès de son père en 2005 a pu être le déclencheur. River of tears témoigne de sa relation trouble avec celui-ci. Elle dédie I must be saved à la chanteuse Odetta, elle aussi décédée, en décembre dernier. La survie, la solitude et l'amour sont au coeur de ce disque. Si la parolière nous montre une autre facette de sa personnalité artistique dans l'écriture, elle demeure fidèle depuis trois albums à Larry Klein (Joni Mitchell), réalisateur et complice. Walter Becker de Steely Dan, qui met sa griffe de compositeur sur trois titres, vient donner un petit air funky à You can't do me. À cause de l'absence d'interprétations, il y a moins de repères, moins de relief pour l'auditeur qui retrouvera toutefois l'élégance décalée de cette Américaine blanche, inspirée par des égéries noires comme Billie Holiday et Bessie Smith. Évolution tranquille Avec Madeleine elle-même à la guitare acoustique, un orgue Hammond délicatement amené, un violon en dose homéopathique, son équipe musicale a construit un écrin pour sa voix chaude et mélancolique. C'est son son, sa marque de fabrique. Tout en tranquillité et en douceur. Née en Georgie, elle salue une autre révolution, une nouvelle ère avec l'arrivée de Barack Obama à la présidence des États-Unis dans sa chanson de clôture, Somethin' grand. Dans le cas de Peyroux, par le seul fait d'avoir assumé tous les textes, ce quatrième disque n'a rien d'une révolution, mais constitue néanmoins une subtile évolution. Madeleine Peyroux - Bare Bones / Rounder 1166132722 À lire aussi 30 mars 2009 Yann Perreau, l'artiste18 mars 2009 Le son Peyroux17 mars 2009 Des voix graciles5 mars 2009 Dumas joue fort2 mars 2009 Malajube / «Labyrinthes»26 février 2009 Marie-Pierre Arthur, une belle surprise19 février 2009 La Tracy Chapman du Mali30 janvier 2009 Le meilleur de Mara Tremblay27 janvier 2009 Un oeil sur le ciel discographique23 décembre 2008 Le temps des fêtes de Maryse Letarte |