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RubberbandDance

La fusion du ballet et du breakdance

Lili Marin est journaliste à Radio-Canada.ca.

Mise à jour le vendredi 27 mars 2009 à 16 h 06

cote du film : 4.5

Une critique de Lili Marin

Il faut être assez culotté pour évoquer Milan Kundera et Quentin Tarantino parmi ses sources d'inspiration, surtout quand ce qu'on propose comme oeuvre se veut un hybride entre le ballet et le breakdance.

C'est pourtant ce que fait le codirecteur artistique du RubberbandDance Group avec Punto Ciego, une chorégraphie jouant intelligemment sur le rapport à la représentation.

Punto Ciego

Photo: Michael Slobodan

Si Victor Quijada peut se payer un tel luxe, c'est que la compagnie qu'il a fondée en 2002 jouit déjà d'une réputation enviable à l'échelle internationale et qu'il bénéficie, avec sa codirectrice artistique Anne Plamondon, d'une résidence de création de quatre saisons à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

L'ex-danseur des Grands Ballets canadiens de Montréal n'abuse cependant pas de son privilège; il en profite pour relever à la fois le niveau technique et intellectuel de l'offre.

Une caractéristique importante du RubberbandDance Group est de compter sur une équipe de danseurs classiques formés dans les plus grandes écoles, puis déformés ou réformés aux styles provenant de la rue. Cela donne une qualité d'exécution soignée jusque dans le moindre détail pour une gestuelle pleine de rebondissements et de dissociations.

Les corps graciles, habitués aux positions guindées, abandonnent la verticalité si chère aux maîtres classiques pour onduler dans tous les sens et rouler sur le sol, parfois cul par-dessus tête.

Dans Punto Ciego, on interroge de manière mutine la douleur inhérente à la danse, de même qu'on bouscule le spectateur dans ses certitudes, s'adressant à lui et le faisant bien marcher avec de faux incidents.

La projection joue un rôle intéressant, n'intervenant pas comme un élément de décor ou d'éclairage, mais plutôt comme un dispositif servant à manipuler le public. La superficialité des médias parodiés fait rire, la superposition du préenregistré au direct sème la confusion et la malhonnêteté du montage dépasse l'entendement.

Punto Ciego

Photo: Michael Slobodian

La vidéo interpelle elle aussi le spectateur. Ces éléments de distanciation introduisent une réflexion au fil d'une trame dramatique et chorégraphique en crescendo. À travers l'éblouissement que provoquent la vélocité et la complexité des mouvements, pointent des touches d'humour décalé. Elles n'évacuent cependant pas les questions existentielles que posent les interprètes, mais évitent plutôt à Punto Ciego de sombrer dans une psychologie de comptoir.

En fait, l'oeuvre parvient à aborder avec une sensibilité nouvelle des thèmes chers à Kundera et à Tarantino: la solitude et la nécessité maladive de se voir dans le regard des autres.

Punto Ciego

Chorégraphie: Victor QuijadaInterprétation: Louise Michel Jackson, Mariusz Ostrowski, Anne Plamondon, Victor Quijada, Lila-Mae G. Talbot et Frédéric Tavernini
Musique: Jasper Gahunia
Éclairages: Yan Lee Chan
Vidéo: René-Pierre Bélanger

À la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu'au 11 avril

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