Manteau
de cuir, bien en selle sur sa moto, le détective vedette
du Service de police de Montréal s'arrête sur la rue
Walkley, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Depuis quelque
temps, deux gangs jamaïcains s'y disputent le marché
de la drogue. Alerté par une de ses sources, un ancien petit
cambrioleur devenu informateur, Claude Aubin lance une importante
opération policière. Le nettoyage de la rue Walkley
est spectaculaire, l'agent est promu au centre-ville.
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Tatiana
Levertova
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Quelques
années plus tard, Claude Aubin s'en prend à la mafia
russe, devant les caméras de télévision. Celle
qu'on surnomme la tsarine du vol à l'étalage, Tatiana
Levertova, ne l'apprécie pas du tout, mais elle ne peut échapper
au policier. Elle sera extradée vers son pays natal.
Deux
ans plus tard, le policier démantèle un réseau
de fraude téléphonique : son image n'est plus à
faire. La presse spécialisée se délecte des
récits du détective.
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Claude
Aubin
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En
1998, Claude Aubin prend sa retraite pour fonder une agence de détectives.
Sa réputation est intacte. Photo Police le compare à
Serpico, un personnage interprété par Al Pacino, modèle
d'intégrité policière.
Mais
le SPCUM n'est pas du même avis. La chute du détective
est imminente.
« Après
ma retraite, on m'a [tendu un piège] », lance
le détective. Ce qu'il appelle un piège est en fait
une enquête en bonne et due forme. En décembre 2000,
la police apprend que l'agence de Claude Aubin vend des renseignements
qui viennent directement de l'ordinateur de la police. On monte
une enquête. Un agent double se présente à l'agence
d'Aubin, en se faisant passer pour un trafiquant de drogues, et
achète des renseignements à quatre reprises. Chaque
fois, l'ex-partenaire d'Aubin, le policier Alain Desrosiers, sort
l'information de l'ordinateur de la police. Caméra cachée,
écoute électronique et filature sont utilisées
pour bâtir la preuve.
En
avril 2001, Alain Desrosiers, Claude Aubin et un de ses associés
plaident coupable. Ayant vendu des informations en plus d'avoir
eu chez lui des armes à feu non enregistrées, Aubin
écope de deux ans de prison.
Ce
que la preuve ne dit pas, c'est pourquoi l'ex-policier aurait voulu
collaborer avec un trafiquant de drogue. « Je croyais
être capable de revirer quelqu'un et d'en faire une source »,
se défend Claude Aubin. Une source pour soi-disant aider
son ex-collègue Desrosiers à résoudre des enquêtes.
« J'ai oublié [que je n'étais plus dans
la police]. J'avais encore mon badge. Je n'avais plus le salaire,
mais j'avais encore mon badge, soupire-t-il. C'est comme
ça que j'ai travaillé toute ma vie. J'ai fait des
gestes que j'aurais peut-être regretté de ne pas avoir
faits. » Il ne se condamne donc pas, mais il tient
à préciser : « Je ne regrette pas d'avoir
fait des gestes illégaux, parce que ce n'était pas
des gestes immoraux ».

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En
raison des droits d'auteur, ce reportage ne sera pas disponible
sur Internet.
images
: SERGE BRUNET, MICHEL KINKEAD
son
: CHANTAL BENOÎT, LOUIS CHARTRAND,
DANIEL LAPOINTE
montage : JACQUES DURAND
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L'émission
Zone Libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et présentée en rediffusion
sur les ondes de RDI le samedi à 23 h, le dimanche
à 20 h ainsi que le lundi à 1 h.
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