Pour
lui rendre hommage, la communauté scientifique a donné à un astéroïde
le nom de Gladman. Un honneur qui le fait sourire : « C'est
génial de penser qu'il y a un petit corps qui circule autour du
soleil. J'ai même une photo sur ma porte. »
Mais
l'Observatoire de Nice, malgré sa localisation exceptionnelle, n'est
plus à la hauteur des exigences des astronomes contemporains. De
nouveaux télescopes, beaucoup plus puissants ont été créés et c'est
désormais au Chili, en Arizona mais surtout à Hawaï que l'observation
des étoiles est à son meilleur. Manua Kea, la grande île d'Hawaï,
est reconnue pour ses plages, ses palmiers, ses colliers de fleurs
et surtout comme le meilleur endroit sur la planète pour observer
les étoiles.
Un
volcan découvert il y a quelque milliers d'années et qui s'élève
à plus de 4200 mètres au dessus de l'océan pacifique est un endroit
fantastique. Une douzaine d'énormes télescopes ont été construits
au fil des ans dans ce désert de lave qui évoque un paysage martien.
Ces géants, qu'on appelle Keck, Gemini, Subaru et les autres, nous
révèlent, grâce à leur haute technologie, des secrets sur la formation
de notre système solaire.
Création
de l'Univers
La
théorie actuelle veut qu'il y a 4,6 milliards d'années, le
Soleil, les planètes et la Terre ont été formés dans un immense
nuage de gaz et de poussières. La contraction de ce nuage
a engendré une hausse de la température de son centre jusqu'à
ce que des réactions de fusions nucléaires commencent. Le
soleil s'est allumé, et les autres particules se sont éparpillées
se collant les unes aux autres. Comme des petites briques,
elles ont formé des morceaux de plus en plus gros jusqu'à
ce qu'elles forment des planètes. En 1992, on a découvert
que le système solaire était incomplet. Que certaines de ces
briques étaient restées telles quelles sans pouvoir s'agglutiner
et former de nouvelle planètes. Elles ont même gardé leur
caractéristiques du début de la formation du système solaire.
Que s'est-il passé? Pourquoi les planètes ont arrêté de se
former? Brett Gladman s'intéresse à cette énigme. Il découvre
à chaque année plusieurs de ces objets primitifs, des comètes,
qui sont en fait des restes fossiles de la formation de notre
système solaire. Il les étudie, les poursuit et détermine
leur orbite, une orbite très elliptique entre Pluton et le
Soleil. Le temps de leur orbite peut durer plus d'un siècle.
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Quatre
jours d'observations
Brett
Gladman est aujourd'hui un des meilleurs spécialistes pour la recherche
de comètes. Lors de son passage au CFHT, un télescope financé par
la France, le Canada et l'Université d'Hawaï, il s'était donné comme
mandat d'en observer quelques unes. Ce télescope de grand diamètre,
ultra moderne, permet d'observer des objets au-delà de Pluton. Grâce
à ses quatre miroirs qui captent la lumière, aidés par des caméras
digitales à infrarouge. Le plus difficile ce n'est pas de les trouver,
mais de ne pas les perdre. C'est un privilège pour Gladman d'utiliser
cet équipement. Les deux tiers des demandes des astronomes doivent
être refusées. On accepte que les meilleures et, par manque de temps,
on ne leur accorde que quelques nuits par année. Brett Gladman a
eu quatre nuits pour compléter ses recherches.
1ère
nuit : Les télescopes ouvrent leur dôme. Cette région du monde est
unique avec ses 300 nuits sans nuage par année. Mais l'équipe n'est
pas chanceuse ce soir-là. Les nuages voilent le ciel d'une manière
opaque. «C'est pourri… ça veut dire qu'on ne voit rien. On
attend que la météo s'améliore», regrette Gladman.
2e
nuit : Le ciel est encore ennuagé, mais il y a de l'espoir puisque
quelques trous sont à prévoir. 60 nuits seulement par année de nuage
et elles tombent dans les nuits d'observations de Gladman et son
équipe qui semblent vouloir cacher leur déception.
3e
nuit : Gladman sait qu'une des comètes qu'il traque doit passer
cette nuit-là. Loin derrière au-dessus de Mars. Comme la planète
rouge est visible, l'espoir renaît dans l'équipe et l'astronome
commence à faire ses recherches. La technique consiste à prendre
deux photos numériques et à observer tous les objets qui se sont
déplacés entre les deux images.
Encore
une fois, c'est la déception. «Il s'agit d'une astéroïde»,
explique Brett Gladman. Son équipe et lui ne peuvent pas suivre
les astéroïdes parce qu'il y en a trop. Ils préfèrent se concentrer
sur les comètes. Une comète étant plus loin, elle aurait été beaucoup
plus petite à l'écran qu'un astéroïde.
4e
et dernière nuit : De nouveau, l'équipe capte un astéroïde. Mais
finalement, à des millions de km apparaît enfin la comète tant recherchée.
Brett
Gladman et son équipe mesure le déplacement de la comète d'après
la position des étoiles autour. Sachant quelle est l'orbite de la
Terre, ils pourront extrapoler l'orbite de la comète et prédire
la date de sa réapparition. Si le prochain rendez-vous et l'autre
suivant donne toujours les mêmes coordonnées orbitales, ceci signifiera
que le calcul de l'orbite de cette comète sont bien les bonnes.
Avec ces bases stables, Brett Gladman espère ce que les mystères
de la formation de notre système solaire seront révélés.
Récemment,
le Canada a pris la décision de créer un programme de recherche
sur la formation du système solaire. L'Université de la Colombie-Britannique
a proposé à Brett Gladman de le diriger, une offre qu'il ne pouvait
refuser.
Gladman
traque aujourd'hui l'orbite de plus de 100 comètes. Il est l'un
de ceux qui a découvert le plus d'objets de la ceinture de Kuiper
et il espère qu'avec l'appui de son équipe, ils pourront en découvrirent
dix fois plus au cours des prochaines années. «Alors pour
moi, essayer de comprendre qu'est-ce qui se passe là-haut, comment
les planètes se sont formés, c'est une enquête pour essayer de comprendre
comment fonctionne l'Univers. Il y a des scientifiques, comme Einstein,
qui partagent le point de vue qu'on recherche Dieu quand on essaie
de comprendre comment fonctionne l'Univers.»

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Comète,
astéroïde, météorite?...

Comète
Corps de petite taille composé de roches et de glaces qui tourne
autour du Soleil sur une orbite très elliptique, amenant le corps
très près du Soleil faisant fondre les glaces qui le composent.
Cela forme alors une grande quantité de liquide et de gaz. On peut,
à ce moment là, voir très facilement la comète car les deux éléments
qui s'échappent (le gaz et la poussière) forment deux queues très
visibles : une queue ionisée constituée de gaz et une queue de poussières.
Astéroïde
Corps
rocheux de petite taille (moins de 2000 kilomètres de diamètre)
qui tourne autour du Soleil sur une orbite quelconque. Ils sont
en majorité entre Mars et Jupiter. On les désignent aussi par le
terme de «petites planètes».
Météorite
Fragments d'astéroïdes qui ont été formés lors de la collision entre
deux astéroïdes, ou entre un astéroïde et la Lune ou Mars. Certaines
météorites sont parfois détournés vers la Terre.
L'émission
Zone Libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et présentée en rediffusion
sur les ondes de RDI le samedi à 23 h, le dimanche
à 13 h et à 20 h ainsi que le lundi à
1 h.
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