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Reportage au Point
Lundi 11 novembre
Le difficile sevrage au Paxil
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Les troubles mentaux, quels qu'ils soient, se traitent de plus en plus avec de petites pilules, les antidépresseurs. Les Canadiens en consomment cinq fois plus qu'il y a 20 ans. Au Canada, le Paxil est l'antidépresseur le plus prescrit par les médecins. Les ventes records de Paxil dans le monde ont rapporté 3 milliards de dollars américains à son fabricant, GlaxoSmithKline, l'an dernier. Comme les autres médicaments de sa famille, dont le célèbre Prozac, il assure la circulation de la sérotonine d'un neurone à l'autre. Cette sérotonine se transmet mal chez les gens déprimés. Ces médicaments ne créent pas une dépendance comparable au Valium et ils ont moins d'effets secondaires. Or, aujourd'hui, certains se demandent si le Paxil est aussi «miraculeux» qu'on le dit, puisqu'il n'est pas si simple d'arrêter.

Le psychiatre David Bakish, directeur de la Clinique de psychopharmacologie d'Ottawa, effectue des essais cliniques pour plusieurs fabricants d'antidépresseurs, dont GlaxoSmithKline. Il constate que le Paxil cause davantage de problèmes au sevrage que le Prozac, parce que le Paxil se dissipe dans le sang après seulement 24 heures. M. Bakish croit aussi, sans en avoir fait la preuve, que le médicament affecte un récepteur bien particulier. Tout le coeur de la controverse réside dans cette question: est-ce que les patients sont prévenus que l'arrêt du médicament peut être difficile?

 

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Des recours collectifs se sont abattus sur GlaxoSmithKline en Angleterre, aux États-Unis et au Canada. Dans une poursuite, on affirme que l'arrêt du Paxil peut causer des vomissements, des sensations de chocs électriques, des vertiges, de l'agressivité, des cauchemars et de l'anorexie. Sur les millions de consommateurs de Paxil, on ne sait combien sont victimes de ces symptômes ni avec quelle sévérité. Personne ne s'entend là-dessus. Les recours collectifs canadiens et américains allèguent en plus que le Paxil crée une dépendance, alors que la publicité américaine dit le contraire. Des millions de dollars en dédommagements sont en jeu. Une poignée d'avocats d'américains a tenté de faire retirer des ondes la publicité controversée, mais un juge californien vient de donner raison à GlaxoSmithKline. Il n'y a aucune preuve de dépendance au Paxil.


Le Paxil est sur le marché depuis neuf ans. GlaxoSmithKline mentionne brièvement dans le Compendium lu par les médecins certains des effets possibles à l'arrêt du médicament: nervosité, troubles du sommeil, sensation de tête légère et céphalées; une mise en garde à ce point discrète que bien des médecins ne la voient pas. Jusqu'en 1999, le Compendium destiné aux patients est carrément muet sur la question du sevrage. Ce n'est qu'en 2000 que la compagnie énumère quelques symptômes. Or, on sait que des études scientifiques dans des revues psychiatriques révèlent les problèmes de sevrage dès 1994. En décembre dernier, à la demande de la Food and Drug Administration aux États-Unis, GlaxoSmithKline a changé sa monographie en y ajoutant que les patients qui arrêtent le Paxil doivent être suivis. Pour évaluer leurs symptômes, Glaxo-Canada a emboîté le pas, en écrivant que les manifestations sont légères ou modérées.

Les tribunaux trancheront à savoir si Glaxo a fait suffisamment preuve de transparence . Entre-temps, les médecins doivent eux-mêmes faire la part des choses. Les gens qui intentent une poursuite assurent qu'ils ne font pas cette croisade pour l'argent, mais bien pour que d'autres ne vivent pas ce qu'ils ont vécu Les recours collectifs prendront des années à aboutir. D'ici là, ils aimeraient que GlaxoSmithKline fasse amende honorable. Beaucoup pensent qu'il ne faut surtout pas créer d'affolement chez les millions d'utilisateurs du Paxil, une population déjà fragile. L'efficacité du Paxil n'est remise en cause par personne, mais à l'heure où l'on prescrit des antidépresseurs à toutes les sauces, il faut donner à chaque patient l'information nécessaire pour faire un choix éclairé.

 

quitpaxil.org

Frank Streicher est le créateur de «quitpaxil.org», un site Internet destiné aux gens qui éprouvent des problèmes de sevrage. M. Streicher accuse le fabricant de Paxil de ne pas avoir donné toute l'information sur les symptômes possibles à l'arrêt de cet antidépresseur.



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